Approche sensible aux traumatismes
L’approche sensible aux traumatismes est essentielle à tout·e professionnel·le susceptible de rencontrer des personnes ayant vécu une migration forcée. Des travaux complets ont été réalisés sur le sujet dans un autre projet du CERDA : Bien-être et santé mentale des personnes réfugié·e·s.
Cette section de la TOS commence par exposer la notion de traumatisme, puis décrit l’approche sensible aux traumatismes. Elle présente ensuite les impacts et transformations que la rencontre avec des personnes réfugiées et en demande d’asile peut générer dans la pratique.
- Culture
- Identité
Chaque personne est porteuse d'un univers culturel complexe et unique qui se construit socialement. Cet univers n'est pas figé, mais varie au cours du temps et des expériences de la personne. La TOS a sélectionné deux modèles pour soutenir la compréhension de la culture : le modèle de l'iceberg, et les deux grandes orientations collectiviste et individualiste.
Lors d’une rencontre, deux personnes porteuses de leur propre univers culturel auront des cadres de référence différents. Ceci peut mener à des impasses dans les interactions. Ces impasses peuvent être dues à des préjugés et des stéréotypes que chaque personne peut avoir à propos de l’autre.
- Biais cognitifs
Ancrée dans le champ du travail social, l’approche interculturelle offre un modèle d’intervention adapté à la rencontre entre deux personnes qui portent chacune leurs propres univers culturels.
L’identité renvoie à l’image que la personne se fait d’elle-même. Elle est teintée par diverses appartenances (nationalité, ethnicité, classe sociale, religion, etc.). Elle exerce une influence sur la façon dont une personne entre en relation avec les autres. Ainsi, deux personnes appartenant au même groupe culturel n’auront pas une identité semblable.
La rencontre interculturelle réfère aux situations où deux personnes porteuses d’univers culturels et d’identités différentes entrent en relation. Cette rencontre est traversée par des rapports de pouvoir historiquement construits (homme/femme, personne blanche/personne racisée, adulte/jeune, etc.). Elle peut favoriser l’enrichissement des deux parties, mais également mener à des difficultés et des incompréhensions dans les interactions, voire une fermeture vis-à-vis de l’autre.
L’approche interculturelle se décompose en trois axes, qui s'entrecroisent les uns aux autres de façon dynamique et non linéaire : la décentration, la compréhension du système de pensée de l’autre personne, la négociation et la médiation.
Toute personne interprète la communication selon ses propres cadres de références. La communication a des composantes verbales et non verbales. Des habiletés de communication interculturelle peuvent être développées par les professionnel‧le‧s.
La rencontre avec les familles et les enfants réfugiées et en demande d’asile comporte des éléments d’ordre culturel spécifiques qui doivent être considérés au moment de la rencontre: le concept de famille, les rôles sociaux des hommes et des femmes, les relations entre adultes et enfants, etc.
L’approche interculturelle ne signifie pas que tout doit être analysé sous le prisme de l’interculturalité. Il reste primordial de se centrer sur la personne. De plus, il est possible de ne pas tout comprendre des univers culturels impliqués dans l’interaction ou de devoir intervenir rapidement en situation de crise. Enfin, il existe des limites d’ordre institutionnel.
La rencontre avec des personnes réfugiées et en demande d’asile requiert d’adopter dans sa pratique une approche sensible aux traumatismes. L’exposition aux récits des personnes accompagnées peut générer des impacts et des transformations dans la pratique.
Les notions de trauma et de traumatisme ont été abordées dans le Cours 2 – Fondations de la pratique en contexte de migration forcée, où vous avez parcouru le module 1 du dossier "Bien-être et santé mentale des personnes réfugiées". Il est maintenant temps de parcourir le module 2 : Trauma chez les personnes réfugiées : Mieux comprendre pour mieux intervenir.
Tou·te·s les professionnel·le·s amené·e·s à rencontrer des personnes réfugiées et en demande d’asile sont concerné·e·s par l’approche sensible au traumatisme. Il est donc primordial de développer une compréhension des comportements que l'on observe afin d’y apporter une réponse adaptée. Pour découvrir l’approche sensible aux traumatismes, vous êtes invité‧e à parcourir le module 3.
