Approche interculturelle
Ancrée dans le champ du travail social, l’approche interculturelle offre un modèle d’intervention adapté à la rencontre entre deux personnes porteuses d’univers culturels différents. Cette section présente les fondements de l’approche interculturelle et propose plusieurs outils pratiques.
Contexte
L’approche interculturelle est l’une des approches les mieux connues des professionnel·le·s qui pratiquent auprès d’une population issue de la diversité ethnoculturelle. Elle est essentielle pour comprendre les dynamiques interculturelles et favoriser le déroulement d’une rencontre entre personnes d’univers culturels différents.
La première sous-section présente les spécificités de la rencontre interculturelle et expose les dynamiques qui peuvent l’influencer. La seconde sous-section détaillera ensuite le processus réflexif de l’approche interculturelle.
À noter
Dans la TOS, l’approche interculturelle présentée est basée sur les travaux de Margalit Cohen-Émérique, chercheuse, psychologue clinicienne et psychosociologue. Il s’agit d’une approche ancrée dans le champ du travail social et construite à partir de la réalité clinique de ces professionnel·le·s1.
Dans le milieu de la relation d’aide au début des années 1990, les chercheures Margalit Cohen-Émérique et Hanna Malewska-Peyre ont entamé une réflexion sur l’interaction entre les populations migrantes et les intervenant·e·s de diverses disciplines mandaté·e·s pour les accompagner dans leur processus d’adaptation. Cette réflexion a mené au développement de l’approche interculturelle comme modèle d’intervention.
Spécificités de la rencontre et du choc culturel
Choc culturel et menace identitaire
Plusieurs facteurs peuvent infléchir le déroulement d’une rencontre interculturelle. Étant donné que chaque personne impliquée dans la rencontre est porteuse d’univers culturels et identitaires multiples, les cadres de référence de chacun·e exercent une influence sur les interactions. Le dénouement de l’échange peut ainsi aboutir à l’ouverture ou la fermeture à l’autre.
Ainsi, tout·e professionnel·le est susceptible de rencontrer des défis de communication lors d’une rencontre interculturelle. La rencontre peut entre autres provoquer un choc culturel, voire générer une menace identitaire. Ces deux notions sont présentées ci-dessous.
Choc culturel
Lors d’une rencontre interculturelle, la ou le professionnel·le ainsi que la personne accompagnée vont vivre des chocs culturels à différents degrés. Ces chocs sont susceptibles de se produire, que la ou le professionnel·le soit une personne issue de l’immigration ou bien originaire de la société d’accueil.
Le choc culturel désigne un état émotionnel et intellectuel ressenti par des personnes qui, se retrouvant temporairement ou professionnellement en dehors de leur environnement socioculturel habituel, sont confrontées à des différences culturelles.
Le choc culturel peut être vécu de deux façons :
SUR UN MODE POSITIF | Ce mode s’exprime par une réaction d’ouverture, de curiosité, de fascination, d’enthousiasme et d’émerveillement. Cependant, ces réactions peuvent se traduire par un mécanisme d’exotisation des personnes, c’est-à-dire de leur attribuer des caractéristiques culturelles stéréotypées, voire fictives. En ce sens, une personne vivant un choc culturel positif s’attendra à ce que l’autre personne agisse d’une certaine manière, en lien avec les supposées caractéristiques attribuées à son pays d’origine.
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SUR UN MODE NÉGATIF | Ce mode s’exprime par une réaction de dépaysement laissant place à la frustration, au rejet, à l’anxiété et à une fermeture à l’autre. Par exemple :
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De cette façon, les valeurs et les comportements de l’autre personne qui dérogent à votre cadre de référence agissent comme un miroir réfléchissant les normes et valeurs que vous considérez comme fondamentales. Dès lors, plus les composantes culturelles véhiculées par la personne s’éloignent de votre cadre de référence, plus elles sont susceptibles de provoquer des chocs culturels. S’il n‘y a pas d‘engagement dans une réflexion critique sur les situations vécues comme conflictuelles, ces chocs peuvent entraîner des malentendus et donner lieu à des impasses thérapeutiques.
Exercice réflexif
Réflexions entre pairs
Lorsqu’une intervention implique une situation d’interculturalité, il peut arriver que des contre-transferts se produisent et mènent à des impasses thérapeutiques.
La notion de contre-transfert signifie que la ou le professionnel·le projette des sentiments sur la personne accompagnée. Même si ces contre-transferts peuvent être parfois basés sur des représentations collectives considérées comme positives, il est important d’avoir du recul sur nos transferts en intervention, puisque ceux-ci peuvent mener à des impasses thérapeutiques.
Les groupes de discussion entre pairs du même domaine de pratique peuvent vous aider à comprendre autrement vos émotions et sortir de l’impasse. La participation à ces groupes permet ainsi de développer une meilleure compréhension des réalités socioculturelles des personnes accompagnées.
Quelle que soit votre profession, vous pouvez vous rapprocher de votre gestionnaire afin de connaître les possibilités de participation et/ou créer des groupes d’échange.
Pour aller plus loin
Impasses thérapeutiques et contre-transfert culturel
Menace identitaire et angoisse liée à la discrimination
Menace identitaire
Quand il se produit sur un mode plus négatif, le choc culturel peut engendrer chez la ou le professionnel·le un sentiment de menace identitaire.
La menace identitaire est une réaction de tension qui ne s’exprime plus seulement à l’égard de l’autre personne, mais qui est vécue comme une atteinte à l’image que l’on a de soi-même, voire de notre groupe d’appartenance dans son ensemble 2.
Certaines personnes qui vivent des menaces identitaires réagissent ainsi en valorisant leur propre groupe au détriment des autres, voire en devenant hostiles envers les membres d’autres groupes. Le sentiment de menace identitaire contribue alors à mettre l’accent sur la différence entre les univers culturels, creusant un fossé entre « le nous et le eux » et engendrant des pratiques discriminatoires qui viennent envenimer les relations intergroupes.
Le sentiment de menace identitaire peut ainsi influencer les comportements que certain.es professionnel·le·s vont adopter envers les personnes accompagnées, en réaction à cette atteinte perçue.
Angoisse liée à la discrimination
Les personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent être exposées à des propos, des attitudes ou des comportements discriminatoires ou dévalorisants dans leurs interactions avec les membres de la société d’accueil.
Elles peuvent alors développer de l’angoisse liée à la discrimination, qui peut susciter de multiples réactions de défense de leur part comme le déni, la réaffirmation de sa propre légitimité, etc.
