État de santé physique
Cette section vise à situer les principaux concepts entourant la santé physique des personnes réfugiées et en demande d’asile.
Plus spécifiquement, vous y retrouverez des informations portant sur :
L’effet de l’immigrant·e en bonne santé
Effet de l’immigrant·e en bonne santé
Tout comme les autres personnes immigrantes, les personnes réfugiées et en demande d’asile arrivant au Canada bénéficient de l’effet de l’immigrant·e en bonne santé (healthy immigrant effect). Cet effet indique que les personnes immigrantes rapportent, en général, un état de santé comparable ou meilleur que la population générale canadienne.
Deux facteurs expliquent cela :
immigrant·e·s jeunes et en bonne santé
Les disparités de santé surviennent après 10 ou 15 ans de résidence au Canada : à ce moment-là, l’état de santé des personnes immigrantes se rapproche de celui des Canadien·ne·s, ou se détériore par rapport à celui-ci.
Particularités liées à la santé des personnes réfugiées et en demande d’asile
catégories1 de l’immigration canadienne, la plupart des personnes réfugiées et en demande d’asile ont vécu un parcours migratoire complexe de plusieurs années et ont transité par plusieurs pays avec un accès inégal aux soins de santé.
70 % des immigrant·e·s du Canada viennent de pays à revenu intermédiaire, ce qui augmente la mortalité par maladies évitables et traitables chez certains groupes, dont les personnes réfugiées.
POUR ALLER PLUS LOIN
La Collaboration Canadienne pour la Santé des Immigrants et des Réfugiés est une ressource regroupant de nombreuses informations pertinentes et structurées. Il peut être intéressant de l’explorer pour votre pratique.
L’examen médical aux fins de l’immigration
Puisque les personnes réfugiées et en demande d’asile sont davantage exposées à l’émergence ou l’aggravation de maladies infectieuses, évitables et chroniques, il importe pour les équipes de santé des réfugié·e·s de reconnaître les pathologies à prévalence plus élevée afin d’adapter leurs pratiques en matière de dépistage, de prévention et d’intervention.
L’examen médical aux fins de l’immigration (EMI) auquel se soumettent les personnes immigrantes — y compris réfugiées et en demande d’asile2 — consiste à :
- Évaluer le potentiel « fardeau excessif3 pour les services sociaux ou de santé » d’une personne. Il est à noter que les personnes réfugiées, les personnes protégées et certaines personnes parrainées par leurs familles, comme les enfants à charge, les époux·ses et les conjoint·e·s de fait sont dispensées des règles d’interdiction de territoire pour motifs sanitaires en raison d’un fardeau excessif.
- Mesurer les risques pour la santé publique (tuberculose, syphilis, infection par le VIH).
L’EMI a été établi au cours des années 1950 et a très peu évolué depuis. Cet examen ne fournit pas de dépistage clinique préventif, contrairement à ce que proposent les équipes de santé des réfugié·e·s.
Parce qu’ils appartiennent au gouvernement canadien et non québécois, les résultats de l’EMI ne sont pas communiqués aux équipes de santé des réfugié·e·s. Néanmoins :
- Toute maladie à déclaration obligatoire (MADO) est signalée aux équipes
- La personne réfugiée ou en demande d’asile pourrait avoir avec elle une copie des résultats de l’EMI
Il est important de rassurer les personnes réfugiées et en demande d’asile sur le fait que les maladies à déclaration obligatoire n’auront pas d’incident sur leur dossier d’immigration.
En dehors des MADO, et à défaut d’accéder aux résultats de l’EMI, les professionnel·le·s des équipes peuvent demander aux personnes réfugiées et en demande d’asile rencontrées à quel moment l’EMI a été effectué afin d’estimer la pertinence de refaire certains examens et d’orienter les prochaines étapes d’évaluation et de dépistage.
Pistes d’action
- Prendre le temps d’expliquer à la personne rencontrée que l’examen de santé physique est confidentiel, en insistant sur le fait que les équipes de santé des réfugié·e·s ne transmettent pas d’informations sur l’état de santé des personnes vues au gouvernement.
- Prendre le temps d’explorer l’histoire migratoire de la personne réfugiée ou en demande d’asile avec elle, afin de cerner avec justesse les besoins de santé.
Veillez toutefois à ne pas interroger le vécu migratoire de façon trop intrusive. Pousser les dévoilements peut aggraver les symptômes et stigmatiser les personnes accompagnées. Certains vécus seront dévoilés avec la confiance.