L’accompagnement des personnes réfugiées et en demande d’asile peut entraîner des risques de fatigue de compassion et de trauma vicariant chez les professionnel‧le‧s, voire un risque d’épuisement. Le module 4 offre des pistes d’action, au niveau organisationnel et individuel, pour prendre soin de soi et de son équipe sur le long terme.
Les professionnel·le·s travaillant auprès des personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent soutenir le changement afin de favoriser une plus grande inclusion des personnes accompagnées.
Les établissements du RSSS s’engagent de plus en plus en faveur de l’équité et de l’inclusion des personnes issues de la diversité, qui peuvent vivre des situations de discrimination. Des politiques et des plans d’action sont ainsi développés afin de promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) dans l’objectif de créer des milieux de travail et une offre de service sécuritaires pour toutes et tous.
La question de la justice est au cœur de l'accueil des personnes réfugiées et en demande d'asile. Dans cette perspective, les principes d’égalité et d’équité permettent d’analyser l’influence des déterminants sociaux de la santé sur l’accès aux soins et aux services, et de prendre en compte les différents besoins des personnes accompagnées.
Soutenir le changement en faveur d’une meilleure inclusion des personnes réfugiées et en demande d’asile requiert d’adopter une posture qui peut être complexe. Il est donc important d'accéder à des espaces d'échanges au sein de votre équipe, ainsi qu’avec des professionnel‧le‧s d’autres équipes détenant un mandat similaire au vôtre.
- Communication interculturelle
- Rencontre avec les familles et les enfants
- Limites de l’approche interculturelle
- Processus réflexif associé à l’approche interculturelle
- Spécificités de la rencontre et du choc culturel
- Notion de traumatisme
- Approche sensible aux traumatismes
- Impacts et transformations dans la pratique
- Principes d’équipe, de diversité et d’inclusion au sein du RSSS
- Justice et équité en matière de santé et services sociaux
- Soutien à la réflexion et pistes d’action
Des notions sont importantes à situer avant d’aborder les approches et postures à privilégier en cours de rencontre : la culture, l'identité, ainsi que les biais cognitifs qui incluent les préjugés, les stéréotypes et l'ethnocentrisme.
Rappel : cours 4
À des fins de réflexion sur la pratique et d’apprentissage, il est conseillé d’avoir parcouru la section Approche interculturelle avant d’aborder la présente section portant sur l’approche sensible aux traumatismes.
Notion de traumatisme
Les notions de trauma et de traumatisme ont été abordées dans le cours portant sur Les fondations de la pratique en contexte de migration forcée, à la section Bien-être et santé mentale. Pour approfondir ces notions, vous avez parcouru le module 1 Trauma chez les personnes réfugiées : Parcours migratoires, facteurs de risque et de protection, réaction et symptômes.
Vous êtes donc en mesure de comprendre :
- La distinction entre le trauma et le traumatisme
- Les vécus d’adversité et leurs conséquences en fonction des grandes phases migratoires
- Le continuum de stress ainsi que les facteurs de risque et de protection qui peuvent s’y inscrire
- Les impacts du trauma
Il est maintenant le temps de parcourir le module 2 Trauma chez les personnes réfugiées : Mieux comprendre pour mieux intervenir. Ce module :
- Offre des informations détaillées sur le fonctionnement du traumatisme sur le plan cérébral et les différentes sphères de la vie des personnes affectées par un trouble de stress post-traumatique
- Aborde les différents modes de survie adoptés par les personnes ayant un trouble de stress post-traumatique (combattre, fuir et figer) et illustre la manière dont ces modes de survie peuvent se manifester dans la rencontre. Cinq cas cliniques fictifs illustrent ces réactions et symptômes en lien avec différents parcours migratoires reliés les uns aux autres.
- Inclut des pistes d’intervention pour expliquer et normaliser les symptômes auprès des personnes accompagnées.