L’angoisse liée à la discrimination peut également entraîner des conséquences sur la santé mentale des personnes réfugiées et en demande d’asile, notamment le développement de stress chronique.
Rappel : cours 2
Pour de plus amples informations sur la discrimination vécue par les personnes réfugiées et en demande d’asile, nous vous invitons à retourner à la sous-section Enjeux de discrimination du Cours 2 – Phase postmigratoire.
Conséquences sur la rencontre interculturelle
Du côté des professionnel·le·s, le sentiment de menace identitaire conduit à l’enfermement dans les règlements, la psychologisation à l’égard de la personne réfugiée ou en demande d’asile, des préjugés, etc. Dans cette dynamique, la ou le professionnel·le cherche à retrouver son estime de soi et sa sécurité.
Ainsi, l’expression de la menace identitaire peut se faire de deux manières :
Un vécu de menace à l’intégrité, à l’identité, à l’estime de soi ou par un besoin insatisfait
De cette façon, si le sentiment de menace identitaire n’est pas identifié et traité, des incompréhensions mutuelles peuvent persister dans la rencontre interculturelle, nuisant ainsi aux soins et aux services offerts.
Pour illustrer cette notion, vous êtes invité·e à lire L’expérience d’Anitha: discrimination ou manque de sensibilisation ? et à compléter le quiz qui suit la présentation de cette expérience.
Exercice réflexif
L’expérience d’Anitha: discrimination ou manque de sensibilisation ?
Anitha est une femme âgée de 29 ans. C’est une personne réfugiée d’origine burundaise. Elle se rend pour la première fois à l’hôpital pour une consultation en urgence, car elle vit depuis quelques jours des douleurs au bas-ventre. Son état de santé l’inquiète et lui cause de l’anxiété, une perte d’appétit et de sommeil. Au service de triage, elle est accueillie par un infirmier qui, dès les premières minutes de la rencontre, semble pressé et manifeste de la nervosité.
Anitha essaie d’expliquer son état, mais ne maîtrisant pas bien la langue du pays, elle cherche ses mots. L’infirmier la fixe un instant puis réagit avec impatience et lui explique, en haussant le ton, qu’il ne comprend pas bien ce qu’elle essaie de dire. Anitha se sent très mal à l’aise et impuissante. L’infirmier lui prend la tension artérielle et dit à Anitha de reprendre place dans la salle d’attente, sur un ton que la jeune femme perçoit comme agressif.
Après de longues heures d’attente et de douleurs, c’est enfin à son tour de rencontrer la médecin. Anitha est soulagée, car elle est certaine que la médecin va être plus patiente et compréhensive. Or, le même scénario se répète; dès qu’elle essaye d’expliquer son état, la médecin l’interrompt. Elle lui demande de mieux expliquer, car elle ne comprend pas ce qu’Anitha dit. Finalement, elle lui prescrit un médicament et lui dit de revenir consulter si les douleurs ne s’arrêtent pas au bout d’une semaine. La médecin quitte précipitamment la salle d’examen sans saluer Anitha.
Anitha se sent démunie, insécure et son niveau de stress augmente. Le fait de ne pas maîtriser la langue constitue un blocage, que l’attitude de l’infirmier et de la médecin a renforcé.
Anitha quitte l’hôpital en pleurs et avec un sentiment de frustration et de détresse. Elle a besoin de recevoir des soins, cela ne fait aucun doute, mais l’expérience qu’elle vient de vivre la décourage et lui fait perdre toute confiance dans le système de santé.
À retenir
Face à l’inconnu et à la différence culturelle, chaque personne réagit selon ses acquis et savoirs.
- Ces deux éléments tirent leurs sources de la socialisation de la personne (dans sa famille, dans son entourage, dans sa société) et émergent lors d’une rencontre interculturelle.
- Les acquis et savoirs des professionnel·le·s exercent une influence sur le déroulement de la rencontre avec les personnes accompagnées : l’échange peut aboutir à une collaboration fluide entre les deux parties impliquées, ou bien à une impasse communicationnelle qui freine la collaboration et risque d’entraver l’accès aux soins des personnes réfugiées et en demande d’asile.
Processus réflexif associé à l’approche interculturelle
L’approche interculturelle se traduit par la nécessité de travailler ensemble pour trouver un terrain d’entente. En effet, tel que mentionné plus haut, si l’un·e des deux interlocutrices ou interlocuteurs n’est pas considéré·e pleinement, des incompréhensions peuvent se produire lors de la rencontre et mener à des impasses. Les personnes peuvent réagir avec résistance ou encore avec soumission passive3, ce qui nuit à la résolution des incompréhensions et à des retombées satisfaisantes. L’approche interculturelle offre des outils pour arriver à une reconnaissance de soi et de l’autre afin de créer une ouverture à l’autre.
Le diagramme ci-dessous détaille le processus de l’approche interculturelle.
Exercice réflexif
Pratiquer la décentration
Afin d’adapter l’intervention, il est important de comprendre les cadres de référence des personnes qui sont impliquées dans la relation interculturelle. Une méthode efficace est de commencer par prendre conscience de notre propre cadre de référence par la décentration.
Vous êtes infirmièr·e et vous rencontrez une personne originaire du Burundi pour la première fois. Elle vous mentionne avoir reçu un diagnostic de tuberculose et que, pour se traiter, elle boit une tisane faite de la plante Kongo-bololo qu’elle a fait venir de son pays d’origine. Comme sa santé s’est grandement améliorée, elle a préféré ne pas utiliser les médicaments prescrits par la ou le médecin traitant·e.
Vous rencontrez un couple de personnes âgées originaires de la Syrie. Vous constatez que la femme s’assoit un peu en décalage de l’homme. Vous posez la question à la femme « comment allez-vous ? » et l’homme répond à sa place. Vous redemandez à la femme « comment allez-vous ? » et l’homme répond à nouveau.
POUR ALLER PLUS LOIN
Plusieurs outils peuvent vous aider à approfondir votre compréhension de chacun des axes présentés.
- Décentration
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde la notion de décentration à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Plusieurs fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : les préjugés, les stéréotypes et la discrimination.
- Compréhension des cadres de références
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde la notion du cadre de référence à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Deux fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : les biais inconscients et l’ethnocentrisme.
- Négociation et médiation
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde les notions de négociation et de médiation à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Deux fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : la culture et la communication interculturelle.