- Approcher avec perspective les antécédents médicaux et les traitements de la personne réfugiée ou en demande d’asile : ne pas tenir pour acquis les diagnostics antérieurs ; établir un historique des médicaments (utilisés, arrêtés récemment ou non). Il est possible que des personnes réfugiées et en demande d’asile arrivent au Canada sans leurs traitements, croyant qu’il est interdit de venir avec des médicaments
- Faire attention à toutes les maladies infantiles ou congénitales non diagnostiquées ou non traitées
- S’abstenir de juger les personnes réfugiées et en demande d’asile (en pensant par exemple qu’elles ne suivent par leurs traitements), car il existe des raisons qui peuvent expliquer la persistance de symptômes outre la non-prise de médicaments
- Développer une approche culturellement adaptée, par exemple celle du « LEARN » : listen, explain, acknowledge differences, recommend, negociate (écouter, expliquer, reconnaître les différences, recommander, négocier)
- Porter attention au non verbal de la personne réfugiée ou en demande d’asile
- Porter attention à la réception de l’information par les personnes réfugiées et en demande d’asile, car les différences de langue et le recours aux services d’interprétation peuvent altérer le sens de l’information transmise. L’une des stratégies permettant de s’assurer d’une bonne compréhension de l’information consiste à faire répéter à la personne réfugiée ou en demande d’asile les recommandations ou les explications de la ou du professionnel·le.
- Prendre en compte les facteurs d’adaptation au nouvel environnement de la personne réfugiée ou en demande d’asile : prévoir plus de temps pour les rencontres, ne pas interpréter les retards ou les rendez-vous manqués comme un manque de collaboration, expliquer le système de santé et des services sociaux québécois.
Les antécédents médicaux de la personne sont également un aspect à aborder durant la rencontre.
Ces échanges peuvent de plus mener à des moments de sensibilisation, de prévention et de promotion de la santé. En effet, en fonction des informations partagées, il peut être intéressant de sensibiliser la personne quant à la prise d’antibiotiques provenant du pays d’origine et des impacts sur la création de résistance de certaines bactéries à ces médicaments.
Un autre aspect à considérer, au moins lors de la première rencontre et durant quelque temps après l’arrivée, est de rappeler aux personnes de se présenter aux urgences hospitalières en cas de fièvre, car il pourrait s’agir de la malaria.
Source : Dre Lavanya Narasiah – Santé physique des réfugiés: maladies infectieuses et maladies évitables par la vaccination – Outils pour clinicien·ne·s de première ligne
Maladies infectieuses à prévalence élevée
Selon les lignes directrices cliniques établies par plusieurs études pour les immigrants et les réfugiés de Pottie, la liste des maladies infectieuses à prendre en compte comprend :
- Les oreillons, la rubéole et la rougeole
- La diphtérie, le tétanos, la polio, la coqueluche
- La varicelle
- L’hépatite B
- La tuberculose
- Le VIH
- L’hépatite C
- Les parasites intestinaux (Strongyloides et Schistosoma)
- Le paludisme
Pour aller plus loin
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a développé un outil en ligne pour connaître la prévalence des maladies tropicales négligées en fonction des pays fréquentés par les personnes réfugiées.
Certaines de ces maladies infectieuses ont de longues périodes de latence avant de pouvoir être dépistées (tuberculose, syphilis, hépatite B et C, parasites [schistosomiase, strongyloïdes, maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine, leishmaniase, cysticercose]). Une bonne connaissance de l’histoire migratoire de la personne, incluant le pays d’origine et/ou de transit, permet de cibler les dépistages prioritaires.
Puisque certaines personnes réfugiées retournent en visite dans leur pays d’origine4, ou accueillent de la famille ou des ami·e·s de ce pays au Canada, il faut garder en tête que les facteurs de risque peuvent se perpétuer après l’arrivée au Canada. Autrement dit, les personnes réfugiées peuvent être de nouveau exposées à certaines maladies infectieuses même après leur arrivée au pays de réinstallation.
À retenir
- Le dépistage des maladies infectieuses demande une connaissance des pays qui ont été fréquentés par la personne au fil de son parcours migratoire.
- Il est important que les professionnel·le·s des équipes de santé des réfugié·e·s anticipent les visites dans le pays d’origine des personnes réfugiées ou l’accueil de proches de ce pays. Cette question doit être abordée en amont avec les personnes concernées, en invitant celles-ci à consulter un·e professionnel·le de la santé avant le voyage ou l’arrivée des proches, et leur proposer, au besoin, une mise à jour vaccinale.