Approche sensible aux traumatismes
Tou·te·s les professionnel·le·s amené·e·s à rencontrer des personnes réfugiées et en demande d’asile sont concerné·e·s par l’approche sensible au traumatisme, incluant le personnel de première ligne (ex. : guichet d’accueil) et d’autres milieux, comme le contexte scolaire et éducatif.
Des situations apparemment anodines peuvent en effet provoquer l’aggravation d’un traumatisme déjà existant. Dans ce contexte, les symptômes peuvent à première vue, se traduire par des comportements inexpliqués ou inappropriés, qui n’ont pas de lien apparent avec la situation.
Quelle que soit la profession, il est donc primordial de développer une compréhension adaptée des comportements que l’on observe afin d’y apporter une réponse adaptée.
Pour cela, vous êtes invité·e à parcourir le module 3 Intervenir auprès des personnes réfugiées : L’approche sensible aux traumatismes. Ce module :
- Permet de comprendre les fondements de l’approche sensible aux traumatismes
- Distingue l’approche des interventions centrées sur le traumatisme
- Illustre et soutient la mise en application des quatre principes de l’approche sensible aux traumatismes en incluant des pistes d’action associées.
Impacts et transformations dans la pratique
Les rencontres réalisées en contexte de travail auprès des personnes réfugiées et en demande d’asile auront inévitablement des impacts sur les professionnel·le·s. En effet, les propos entendus et les événements vécus peuvent soutenir des apprentissages transformatifs, mais peuvent également provoquer une fatigue de compassion, voire amener un risque de symptômes de trauma vicariant.
Ainsi, l’ensemble de ces outils et approches ne peuvent être appliqués sans prendre en compte l’importance de se préserver et prendre soin de nous.
- Le module 4 Intervenir auprès des personnes réfugiées : Mieux comprendre comment l’accompagnement des personnes réfugiées peut nous affecter et nous transformer permet de comprendre la notion de fatigue de compassion, d’épuisement professionnel et de trauma vicariant.
- Ce module offre également des pistes d’action, aussi bien au niveau organisationnel qu’individuel, pour favoriser le fait de prendre soin de soi et de son équipe sur le long terme.
À retenir
- L’approche sensible aux traumatismes aide à approfondir la façon dont notre cadre de référence peut teinter les interactions et le déroulement des rencontres avec les personnes accompagnées. En cours de processus clinique, ces connaissances aident à mieux évaluer l’état de bien-être de la personne et à mieux l’orienter en fonction de ses besoins à court, moyen et long terme.
- Lorsque des références doivent être faites pour un suivi psychosocial ailleurs dans le RSSS, il est possible de se confronter à des difficultés variées. Vous pourriez donc avoir à adopter une autre approche dans votre pratique, soit celle de soutenir le changement. Cette approche est abordée à la section suivante.
Pour aller plus loin
Webinaire : Pratique interculturelle et vision critique
À l’aide de cas cliniques, Yann Zoldan propose de réfléchir aux positionnements des professionnel·le·s dans la relation clinique en contexte de trauma ou de discrimination.
RÉFÉRENCES DE LA SECTION
Bationo, N. J.-P., Choquette, M., Souissi, S., & Duhaime, G. (2018). Cadre de référence en intervention multiculturelle. Centre multiethnique – Immigration petite enfance, Capitale nationale.
CERDA (2021). Bien-être et santé mentale des personnes réfugiées [Webinaire].https://cerda.info/bien-etre-et-sante-mentale-des-personnes-refugiees/?_sf_s=bien-être
Hodes, M. (2022). Editorial Perspective: Mental health of young asylum seekers and refugees in the context of COVID-19. Child and Adolescent Mental Health, 27(2), 190‑191. https://doi.org/10.1111/camh.12558
Tribe, R., & Farsimadan, F. (2022). Guidance for clinicians when working with refugees and asylum seekers. International Review of Psychiatry (Abingdon, England), 34(6), 578‑587. https://doi.org/10.1080/09540261.2022.2131377