Exercice réflexif
L’approche interculturelle avec Adama
Vous êtes invité·e à prendre connaissance du cas clinique d’Adama. La présentation de ce cas offre un exemple de mise en pratique de l’approche interculturelle en mettant l’accent sur la décentration, la compréhension du cadre de référence de l’autre et la collaboration. Lors de votre lecture, projetez-vous comme professionnel·le de la santé amené·e à rencontrer et à accompagner Adama.
Adama, une jeune femme transgenre âgée de 24 ans, se présente à l’équipe de santé des réfugié·e·s de la ville de Québec. Elle est originaire du Cameroun et a été reconnue comme réfugiée par le HCR lors de son passage au Maroc. Depuis, elle a été réinstallée au Canada par l’entremise du programme des personnes réfugiées prises en charge par l’État. Toutefois, Adama présente des symptômes de stress post-traumatique, notamment des cauchemars récurrents, des flashbacks et des épisodes de panique.
Lors de la première rencontre, le professionnel prend conscience de la nécessité de décentrer son propre cadre de référence. Il reconnaît que les expériences et les croyances d’Adama peuvent différer considérablement des siennes en raison de son histoire, de sa culture et de son vécu de migration forcée.
Le professionnel adopte une approche empathique et ouverte, encourageant Adama à partager son histoire sans jugement. Il reconnaît que les réactions d’Adama peuvent être différentes des siennes en raison de ses expériences de vie uniques. Le professionnel se concentre sur l’établissement d’une relation de confiance et de compréhension mutuelle, tout en étant conscient de ses propres préjugés et de ses limites.
Au fur et à mesure que la rencontre progresse, le professionnel s’efforce de mieux comprendre le cadre de référence d’Adama. Il apprend qu’Adama a vécu des événements traumatisants dans son pays d’origine, y compris la perte de son conjoint, la discrimination liée à son identité de genre et sexuelle, ainsi que des épisodes de violence physique et psychologique. Adama partage également des aspects de sa culture, y compris ses valeurs familiales, sa religion et ses traditions, qui influencent sa manière de percevoir ses traumatismes et d’y faire face.
Le professionnel prend le temps de se familiariser avec les normes socioculturelles d’Adama, cherchant à comprendre comment ces éléments peuvent façonner ses perceptions et ses réactions aux traumatismes. Il reconnaît l’importance de la religion et de la communauté pour Adama et intègre ces aspects dans le processus d’évaluation de manière respectueuse et sensible.
Le professionnel et Adama travaillent ensemble pour trouver des stratégies de traitement qui respectent à la fois les besoins d’Adama et les principes ancrés dans la formation disciplinaire du professionnel. Les deux discutent des options disponibles, en tenant compte des croyances religieuses, des traditions familiales et des préférences personnelles d’Adama.
En collaboration avec Adama, le professionnel explore différentes approches thérapeutiques, telles que les techniques de relaxation basées sur la spiritualité et les interventions axées sur le soutien communautaire. Elle et il travaillent également sur des stratégies d’adaptation pour faire face aux symptômes de stress post-traumatique dans le contexte de la vie quotidienne d’Adama en tant que personne réfugiée.
Ensemble, le professionnel et Adama parviennent à un plan de traitement personnalisé qui permet de répondre aux besoins définis et négociés durant la rencontre.
Source : Vincent Richard
À retenir
Lors d’une rencontre interculturelle, vous pouvez être amené·e à vivre des émotions déstabilisantes, relevant du choc culturel, voire de la menace identitaire. Ainsi, il est nécessaire de disposer d’outils qui vous permettent d’avoir une démarche autoréflexive, directement dans le contexte de la rencontre et face à la personne accompagnée, afin d’assurer l’offre de soins et de services. Par la suite, d’autres espaces de réflexion peuvent être mis en place et vous permettre d’approfondir votre pratique. Il faut donc distinguer le processus de réflexion à mener pendant la rencontre du processus de réflexion à mener après la rencontre, sur celle-ci.
L’outil présenté ci-dessous a pour objectif de vous accompagner pendant la rencontre.
Tout·e professionnel‧le amené‧e à rencontrer des personnes ayant vécu une migration forcée peut être exposé·e à des récits d’expériences traumatiques. Il est donc important de surveiller les manifestations de fatigue de compassion ou de trauma vicariant, afin de prévenir l’épuisement professionnel. Maintenir une attitude bienveillante envers les personnes réfugiées et en demande d’asile doit également se faire avec le soutien de votre milieu de travail et de votre superviseur·e.
Vers le cours 4
Pour en savoir plus sur les enjeux de fatigue compassionnelle et de trauma vicariant, référez-vous à la section suivante : Approche sensible aux traumatismes, sous-section Impacts et transformations dans la pratique.
Pour finir, l’approche interculturelle est particulièrement pertinente à adopter dans le milieu de la santé et des services sociaux pour plusieurs raisons, entre autres liées à l’équité, la diversité et l’inclusion :
- Elle permet de favoriser l’accès à l’équité en matière de soins pour toutes les personnes accompagnées, y compris les personnes réfugiées et en demande d’asile, en tenant compte de leurs besoins spécifiques.
- Elle contribue également à la reconnaissance de la diversité culturelle dans le milieu de la santé et des services sociaux.
Communication interculturelle
Cette section porte sur l’enjeu de la communication dans l’intervention en contexte interculturel. Elle présente d’abord la définition de la communication interculturelle, puis détaille les aspects verbaux et non-verbaux qui y sont impliqués.
Caractéristiques de la communication
De façon générale, la communication consiste en :
[…] une relation qui s’établit entre des personnes à partir des significations communes qu’elles attribuent à des mots et à des intonations (communication verbale) ainsi qu’à des gestes, des attitudes corporelles, des expressions, des positions dans l’espace, des vêtements (communication non verbale). Ces significations sont apprises ; elles varient en fonction de facteurs sociaux (tels que le sexe, l’âge, la classe sociale, la catégorie professionnelle, le lieu de résidence), mais également selon les cultures (Barrette, Gaudet et Lemay, 1993, p. 138).
Toute personne a donc tendance à interpréter la communication selon ses expériences personnelles et ses cadres de référence. Deux personnes peuvent ainsi attribuer des significations différentes aux mêmes réalités, ce qui risque de provoquer de l’incompréhension de part et d’autre.
On distingue deux types de communication : verbale et non-verbale.
Communication verbale
La communication verbale regroupe tous les éléments qui composent le langage articulé, soit les mots et leur signification, le vocabulaire, la structure grammaticale, l’intonation et les expressions.
