Collaboration avec les organismes communautaires d’accueil
Les équipes de santé des réfugié·e·s et les organismes communautaires d’accueil ont des mandats complémentaires dans l’installation des personnes réfugiées et en demande d’asile. Dès le début du processus clinique, vous serez amené·e à collaborer étroitement avec les intervenant·e·s de ces organismes.
Rôle des organismes communautaires d’accueil mandatés
Rappel Cours 1
Il existe 14 organismes communautaires d’accueil mandatés pour soutenir la personne réfugiée dans son processus d’installation, principalement au cours de la première année suivant l’arrivée au Québec.
Les organismes communautaires occupent une place centrale dans le processus d’installation des personnes réfugiées et en demande d’asile. Celles-ci peuvent développer une relation de proximité avec les membres de ces organismes. Il est donc important de construire une collaboration structurée entre ces organismes et les membres des équipes de santé des réfugié‧e‧s afin de faciliter la démarche d’évaluation et d’orientation.
Partage d’information et notion de confidentialité
La collaboration entre les équipes de santé des réfugié‧e‧s et les organismes communautaires d’accueil suppose le partage d’informations concernant la personne accompagnée.
Il est important d’avoir obtenu préalablement le consentement de la personne concernée avant de communiquer des renseignements à son sujet ou d’en recevoir. Il ne faut donc pas tenir pour acquis que la personne consent à partager de l’information entre ces deux organisations, malgré la complémentarité des services.
La divulgation de certaines informations peut venir progressivement avec l’établissement d’un lien de confiance (voir la section Facteurs d’influence à l’accessibilité aux soins et services). En effet, la personne peut partager de l’information à un·e professionnel·le ou à un·e intervenant·e sans l’autoriser à la divulguer à d’autres.
Néanmoins, lorsque vous jugez que ces informations sont pertinentes pour comprendre la situation de la personne accompagnée, vous pouvez prendre le temps d’explorer avec elle comment les informations partagées à son sujet pourront faciliter l’adaptation des soins et des services. Assurez-vous que la personne accompagnée ait l’ensemble des informations nécessaires à sa prise de décision, pour qu’elle puisse donner un consentement libre et éclairé.
À retenir
Le consentement est un processus continu. Il doit être réévalué régulièrement au cours de la prestation de soins et de services.
La personne peut aussi révoquer à tout moment son consentement au partage d’informations, de manière verbale ou écrite. Il est donc recommandé de consigner dans le dossier de la personne les éléments importants discutés pour obtenir le consentement, qu’il soit verbal ou écrit.1
Afin de promouvoir la collaboration et une communication ouverte avec les organismes communautaires d’accueil, vous pouvez aborder d’emblée la notion de confidentialité lors d’une première prise de contact avec la personne collaboratrice. Il est également possible d’aborder la question de la confidentialité via des mécanismes de collaboration clarifiés entre l’équipe de santé des réfugié·e·s et l’organisme en question.
Si ce n’est pas déjà fait, vous êtes invité∙e à consulter un∙e collègue afin de comprendre le mode de collaboration en place entre votre équipe et les organismes communautaires de votre secteur.
Perspectives sur la collaboration
Comme présenté dans cette section, une bonne compréhension du rôle des organismes d’accueil mandatés ainsi que de leurs champs d’expertises respectifs permet à chacun·e de déployer pleinement ses compétences, tout en veillant à la complémentarité des savoirs.
Étant donné que le processus d’installation est complexe et que les besoins de la personne peuvent varier durant la phase postmigratoire, il est important qu’un lien solide soit préservé entre la personne accompagnée et les organismes de proximité. L’outil Carnet de route vous permet de visualiser la constellation des personnes collaboratrices impliquées auprès des personnes réfugiées en demande d’asile.
POUR ALLER PLUS LOIN
D’autres stratégies peuvent compléter le partage d’informations et favoriser une collaboration intersectorielle. Or, établir une telle collaboration comprend des défis. Des outils ont donc été développés pour faciliter ce processus.
- Publié par le programme CoVivre en 2022, le guide Établir un dialogue avec les communautés a pour but de faciliter le rapprochement entre différents secteurs d’activités qui gravitent autour de la santé publique, de l’éducation et des services du RSSS. Il propose pour cela une démarche réflexive et plusieurs pistes de mise en action.
- Un guide a également été publié en 2020 par la Chaire de recherche du Canada en approches communautaires et inégalités de santé : Les collaborations intersectorielles et l’action en partenariat, comment ça marche ? Ce guide propose des moyens destinés à soutenir l’évolution des pratiques à travers les approches mentionnées.
Exercice réflexif
Collaboration avec les organismes communautaires d’accueil
Les questions ci-dessous visent à susciter votre réflexion concernant la collaboration avec les organismes communautaires d’accueil. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.
RÉFÉRENCES DE LA SECTION
Gouvernement du Québec. (2023). Personnes réfugiées prises en charge par le gouvernement. https://www.quebec.ca/immigration/refugies-demandeurs-asile/refugies-etranger/refugies-pris-charge-gouvernement
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. (s. d.). Les obligations déontologiques de l’infirmière ou de l’infirmier et le consentement aux soins. https://www.oiiq.org/les-obligations-deontologiques-de-l-infirmiere-et-le-consentement-aux-soins
Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec. (2022). Avis professionnel : Le consentement et la tenue de dossier. https://www.otstcfq.org/wp-content/uploads/2022/12/Avis-professionnel-consentement-tenue-de-dossier_VF.pdf
Tribe, R., & Farsimadan, F. (2022). Guidance for clinicians when working with refugees and asylum seekers. International Review of Psychiatry (Abingdon, England), 34(6), 578‑587. https://doi.org/10.1080/09540261.2022.2131377
Notes
- Pour plus d’informations, voir : OPTSTCFQ, 2022 ; OIIQ, 2024.