POUR ALLER PLUS LOIN
- Syphilis : Ressource de l’INESSS
- VIH : Guide thérapeutique; Publication du MSSS; Infographie et fiche synthèse|Réfugiés vivant avec le VIH : stigmatisation et accès aux soins
- VIH et Hépatite C : La ressource canadienne de renseignement sur le VIH et l’hépatite C
Maladies évitables à prévalence élevée
Selon les lignes directrices cliniques fondées sur des données probantes pour les personnes immigrantes et réfugiées de Pottie et al. (2011), parmi les maladies infectieuses à prévalence élevée, certaines maladies sont évitables par la vaccination :
- La DcaT-P (diphtérie, coqueluche, tétanos et poliomyélite)
- Le RRO (rougeole, rubéole et oreillons)
- L’hépatite B
- La varicelle
Les parcours migratoires longs et complexes ne facilitent pas l’accès à la vaccination.
. Lorsque le carnet n’est pas disponible, il est recommandé de suivre le calendrier vaccinal en tenant compte des particularités relatives aux pays fréquentés par les personnes.
Pour aller plus loin
Plusieurs ressources provenant du Gouvernement du Canada et du Gouvernement du Québec relatives à la vaccination sont consultables, dont le protocole d’immunisation du Québec (PIQ).
Ces ressources s’appuient sur l’état de santé de la population générale canadienne. Ainsi, certains vaccins n’y figurent pas, car les maladies qui leur sont associées sont considérées comme éradiquées au Canada. Cette réalité n’est pas forcément applicable aux personnes réfugiées qui pourraient avoir besoin de vaccins qui ne figurent pas dans ceux prescrits ou recommandés par le gouvernement.
Si les personnes ont en leur possession un carnet de vaccination, le CHU Sainte-Justine regroupe des outils d’aide à l’interprétation de ces documents.
Pour les enfants réfugiés, il est recommandé de ne pas attendre l’entrée dans le système scolaire pour procéder à la vaccination contre certaines pathologies.
À retenir
- La vaccination est la meilleure façon d’assurer la sécurité populationnelle quant aux maladies évitables
- Les derniers papiers médicaux de la personne ainsi que les pays fréquentés durant son parcours migratoire seront des sources d’information importantes pour soutenir la prise de décision en lien avec un plan de vaccination
Maladies chroniques et non transmissibles à prévalence élevée
Selon les lignes directrices cliniques fondées sur plusieurs recherches probantes concernant les personnes immigrantes et réfugiées, la liste des maladies chroniques et non transmissibles à prendre en compte est la suivante :
- Le diabète est à forte prévalence chez la population migrante, peu importe la région de provenance. Le risque d’une personne de développer un diabète de type 2 est lié à ses caractéristiques sociales et culturelles ainsi qu’à son mode de vie, qui est grandement influencé par son expérience migratoire.
- L’accès aux informations de santé et le niveau de littératie des personnes migrantes influencent également le risque de développer un diabète.
- L’anémie ferriprive peut être prévalente chez certains groupes de personnes migrantes en fonction des aliments disponibles dans les régions géographiques fréquentées avant l’arrivée au Canada. Il importe de dépister une carence en fer chez l’ensemble des enfants âgé·e·s d’un à quatre ans.
- Chez les femmes cisgenres et les autres personnes avec un utérus, des cycles hormonaux réguliers entraînent une perte de fer plus prévisible, et donc un risque plus élevé de carence en fer. Par conséquent, le dépistage de la carence en fer est particulièrement important pour ces personnes. Cependant, cela ne signifie pas que les personnes aux cycles irréguliers ne devraient pas être dépistées.
- Les personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent provenir de pays où les soins dentaires ou l’accès à ces soins sont limités. Il importe de questionner la personne sur cette thématique, en posant des questions entourant la bouche, les dents ou les prothèses dentaires.
- Les personnes réfugiées et en demande d’asile ont plus de chances d’accéder à des services dentaires si elles ont préalablement été examinées et référées par un·e professionnel·le. Autrement dit, la probabilité d’accès aux services est augmentée lorsqu’une passerelle a été déployée entre la personne réfugiée ou en demande d’asile et la ou le dentiste.