Selon le modèle de l’iceberg de la culture, la langue correspond donc aussi bien à la partie visible de la culture qu’à la partie invisible, dans la mesure où elle englobe également des règles de communication, des codes sociaux et des tournures idiomatiques qui relèvent de l’ancrage culturel.
Les composantes de la communication verbale sont abordées en détail dans l’accordéon ci-dessous.
Les personnes qui partagent un univers culturel similaire auront une plus grande facilité à se comprendre, tandis qu’une personne qui s’intègre dans une nouvelle société aura de la difficulté à décoder certains mots et expressions couramment employés. Ainsi, les mots peuvent avoir différentes significations selon les contextes dans lesquels ils sont utilisés.
Exemple
Le mot « blonde » en français québécois sert à désigner une petite amie, alors que pour les francophones venant d’autres régions du monde, il désigne tout simplement une teinte de chevelure.
La langue française n’est pas simple. Elle comprend différents accents et accords qui peuvent échapper aux personnes qui apprennent le français. Quand la personne accompagnée s’exprime en français, elle peut avoir de la difficulté à bien articuler les mots ou à accentuer les bonnes syllabes.
Les professionnel·le·s doivent rester patient·e·s, et ne pas essayer de parler à la place de l’autre personne ni de deviner ce qu’elle essaie d’exprimer. En effet, certaines personnes pourraient le recevoir de façon positive, mais d’autres pourraient aussi se sentir insultées ou éprouver de la honte à ne pas être comprises.
En outre, l’accent québécois peut causer des défis de compréhension. Même si une personne a le français comme langue maternelle, elle peut avoir de la difficulté à comprendre certains mots ou certaines expressions québécoises.
Exemple
Au Québec, les locutrices et les locuteurs vont avoir tendance à utiliser deux fois le « tu » dans la forme interrogative : « Tu veux-tu… ? », ce qui peut entraîner une incompréhension de la question. Il importe donc de porter attention à la formulation de nos phrases et de nos questions pour que la personne en saisisse le sens.
Pistes d’action
- Reformuler différemment nos énoncés pour en faciliter la compréhension, en particulier quand la personne accompagnée parle la langue de la société d’accueil.
- Demander à la personne accompagnée de répéter, dans ses propres mots, les informations que nous venons de lui transmettre.
- Éviter de demander à la personne si elle a bien compris, car elle risque de répondre par l’affirmative même si ce n’est pas le cas. En effet, dans certaines cultures, le fait de répondre systématiquement « oui » pour ne pas vexer son interlocutrice ou son interlocuteur est un code de politesse.
Communication non verbale
La communication non verbale exerce également une influence sur la rencontre interculturelle. Cette forme de communication est plus subtile que la communication verbale et peut être influencée par différentes parties de l’iceberg de la culture. Son poids est considérable dans la communication. De plus, elle peut être consciente ou simplement intériorisée.
Les gestes, les postures, le ton de voix, les expressions faciales, le mouvement des yeux, le froncement des sourcils, le haussement des épaules, le hochement de la tête et même les vêtements font partie du langage non verbal (Gaudet, 2020, p. 136).
Certains codes peuvent présenter des variations selon les cultures et leurs différentes interprétations peuvent entraîner des défis dans la communication, d’où l’importance d’en avoir conscience. Certains éléments comme le paralangage, le contact visuel et le silence peuvent influencer la communication, voire l’issue d’une rencontre.
Les composantes de la communication non verbale sont abordées en détails dans l’accordéon ci-dessous.
Le paralangage désigne les formes de communication non verbale entourant la langue parlée : le timbre de la voix, le registre de sons utilisé, l’accent mis sur certains mots, etc.
Exemple
L’expression du « oui » peut signifier l’approbation, mais selon le ton et les inflexions de la voix, il peut également souligner la colère, la frustration, le désintéressement, voire le défi.
Le contact visuel est régi par des règles différentes d’une culture à une autre. Ce qui est permis dans une culture ne l’est pas nécessairement dans une autre.
Exemple
Qui pouvons-nous regarder dans les yeux ? Sur quelles parties du corps pouvons-nous porter notre regard ? Combien de temps pouvons-nous fixer une personne ?
Les professionnel·le·s ont tendance à regarder les personnes accompagnées directement dans les yeux, alors que ce comportement peut gêner certaines personnes. Lors de la rencontre, vous pouvez donc expliciter ces codes afin que la personne accompagnée se sente moins déstabilisée et davantage à l’aise de se confier.
, tandis que pour d’autres, le silence exprime de la réticence à répondre à la question posée, par exemple.

Les éléments présentés dans cette section sont à garder à l’esprit lors d’une rencontre, considérant leur influence sur la communication interculturelle. La section suivante aborde ainsi les différentes étapes favorisant le développement d’habiletés en contexte de communication interculturelle.
Développer des habiletés de communication interculturelle
Même lorsque la personne comprend le français et s’exprime en français, il est recommandé de garder en tête les notions liées à la communication interculturelle. En effet, les codes transmis par la communication non verbale, comme la gestuelle, restent présents malgré la barrière linguistique. Référez-vous à l’outil aide-mémoire pour repérer les habiletés importantes à déployer durant la rencontre.
Rappel : cours 3
Certaines personnes réfugiées et en demande d’asile ne parlent pas la langue de la société d’accueil ou ne la maîtrisent pas suffisamment. Il est recommandé d’avoir recours à un·e interprète pour faciliter la communication. Voir la section Accès aux services d’interprétation et collaboration avec un·e interprète du cours 3 de la TOS.
Rencontre avec les familles et les enfants
La première partie de ce cours a présenté la notion de culture et a souligné son importance centrale, ce que l’approche interculturelle permet de mettre en lumière lors d’une rencontre.
De la même façon, la rencontre avec les familles et les enfants réfugié·e·s et en demande d’asile comporte des éléments d’ordre culturel spécifiques qui doivent être considérés lors de l’évaluation de la santé physique et du bien-être par les membres des ESR :
- La famille et la parenté sont des institutions sociales fondamentales dans lesquelles les personnes développent leur vision du monde, leurs conceptions des personnes et des différents rôles sociaux.
- Les rôles de genre ainsi que les relations entre les adultes, enfants et aîné·e·s sont appris dans ce premier lieu de socialisation.
- Les liens familiaux peuvent être particulièrement importants pour les personnes socialisées dans des milieux culturels à orientation collectiviste. L’expérience migratoire peut aussi renforcer l’importance des liens avec les membres du groupe.
