Antoine | Soutien clinique
Le cas professionnel d’Antoine présente une situation dans laquelle un professionnel externe contacte l’équipe de santé des réfugié·e·s afin de demander du soutien clinique, car il n’a jamais travaillé avec des personnes réfugiées et en demande d’asile auparavant. Antoine doit alors lui transférer des connaissances et lui faire part de son expérience.
Identification d’Antoine
Genre | Homme cis |
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Âge | 27 ans |
Profession | Technicien en travail social |
Équipe de santé des réfugié‧e‧s | Laval |
- Antoine est un jeune technicien en travail social qui a fait ses études au Québec. Il a orienté ses cours sur les problématiques sociales entourant les personnes immigrantes.
- Antoine a travaillé durant quelques années dans un organisme communautaire de Laval avant d’intégrer l’ÉSR. Actuellement, il est assigné à l’analyse des besoins des personnes réfugiées réinstallées.
- Il a choisi le travail social, car il veut faciliter l’installation et l’adaptation des personnes immigrantes au Québec.
Écoutez le récit d’Antoine
Transcription du récit d’Antoine
Je m’appelle Antoine. Je suis technicien en travail social à l’équipe de santé des réfugié·e·s de Laval. J’y travaille maintenant depuis un an environ. Je suis assigné à l’analyse des besoins des personnes réfugiées réinstallées avec ma collègue Johanne qui est infirmière. C’est à ce moment-là qu’on a rencontré Maha et Mansour. Après notre évaluation, on les a orientés vers le GMF de leur quartier pour qu’ils aient un suivi médical.
Donc, un matin, j’ai reçu l’appel de Patrick, c’est un infirmier qui travaille au GMF où on a justement référé Maha et Mansour. Au début, je pensais qu’il m’appelait pour remettre en question la référence qu’on avait faite. Mais non! Il m’appelait plutôt pour me demander conseil.
Il m’a expliqué que récemment il recevait de plus en plus de personnes réfugiées. Et comme il a peu intervenu avec cette population, il n’était pas trop sûr des approches qu’il devait avoir. Et Patrick m’a fait remarquer que plusieurs personnes ont besoin d’avoir une ou un interprète. Mais qu’au final, il avait très peu travaillé avec des personnes qui ne parlent ni français ni anglais.
Donc, en gros, Patrick a fini par me dire qu’il avait peur de faire des faux pas et au final de ne pas être adéquat dans ses interventions. Donc, comme il sait qu’on travaille plus avec cette population, il a décidé de nous appeler.
Quand Patrick m’a dit qu’il me demandait conseil, ça m’a beaucoup flatté! Je voyais mes collègues être sollicités par d’autres professionnel·l·e·s et je pouvais voir comment elles ou ils étaient fiers de partager leurs savoirs et leurs connaissances. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que les membres des équipes de santé des réfugiées développent une certaine expertise en intervention auprès de cette population.
Donc, pouvoir transmettre mes connaissances à mon tour, ça m’a beaucoup valorisé dans mon rôle. Mais en même temps, je suis conscient que mes collègues et moi sommes hyper occupé·e·s. On n’a pas toujours le temps de répondre à toutes les demandes de consultations.
La première chose à laquelle j’ai pensé en l’écoutant est quelle grande humilité qu’il a! Ce n’est pas toujours évident d’admettre qu’on ne sait pas ou qu’on n’a pas les connaissances pour intervenir auprès d’une certaine population. J’ai donc pris le temps de valoriser Patrick dans sa capacité à prendre du recul sur sa pratique et de demander de l’aide. C’est à mon avis une belle qualité à avoir, ça montre un grand professionnalisme! Et j’ai senti qu’en lui disant, ça l’a mis en confiance et qu’on pouvait parler plus aisément de ses besoins en intervention.
Ensuite, j’ai pensé à comment j’ai été intégrer dans mon équipe, et quelles étaient les outils qui m’ont été donné pour me former sur les différentes approches à privilégier en intervention auprès des personnes réfugiées, comme par exemple, l’approche interculturelle ou l’approche sensible aux traumas.
J’ai aussi pensé aux outils que j’ai accumulés depuis mes études en travail social. Il y a quelques webinaires qui m’ont vraiment aidé à adapter mes interventions avec les personnes qui ont un vécu de migration forcée. Y’a aussi des guides que j’ai conservés. J’lui ai donc proposé de lui envoyer quelques recommandations par courriel. Il semblait rassuré de savoir qu’il y avait des outils sur lesquels il pouvait s’appuyer pour intervenir.
Aussi, j’ai pensé à ce qui m’aide en ce moment pour intervenir auprès des personnes réfugiées.
En fait, j’ai pris l’habitude de consulter mes collègues quand je suis moins certain d’une intervention. Ça me permet de partager les situations que j’ai vécues, de réfléchir aux meilleurs pratiques et de m’en inspirer pour adapter mes interventions. En lui parlant de mon expérience, je l’ai encouragé à ne pas rester seul et à demander du soutien à son équipe de travail. Aussi, la plupart des équipes ont une personne-ressource qui offre de la supervision ou qui offre du soutien en lien avec le développement des compétences interculturelles. Dans certaines organisations, il existe même des séminaires ou des groupes de co-développement. Bref, je l’ai encouragé à s’informer des ressources qui existent déjà dans son milieu de travail.
Pendant mon appel avec Patrick, je dois dire que je suis allé d’instinct. Je me suis basé sur mon expérience et mes connaissances. Mais bon, les outils que je lui ai recommandés viennent de mes propres intérêts. Alors, je ne sais pas s’ils sont adaptés à tous les milieux.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, si une ou un professionnel·le venait à me consulter, je n’hésiterais pas à l’orienter vers les outils pratiques de la Trousse orientation et sensibilisation qui sont regroupés par thèmes. Ça permet d’accéder à de l’information rapide sur des sujets spécifiques. Mais comme on le sait, l’intervention en contexte de migration forcée peut être complexe. Il y a plein d’éléments à considérer comme le parcours pré et péri migratoire, l’exposition à des événements potentiellement traumatiques, un parcours d’installation complexe, et bien d’autres !
Enfin, je l’inviterais à suivre les cours 2 à 5 de la Trousse orientation et sensibilisation qui sont accessibles à tous les professionnel·le·s, pas uniquement aux membres des équipes de santé des réfugié·e·s. C’est une belle entrée en matière et ça regroupe les informations essentielles à savoir dans ce contexte de pratique.
Exercice réflexif
Notions réactivées
Les cas professionnels et cliniques sont fictifs. Ainsi, les situations présentées ne sont pas réservées à une ville ou à un milieu de pratique en particulier.