Élizabeth | Mandat des équipes de santé des réfugié·e·s | 25min
Le cas professionnel d’Élizabeth présente une situation clinique dans laquelle une personne de l’établissement de référencement demande pourquoi ce n’est pas l’équipe de santé des réfugié‧e‧s qui prend en charge la personne réfugiée.
Identification d’Élizabeth
Genre | Femme cis |
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Âge | 36 ans |
Profession | Infirmière clinicienne |
Équipe de santé des réfugié‧e‧s | Québec |
- Élizabeth est originaire de France où elle a fait ses études en soins infirmiers. Elle a travaillé durant plusieurs années auprès des personnes réfugiées, des personnes en demande d’asile et des personnes sans papiers qui s’installent en France.
- Depuis quelques années, Élizabeth travaille au sein de l’équipe de santé des réfugié‧e‧s de Québec à titre d’infirmière clinicienne. Elle est assignée à l’évaluation de l’état de santé physique des personnes réfugiées réinstallées.
- Élizabeth a le souci de l’équité des soins pour toutes les personnes, peu importe leur statut d’immigration.
Écoutez le récit d’Élizabeth
Transcription du récit d’Élizabeth
Je m’appelle Élizabeth. Je suis infirmière clinicienne dans l’équipe de santé des réfugié·e·s dans la ville de Québec. Je fais partie de l’équipe qui fait l’évaluation de la santé physique des personnes. J’ai rencontré Adama peu de temps après son arrivée à Québec à la demande d’une de mes collègues. Pendant l’analyse de ses besoins, Adama a demandé à rencontrer une personne qui pourrait l’aider à obtenir un traitement hormonal.
Pendant notre rencontre, j’ai pris le temps d’explorer avec elle les différents services pour qu’elle soit accompagnée dans l’affirmation de son identité de genre. Je lui ai parlé des cliniques qui existent dans le réseau de la santé. On s’est entendues sur un service qui répondrait au mieux à ses besoins. Comme je connaissais sa méfiance face aux professionnel·le·s qui travaillent pour une institution publique, je lui ai demandé ce qu’elle en pensait et nous avons opté pour une référence personnalisée. J’ai donc appelé l’établissement en question. La personne qui m’a répondu m’a dit qu’ils ne prenaient pas des personnes réfugiées et que c’était à l’équipe de santé des réfugié·e·s de prendre en charge ces personnes.
Quand la personne m’a dit ça, je me suis sentie frustrée! Ça m’a tellement dérangée! Ce n’est pas la première fois que mes demandes de services sont refusées par cet établissement, sous prétexte que c’est à nous de prendre en charge les personnes réfugiées. À chaque fois, je dois rappeler notre mandat en tant qu’équipes de santé des réfugié·e·s et les orientations ministérielles de la Passerelle. C’est comme si c’était toujours à refaire. J’ai l’impression de me répéter sans cesse. Parfois, je me sens vraiment épuisée.
Avant, quand je me faisais dire que c’était à nous de prendre en charge les personnes réfugiées, ça me faisait douter. Je me demandais justement si ce n’était pas à nous d’offrir les services. Mais, au fond, je connais mon mandat. Il est clair. Je suis là pour évaluer l’état de santé de la personne et faire le pont avec le reste du réseau.
Donc, pour éviter de nourrir ma frustration, j’essaye de me rappeler que c’est pas tout le monde qui connait le mandat des équipes de santé des réfugié·e·s. Et c’est pas tout le monde qui connait les droits et les accès aux services des personnes réfugiées. Me dire ça, ça me permet de me recentrer sur le besoin de la personne et de m’assurer qu’elle aura les services nécessaires pour répondre à ses besoins. Comme ça, mon rôle prend tout son sens. Je suis là aussi pour faciliter l’accès des personnes réfugiées aux services dont elles et ils ont droit !
J’ai aussi décidé d’en parler avec mes collègues pour voir leur gestion de ce genre de situation. Tout le monde était d’accord pour dire que ça devient épuisant de toujours se répéter et de toujours se justifier auprès des autres établissements. On a fini par en parler avec notre gestionnaire lors d’une rencontre d’équipe. Elle travaille déjà sur des trajectoires de soins et services avec d’autres établissements. On s’est donc dit que ça pourrait être une stratégie similaire qui pourrait faciliter la collaboration, et éviter aussi que nos références soient refusées auprès de cet établissement.
Je pense que la prochaine fois que je ferai face à une situation similaire, j’hésiterai pas à en parler avec ma gestionnaire. J’ai vu que la relation entre nos deux établissements s’est beaucoup améliorée depuis qu’on a abordé la situation. Je pense qu’à l’avenir il vaut mieux ne pas rester seule avec ma frustration quand je suis devant une ou un partenaire qui ne connait pas ou peu notre mandat et nos services. Et en parlant avec mes collègues, j’ai senti que je n’étais pas la seule à vivre la même situation. Au final, en unissant nos voix, on a fini par trouver des solutions pour remédier à la situation.
Aussi, je pourrai faire référence plus rapidement à des outils de la Trousse orientation et sensibilisation qui soutiennent visuellement mes propos comme la fiche synthèse du mandat de nos équipes. Comme toutes les informations nécessaires à la compréhension de notre mandat et de nos services y sont écrites, ça m’évitera de me répéter, et ça me donnera les arguments nécessaires pour que l’établissement en question comprenne mieux pourquoi la référence est acceptable et recevable, quand c’est dans leur mandat, bien sûr.
Exercice réflexif
Notions réactivées
Les cas professionnels et cliniques sont fictifs. Ainsi, les situations présentées ne sont pas réservées à une ville ou à un milieu de pratique en particulier.