Cette section est consacrée au concept de la famille. Elle présente d’abord la variété des rapports familiaux impliqués, les rôles sociaux ainsi que la relation entre les adultes et les enfants. Ces différents aspects sont abordés selon les orientations collectiviste et individualiste de la culture. Elle expose ensuite les changements provoqués par la migration forcée dans chacune des notions, avant de présenter des pistes d’intervention à intégrer dans la pratique.
Concept de famille
Dans de nombreuses sociétés dont l’orientation collectiviste prédomine, la famille élargie joue un rôle important dans l’éducation et les soins aux enfants. Elle offre un réseau social et affectif aux membres qui la composent et, très souvent, une sécurité matérielle, voire financière.
Cette conception élargie de la famille comprend :
- Les grands-parents
- Les tantes et les oncles
- Les nièces et les neveux
- Les cousines et les cousins
- Certaines relations non basées sur des liens biologiques, par exemple les ami·e·s et les voisin·e·s, les marraines et les parrains, etc.
« les unions de fait et les ruptures conjugales se sont multipliées et l’autorité dans la famille ainsi que les soins aux enfants sont devenus la responsabilité quasi exclusive des parents » (Gaudet, 2020, p. 124).
La famille, qui était auparavant élargie puis nucléaire, s’est diversifiée : les familles peuvent être biparentales, monoparentales, homoparentales, recomposées, etc. Par conséquent, les liens avec les membres de la famille élargie, en particulier leur rôle dans l’éducation et les soins aux enfants, sont devenus plus limités.
On est ainsi passé d’une société où les liens familiaux étaient interdépendants, à une société basée sur un modèle familial dont les membres sont plutôt indépendants de la famille élargie.
Résumé
ORIENTATION COLLECTIVISTE | ORIENTATION INDIVIDUALISTE |
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Impacts de la migration forcée sur les rapports familiaux
- En contexte de migration forcée, la décision de fuir est souvent prise à l’échelle de la famille immédiate et élargie afin d’évaluer le meilleur plan pour la fuite.
- Des choix sont faits pour déterminer qui émigre et qui n’émigre pas, et des ressources financières sont souvent mises en commun afin de soutenir la migration de la personne ainsi désignée.
- La décision peut impliquer un groupe social plus large, voire la communauté dans son ensemble, et prend en compte plusieurs aspects : le besoin de garder le secret quant à la fuite, l’anticipation des risques en voyage et la stratégie pour y faire face, etc.
Ces décisions sont souvent très stressantes, empreintes de culpabilité, et génèrent un sentiment de grande responsabilité chez les personnes qui fuient. Lors de leur installation dans la société d’accueil, elles peuvent ainsi éprouver la culpabilité de la ou du survivant·e.
Le bien-être mental des personnes réfugiées et en demande d’asile peut également être fragilisé lorsque les proches laissé·e·s derrière elles ne sont pas joignables ou sont exposé·e·s au danger. Chez certaines personnes, cette incertitude peut créer un état de stress pratiquement continu et générer un sentiment d’impuissance.
Pistes d’action
Deux facteurs sont à considérer dans l’intervention auprès des familles et enfants réfugiées et en demande d’asile :
L’implication des membres de la famille immédiate et élargie dans les décisions entourant la famille et les enfants |
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Les impacts de la séparation familiale sur l’état mental des personnes ayant fui la persécution |
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Exercice réflexif
Des filtres collectivistes et individualistes
Vous allez commencer des soins pour Thierry, un garçon de 5 ans né dans un camp de personnes réfugiées au Kenya dont la mère, Anitha, est originaire du Burundi. À la suite de l’évaluation, vous expliquez à Anitha deux options d’examen. Elle semble tourner en rond, hésiter entre l’un et l’autre choix, même après avoir obtenu toute l’information nécessaire pour déterminer la voie à suivre. Elle vous regarde avec hésitation et vous annonce qu’elle va vous revenir avec une réponse dans les meilleurs délais.
Selon la situation, vous ne comprenez pas pourquoi elle n’arrive pas à prendre cette décision. Elle semble hésiter malgré toutes les informations reçues. Vous savez que cette femme a trois autres enfants, n’a pas de diplôme et ne travaille pas. Vous en déduisez que son manque d’éducation ne lui permet certainement pas de prendre une décision. Vous vous demandez si elle a compris toutes les informations. Vous lui posez la question et elle affirme que oui.
Après son départ, vous êtes frustré·e et vous vous questionnez sur la place des femmes africaines au sein de la famille et auprès de leurs conjoints. Vous ressentez pour elle un mélange de pitié et d’empathie.
Le lendemain, vous recevez un message vocal d’Anitha. Elle vous informe qu’elle a discuté avec ses beaux-parents, qui vivent au Burundi, sur les possibilités de soins proposées et qu’elles et ils ont décidé ensemble que seul·e la ou le professionnel·le est en mesure de prendre la meilleure décision. Elle ajoute qu’elle a entièrement confiance en vos compétences, vous remercie et vous confirme que vous avez son autorisation pour commencer les examens médicaux de son fils.
Rôles sociaux
Les rôles sociaux des femmes, des hommes et des personnes non binaires sont variables selon les sociétés à orientation collectiviste et individualiste. Ils peuvent également varier selon les diverses appartenances des personnes (familiales, professionnelles, ethniques, religieuses, nationales), selon les identités de genre et sexuelles et selon les expériences de vie.
Il est important de garder à l’esprit que bien qu’une orientation individualiste prédominante puisse être observée au sein de la société d’accueil, certaines familles québécoises peuvent adopter un mode de fonctionnement rappelant davantage l’orientation collectiviste. À l’inverse, certains familles réfugiées et en demande d’asile peuvent adopter un modèle familial plutôt individualiste. Chaque famille étant unique, celles-ci peuvent donc intégrer les composantes de l’une et l’autre des orientations culturelles.
Les éléments présentés dans le tableau suivant donnent des pistes de réflexion sur la diversité des rôles sociaux qui peuvent être respectivement attribués aux femmes et aux hommes dans des contextes plus ou moins collectivistes ou individualistes. Notez que ces exemples se basent sur des postulats de couple hétérosexuel et de rôles sociaux binaires (excluant les personnes non binaires). Il s’agit de deux points de repère entre lesquels on trouve un continuum de configurations possibles.
Durant votre lecture, vous êtes invité·e à vous questionner sur votre propre perception des rôles des femmes et des hommes selon vos valeurs, normes et univers culturels. Ceci vous permettra de cibler les similarités et les différences de votre cadre de référence par rapport à celui des personnes accompagnées.