Les personnes à risque de présenter ou de développer des problèmes de santé visuelle devraient être dirigées vers un·e professionnel·le de la vue (optométriste ou ophtalmologiste). De façon générale, les facteurs de risque incluent :
- Le diabète non contrôlé
- La présence de glaucome
- Une myopie excédant -6 dioptries
- Être âgé·e de 65 ans et plus, ou de 40 ans et plus pour les personnes noires
- Les risques de développer un cancer sont les mêmes pour les personnes réfugiées et en demande d’asile que pour la population générale. Toutefois, des cellules cancérigènes associées à certaines infections virales (virus du papillome humain, hépatite C, etc.) peuvent être observées plus fréquemment au sein de certains groupes.
- Les principaux obstacles qui y sont associés concernent donc les délais entourant le dépistage, le diagnostic et le traitement. Le faible niveau de littératie en santé et les barrières de la langue du pays d’arrivée peuvent se répercuter sur l’adhésion au traitement.
- Les risques de développer une maladie cardiovasculaire varient en fonction du pays d’origine des personnes réfugiées et en demande d’asile. De manière générale, l’incidence d’accident vasculaire cérébral (AVC) est plus élevée chez les groupes de personnes à faible revenu : les personnes réfugiées et en demande d’asile y sont donc particulièrement exposées.
- Le contrôle de l’hypertension peut participer à prévenir ces maladies, car elles peuvent être sous-diagnostiquées et sous-traitées chez certains groupes.
- De façon similaire au cancer, les obstacles à un contrôle efficient des maladies cardiovasculaires seraient les barrières de langue, les difficultés financières, les conditions de vie non favorables, la collaboration entre les médecins et les pharmacien·ne·s.
- Les maladies respiratoires chroniques sont à considérer même s’il existe peu d’information quant à leur prévalence chez les personnes réfugiées et en demande d’asile.
- Une étude scientifique a montré que les problèmes respiratoires sont plus importants pour les personnes qui ont fréquenté des camps de réfugié·e·s que celles qui résidaient en dehors de ceux-ci. Une autre étude indique une plus faible tendance à la prescription de médication pour l’asthme à des enfants migrant·e·s que celles et ceux issu·e·s du pays d’accueil.
L’OMS fait également mention pour cette catégorie des maladies cardiovasculaires, des maladies respiratoires chroniques ainsi que du cancer.
À noter
Par leur parcours migratoire, les personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent avoir été exposées à différents types de blessures corporelles. Certains peuvent mener à des incapacités, incluant des douleurs chroniques.
74 % des décès mondiaux sont attribuables aux maladies non transmissibles. Ces maladies ne sont donc pas propres aux personnes réfugiées. Les habitudes de vie ainsi que les déterminants sociaux de santé influeront sur les probabilités que les personnes soient affectées ou non par une maladie non transmissible.
Obstacles rencontrés par les personnes réfugiées et en demande d’asile face à ces maladies
La particularité des maladies chroniques et non transmissibles réside dans le fait que les personnes qui en sont atteintes doivent avoir une très bonne compréhension de leur pathologie et avoir obtenu les bonnes informations concernant le(s) traitement(s) disponible(s). Les personnes doivent aussi savoir quel type de professionnel·le·s de santé contacter, et à quel moment, en fonction de certains signes et symptômes.
Les conditions pour parvenir à ce niveau de maitrise de la maladie impliquent :
- Un accès à un·e professionnel·le de santé
- Un bon niveau de littératie en santé
- Une maitrise minimale de la langue du pays de réinstallation ou l’accès à des services d’interprétation fiables
D’autres facteurs peuvent également jouer un rôle dans cette gestion : certains groupes de personnes migrantes pourraient ne pas vouloir recourir à des services de santé par fierté et par volonté de ne pas montrer de signes de faiblesse à leur entourage familial. La dimension financière — dont la couverture de remboursement, inégale selon que les personnes sont salariées ou bénéficiaires de la RAMQ — influence aussi l’accès aux soins et la gestion de la maladie.
Enfin, comme évoqué plus haut, les personnes réfugiées et en demande d’asile sous-utilisent les services de santé par rapport à la population générale. Cette sous-utilisation impacte le suivi des maladies chroniques et non transmissibles, ce qui souligne l’importance d’optimiser la façon de partager l’information et soutenir les personnes dans la prise en charge de leur santé.
L’OMS émet des recommandations afin de promouvoir le continuum de services de prévention et gestion des maladies non transmissibles. Elles réfèrent notamment :
- À l’accès à une couverture médicale universelle
- Au développement d’un système digital pour faciliter les suivis et le transfert des informations médicales
- Au fait d’établir des ponts entre les services locaux et nationaux dans le but d’amorcer le plus tôt possible les démarches de prévention et de promotion de la santé (par exemple, créer des liens entre les services dispensés par des cliniques de quartier et les services relevant des programmes de santé publique gouvernementaux). En établissant des ponts entre ces niveaux, on s’assure que l’information, les ressources et les efforts sont alignés et se renforcent mutuellement, plutôt que d’être isolés ou en concurrence. Cela peut conduire à une meilleure prévention et gestion des maladies non transmissibles, comme les maladies cardiaques, le diabète et le cancer.