ORIENTATION COLLECTIVISTE | ORIENTATION INDIVIDUALISTE |
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Impacts de la migration forcée sur les rôles des femmes et des hommes
- En contexte de migration forcée, les rôles des femmes et des hommes dans la famille sont souvent bousculés et remis en question. Dans certaines sociétés d’origine, l’homme était l’unique pourvoyeur économique, tandis que dans le pays d’accueil, il peut être plus difficile d’occuper ce rôle en raison de la déqualification et la non-reconnaissance des acquis professionnels.
- Ainsi, des études ont démontré que les femmes immigrantes « acceptent souvent des emplois déqualifiés et précaires, qu’elles trouvent plus facilement que les hommes, afin de procurer les revenus nécessaires à la famille, tandis que leur conjoint cherche davantage un emploi correspondant à ses qualifications ou retourne aux études pour obtenir un diplôme » (Rachédi, 2019, p. 68).
- De cette manière, certaines femmes doivent occuper de nouveaux rôles dans la société d’accueil, dont celui d’être responsable du soutien financier de leur famille.
- Pour certains hommes, ces changements de rôle peuvent entraîner une frustration, une perte d’estime de soi et un sentiment de désemparement, en particulier quand ils vivent un fort déclassement. De même, le chômage des pères peut se traduire par une augmentation des conflits dans la famille et peut résulter en une perte d’autorité parentale.
- Le tout augmente la prévalence de l’anxiété et de la dépression, et peut entraîner des conduites à risque telles que la consommation, les comportements suicidaires, l’agressivité et la violence intrafamiliale, etc.
Rappel – Cours 2
Le cours 2 – Fondations de la pratique en contexte de migration forcée de la TOS aborde l’adaptation économique et professionnelle des personnes réfugiées et en demande d’asile à la société québécoise. Vous pouvez y retourner pour approfondir vos connaissances sur ce sujet.
Pistes d’action
Durant la rencontre, vous pouvez :
- Explorer les stratégies d’adaptation acquises durant la migration. Ceci vous donne des indications sur la force et la résilience que les personnes accompagnées peuvent mobiliser lors de leur adaptation à la société d’accueil4.
- Envisager de rencontrer séparément la femme et l’homme pour soulever la question des changements dans la dynamique familiale et sociale. Dans certains cas, l’homme a de la difficulté à reconnaître le changement de statut et les impacts sur son état mental5.
- Poser des questions sur la consommation (alcool, drogue) et sur la présence d’idées suicidaires ou homicidaires, aussi bien pour la femme que pour l’homme. Certaines personnes vont utiliser ces substances pour gérer les émotions difficiles causées par ces changements.
En cas d’idées suicidaires ou homicidaires, il est primordial d’estimer le risque de passage à l’acte. Si vous n’avez pas suivi de formation spécialisée sur ce sujet, demandez du soutien auprès d’un·e collègue formé·e là-dessus ou auprès de votre supérieur·e immédiat·e.
POUR ALLER PLUS LOIN
Surveillez le lancement de la Trousse Horizons, élaborée par l’IU SHERPA en collaboration avec le CERDA.
Relations entre les adultes et les enfants
Les liens entre les parents et les enfants varient en fonction des univers culturels :
Dans les cultures à orientation collectiviste, la responsabilité de l’enfant est généralement collective6. Ainsi, les parents et les membres de la famille élargie, voire de la communauté tout entière, auront des attentes envers les enfants. Plus précisément, les enfants peuvent être incité·e·s à adopter un certain comportement, à étudier dans un domaine précis ou à faire honneur à leur famille.
Au contraire, dans les sociétés présentant des orientations plus individualistes, les enfants sont sous la responsabilité quasiment exclusive des parents. L’autonomie et les préférences individuelles sont valorisées. Par exemple, les enfants peuvent généralement faire des choix plus librement par rapport à leurs études, leur carrière et leur avenir.
Résumé
ORIENTATION COLLECTIVISTE | ORIENTATION INDIVIDUALISTE |
---|---|
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Impacts de la migration forcée sur l’éducation des enfants
Le projet migratoire des parents réfugiés et en demande d’asile est influencé par leur désir d’offrir un lieu sécuritaire à leurs enfants où elles et ils auront accès, entre autres, à une bonne éducation et une vie meilleure. Toutefois, l’adaptation à la société d’accueil peut amener ces parents à vivre un choc culturel sur le plan de l’éducation des enfants.
- Par exemple, certains parents peuvent réagir à la liberté de parole octroyée aux enfants dans la société québécoise. Elles et ils peuvent considérer que les enfants n’ont pas de respect envers l’autorité (ex. envers les parents ou les enseignant·e·s). Ainsi, par le biais du contact avec les membres de la société d’accueil, ces parents peuvent en venir à remettre en question leurs compétences parentales et leur autorité envers leurs enfants.
- De plus, « dans plusieurs sociétés, l’autorité du père est sans équivoque, tandis que dans la société québécoise, [par exemple,] elle est beaucoup moins marquée par le respect et l’obéissance. Elle est remplacée par une familiarité que l’on ne conçoit pas nécessairement ailleurs » (Gaudet, 2020, p. 87). Par conséquent, les changements sociaux causées par la différence culturelle peuvent atteindre les pères dans leur rôle de chef de famille et leur respectabilité.
- En outre, dans certaines situations, les mères se retrouvent à exercer l’autorité parentale, rôle qu’elles n’avaient pas l’habitude d’endosser dans le pays d’origine. Ce nouveau rôle peut être imposé par la séparation familiale : la monoparentalité causée par la migration forcée peut déstabiliser les familles et entraîner une précarité sociale et économique.
- Enfin, l’expérience des mères dans la société d’accueil peut être difficile lorsqu’elles sont habituées à élever leurs enfants au sein d’un système plus collaboratif, où d’autres femmes et membres de la famille élargie leur viennent en aide.
Pistes pour l’accompagnement
Dans l’accompagnement auprès des familles et enfants réfugiées et en demande d’asile, la zone d’incompréhension culturelle la plus tangible concerne les questions de discipline.
Dans certaines sociétés, la discipline imposée par les parents sur les enfants passe par des corrections physiques, voire des châtiments corporels. Considérant que cette pratique est proscrite au Québec, les professionnel·le·s peuvent se sentir confronté·e·s dans leurs valeurs face à ces pratiques et porté·e·s à juger les parents, voire les condamner sur le plan moral.
Ainsi, pour soutenir les pratiques parentales, il est conseillé de :
- Soutenir ou développer le sentiment d’auto-efficacité des parents en tenant compte de leurs croyances et expériences
- Soutenir les parents dans le développement de leurs connaissances en se basant sur leurs propres expériences parentales et leurs modèles significatifs
- Accompagner les parents dans la reconnaissance de leurs compétences parentales en leur faisant des suggestions ou en leur prodiguant des conseils, partagés dans un contexte d’échange détendu
- Reconnaître ses valeurs et ses normes à l’égard de l’éducation des enfants pour être en mesure d’être à l’écoute de celles du parent réfugié ou en demande d’asile
- S’engager dans une négociation afin de développer un plan culturellement adapté auprès de la famille et de l’enfant
Adapter la rencontre interculturelle avec des familles et enfants réfugiées et en demande d’asile
La rencontre avec une famille et des enfants demande certaines adaptations. Cela peut consister à réfléchir à la manière de planifier la rencontre ou d’anticiper les façons dont on va interagir pour développer une relation. Voici quelques pistes d’adaptation de la rencontre avec les familles et enfants réfugié·e·s et en demande d’asile :
PRÉVOIR PLUS DE TEMPS | Il est recommandé de prévoir jusqu’à deux fois plus de temps pour une rencontre avec des personnes accompagnées réfugiées et en demande d’asile, comparativement aux personnes accompagnées de la population générale. En effet, « il y aurait plus d’information à donner, l’intervention requiert plus de souplesse, de créativité et de préparation, plus d’attention doit être consacrée aux relations familiales et une plus grande collaboration avec les collègues est nécessaires » (Désy et al., 2007, p. 7). |
PRIORISER LA LANGUE MATERNELLE | Comme les enfants sont susceptibles de s’adapter plus rapidement que leur parent à la société d’accueil, en particulier sur le plan de l’apprentissage de la langue, les professionnel·le·s ont tendance à s’adresser aux enfants en français. L’utilisation d’un·e interprète formel·le peut permettre à l’enfant de se sentir plus à l’aise de partager son vécu dans sa langue maternelle. |
Le processus d’adaptation est complexe et est vécu différemment pour chacun des membres d’une même famille. Des différences peuvent être perçues quant au rythme d’adaptation ou à la posture adoptée face à la société d’accueil. Cette adaptation peut engendrer des difficultés individuelles ou des décalages, qui peuvent éventuellement occasionner des frictions intrafamiliales.
Pistes d’action
- Explorer le processus d’adaptation à la société d’accueil de chacun des membres de la famille, particulièrement en ce qui concerne les changements dans les rôles des femmes et des hommes.
- Ces bouleversements peuvent intervenir aussi bien sur le plan individuel que dans les rôles parentaux. Ainsi, il peut être important d’explorer comment la mère et le père font face à ces changements.
Il est recommandé de prendre en compte les besoins, les attentes et les priorités des familles. Ceci demande de comprendre « non seulement leur vision des soins de santé, de l’éducation des enfants, des relations familiales, de l’intégration professionnelle ou culturelle, mais aussi de cerner leurs perceptions de leur situation et des difficultés auxquelles [iels] sont confronté[·e·]s » (Bationo et al. 2018, p. 7).
Selon les besoins exprimés par les familles et les enfants, certaines adaptations sont à prendre en considération pour assurer une meilleure adéquation entre les besoins et les attentes des familles et les services qui leur sont offerts.
Pistes d’action
- Intégrer les rituels culturels et spirituels entourant l’expression de la souffrance dans le plan de traitement de la personne, afin de ne pas invalider les démarches de traitement et les recherches d’aide faites en dehors du réseau public. Certaines pratiques culturelles auront un effet plus bénéfique sur leur état de santé.
- Rester ouvert aux pratiques médicinales ancestrales pratiquées dans certaines communautés. Elles peuvent être complémentaires aux pratiques médicales. La personne accompagnée se sentira ainsi respectée et plus encline à s’investir dans le plan de traitement.
La rencontre en contexte interculturel nécessite une approche favorisant la mise en place et le maintien d’une relation harmonieuse, constructive et collaborative avec les familles.
Pistes d’action
- Démontrer une attitude chaleureuse et des gestes accueillants
- Écouter et faire preuve d’empathie
- Adopter une approche favorable au développement d’un lien de confiance (voir la section Facteurs d’influence à l’accessibilité aux soins et services du cours 3 de la TOS)
- Partager de l’information simple et accessible afin de promouvoir l’implication de la famille dans le processus de prise de décision vis-à-vis des soins et services les concernant
Néanmoins, il importe de faire attention à la limite professionnelle à conserver avec les familles et enfants, qui peuvent considérer les professionnel·le·s de la santé et des services sociaux comme leur nouvelle famille. Pour maintenir un équilibre dans la rencontre, il est recommandé de clarifier votre rôle et votre limite professionnelle avec douceur, dans la mesure où cette relation est destinée à se terminer.
Il est recommandé de prévoir un temps pour rencontrer séparément les enfants, étant donné qu’elles et ils peuvent masquer certains symptômes pour ne pas inquiéter leurs parents.
Pour ce faire, il importe de préparer les parents en leur expliquant qu’un moment sera pris séparément avec chaque membre de la famille, dont les enfants, afin que chacun·e ait son espace confidentiel.
Limites de l’approche interculturelle
L’approche interculturelle comprend certaines limites, et ne peut à elle seule résoudre toutes les difficultés rencontrées dans l’intervention en contexte interculturel. Citons trois limites principales.
Approche centrée sur la personne : tout n’est pas lié à la culture
Le fait de prendre conscience des différences culturelles dans votre pratique ne signifie pas pour autant que tout doit être analysé sous le prisme de l’interculturalité. Il faut garder en tête que l’ancrage culturel d’une personne accompagnée est toujours lié à son identité individuelle, son expérience de vie et ses diverses appartenances. Ainsi, il reste primordial de vous centrer sur la personne, ses besoins et sa perception, sans la réduire à son bagage culturel.
De plus, des tensions ou des décalages peuvent survenir durant votre rencontre, sans être forcément causés par la situation d’interculturalité. Il peut s’agir d’un désaccord, d’un malentendu ou de tout autre facteur susceptible d’entraver le développement de la collaboration.
Dans ce cas, vous pouvez identifier les éléments qui sont en jeu dans la rencontre avec la personne en pratiquant la décentration. Ceci vous permettra de prendre une distance sur vos propres émotions provoquées par la situation.
Exemple
Vous réagissez à l’attitude agressive d’une personne accompagnée parce qu’elle exprime son mécontentement face aux services qu’elle a reçus de la part d’un·e collègue.
Vous estimez que la façon dont elle raconte son expérience n’est pas nécessairement liée à des codes culturels, mais plutôt à une réaction émotive liée à la situation.
Ceci vous permet de prendre de la distance avec vos propres émotions, de vous ramener dans le moment présent et d’adresser la situation de mécontentement de la personne.
Limite d’ordre culturel
Il peut être difficile de comprendre les codes culturels qui s’éloignent des nôtres. Certains codes culturels peuvent heurter nos valeurs.
Exemple
Les mariages arrangés, dans lesquels les marié·e·s ne se choisissent pas librement.
Ainsi, il est normal de ne pas tout comprendre de l’univers culturel de l’autre personne. Lorsqu’il vous est plus difficile de vous distancier de la situation, vous pouvez toutefois faire appel à une personne médiatrice culturelle. Cette personne peut vous aider à décoder des situations complexes et traduire les messages entre vous et la personne accompagnée.
Néanmoins, la personne médiatrice peut elle-même rencontrer des difficultés de compréhension de la personne accompagnée. Ceci dépend sa propre histoire ainsi que de son degré d’adaptation à la société d’accueil.
De plus, il peut arriver d’intervenir en contexte de crise où la compréhension des codes cultures se fait plus difficilement.
Exemple
Une fille mineure vous confie ne pas vouloir retourner à la maison parce qu’elle a refusé de se marier avec un homme dans son pays d’origine. Elle craint que son père la violente pour cette raison. Elle finit par vous montrer les marques de violence sur son corps.
Dans ce type de situation, la perception d’urgence de la situation peut rendre plus difficile l’application de l’approche interculturelle. Néanmoins, l’intervention peut être adaptée selon cette approche. Il est conseillé de consulter vos collègues et/ou votre supérieur·e immédiat·e lorsque vous faites face à une situation complexe.
Limite d’ordre institutionnel
Finalement, pour être en mesure d’actualiser l’approche interculturelle au quotidien, les professionnel·le·s doivent pouvoir accéder aux ressources appropriées :
- Un temps suffisant pour préparer et tenir la rencontre
- Un espace permettant de s’adapter aux réalités des personnes accompagnées, dont le fait de prévoir la place suffisante pour inclure un·e interprète
- Un espace permettant de s’adapter aux réalités des personnes accompagnées, dont le fait de prévoir la place suffisante pour inclure un·e interprète
- Un accès à une personne de référence compétente sur le plan interculturel, ou à des collègues, pour obtenir de l’aide et demander du soutien face aux problèmes rencontrés
- La possibilité de socialiser de façon informelle
- Un contexte de travail favorable à l’amélioration de compétences plus difficiles à enseigner comme l’empathie, le professionnalisme, la décentration, etc.
- Un contexte de travail permettant de stimuler les réflexions sur sa propre pratique, considérant la complexité de celle-ci ainsi que les conséquences qu’elle peut avoir sur la ou le professionnel·le en l’absence de ressources de soutien (ex. fatigue de compassion, épuisement professionnel).
POUR ALLER PLUS LOIN
Une formation sur le sujet est également disponible sur la plateforme de l’ENA : « Intervenir en contexte d’immigration et de diversité ethnoculturelle ». Vous pouvez vous référer à la démarche proposée par l’IU SHERPA pour connaître les méthodes disponibles afin d’y accéder.
À retenir
L’approche interculturelle aide à adopter une autre perspective dans la façon d’aborder la rencontre avec la personne accompagnée. Elle propose pour cela plusieurs pistes d’action :
- Se comprendre comme personne porteuse de culture
- Prendre conscience des impasses qui peuvent découler d’un choc culturel
- Adopter une posture réflexive intégrant les trois axes de l’approche : la décentration, la compréhension du cadre de référence de l’autre, puis la négociation et la médiation d’un objectif de travail commun
Les spécificités de la rencontre avec des familles et des enfants ont permis de parcourir les notions de famille, de rôles sociaux, de dynamique relationnelle entre les adultes et les enfants ainsi que des stratégies pour adapter l’intervention en contexte de rencontre.
L’approche interculturelle comprend plusieurs limites, qu’il s’agisse de ne pas tout attribuer à l’interculturalité ou bien des limites institutionnelles qui peuvent être rencontrées.
Références de la section
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Battaglini, A., Désy, M., Poirier, L.-R., Fournier, M., Camirand, H., & Fecteau, D. (2007). L’intervention de première ligne à Montréal auprès des personnes immigrantes: estimé des ressources nécessaires pour une intervention adéquate. Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.
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POUR ALLER PLUS LOIN
Plusieurs outils peuvent vous aider à approfondir votre compréhension de chacun des axes présentés.
- Décentration
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde la notion de décentration à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Plusieurs fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : les préjugés, les stéréotypes et la discrimination.
- Compréhension des cadres de références
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde la notion du cadre de référence à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Deux fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : les biais inconscients et l’ethnocentrisme.
- Négociation et médiation
Cette capsule vidéo, produite par la TCRI dans le cadre du projet Former pour l’inclusion, aborde les notions de négociation et de médiation à l’aide d’une démarche réflexive présentée par un·e intervenant·e. Deux fondements de l’approche interculturelle y sont abordés : la culture et la communication interculturelle.
Notes
- Notez que le terme « approche interculturelle » peut recouvrir des réalités différentes selon les disciplines et être compris différemment selon les milieux. Ainsi, on peut trouver des références à l’approche interculturelle en didactique, en sciences de la santé, en éducation spécialisée, etc.
- (El Hage, 2018, p. 33)
- La résistance ou la soumission passive peuvent être causées par des incompréhensions ou des impasses reliées à des écarts culturels, mais peuvent aussi venir en réponse à des différences en matière de style de communication et en matière d’attentes envers la relation thérapeutique, voire découler d’expériences de discrimination antérieures.
- Voir la sous-section Savoirs expérientiels à la section Phase périmigratoire du Cours 2.
- Voir la sous-section Savoirs expérientiels à la section Phase périmigratoire du Cours 2.
- La responsabilité communautaire des enfants ne doit pas être généralisée à tous les types de communautés. En effet, certaines caractéristiques sociodémographiques (liens sociaux ou encore le fait de vivre en zone rurale) peuvent influencer la façon de concevoir la responsabilité envers les enfants faisant partie de la communauté.