À retenir
- Plusieurs savoirs sont requis afin que la personne accompagnée soit en mesure d’assurer une bonne gestion de la maladie
- Plusieurs facteurs peuvent influencer l’accès aux services requis pour la gestion de la maladie (voir également la section Facteurs d’influence à l’accessibilité aux soins et services)
- Il est important de partager les informations nécessaires à stabiliser l’état de santé de la personne accompagnée en vérifiant sa compréhension
- Il est important de partager les informations permettant à la personne de comprendre les impacts à moyens ou long terme de la maladie sur son état de santé et son bien-être en vérifiant sa compréhension
- Il peut être pertinent de communiquer votre plan concernant la gestion des maladies chroniques aux autres membres de votre équipe, afin d’adopter une approche interdisciplinaire permettant d’agir en prévention et d’offrir un soutien adapté à la personne accompagnée
De la santé physique à la santé mentale
Qu’il s’agisse de maladies chroniques, infectieuses ou évitables, il importe de ne pas sous-estimer les plaintes ou les informations rapportées par les personnes réfugiées et en demande d’asile à l’égard de leur santé physique. La façon dont ces informations seront prises en compte par les professionnel·le·s de santé se répercutera sur l’état de bien-être et la santé mentale de ces personnes.
La façon qu’ont les personnes de percevoir leur vécu et leur maladie, ainsi que l’accès à des services de soutien psychologique ou physiques pour la douleur exercent une influence sur la façon dont elles mobiliseront des stratégies pour contrôler ce qu’elles vivent. Autrement dit, faute d’une reconnaissance des maux rapportés, d’un accès aux soins et d’une prise en charge adéquate, la santé mentale des personnes réfugiées et en demande d’asile pourrait se détériorer.
Ainsi, la santé mentale et la santé physique sont étroitement liées. Des douleurs physiques mal prises en charge se répercutent sur la santé mentale, et inversement : des problèmes de santé mentale peuvent être associés à des symptômes médicaux ou physiques inexpliqués, tels que de la fatigue ou de la douleur. Plusieurs problèmes de santé mentale (détresse émotionnelle, dépression, anxiété, stress post-traumatique, etc.) sont étroitement associés à des problèmes de santé physique (problèmes cardiaques, hypertension, etc.).
POUR ALLER PLUS LOIN
- Webinaire de 60 minutes : Introduction à la santé physique des personnes réfugiées : approche générale pour les cliniciens de première ligne (à partir de 35 minutes)
- Guide d’intégration du HCR – Soins de santé: Health care | UNHCR Integration Handbook
RÉFÉRENCES DE LA SECTION
CHU Sainte-Justine. (2015). Interprétation de carnets de vaccination étrangers : Outils d’’aide à l’’interprétation. https://www.chusj.org/soins-services/V/Vaccination/Carnets-de-vaccination?prov=maladiesinfectieuses
Lien, I.-L. (2021). Health workers and Sub Saharan African women’s understanding of equal access to healthcare in Norway. PloS One, 16(9), e0255934. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0255934
Narasiah, L. (2020). Santé physique des réfugiés : Maladies infectieuses et maladies évitables par la vaccination—Outils pour clinicien.nes de première ligne. https://cerda.info/sante-physique-des-refugies-maladies-infectieuses-et-maladies-evitables-par-la-vaccination-outils-pour-clinicien-ne-s-de-premiere-ligne/?_sft_outil=webinaires&_sft_problematique_de_sante=maladies-infectieuses
OMS. (2022). Continuum of care for noncommunicable disease management during the migration cycle. https://www.who.int/publications-detail-redirect/9789240044401
Phillips, C. (2014). Beyond resettlement : Long-term care for people who have had refugee-like experiences. Australian Family Physician, 43(11), 764‑767.
Pottie, K., Greenaway, C., Feightner, J., Welch, V., Swinkels, H., Rashid, M., Narasiah, L., Kirmayer, L. J., Ueffing, E., MacDonald, N. E., Hassan, G., McNally, M., Khan, K., Buhrmann, R., Dunn, S., Dominic, A., McCarthy, A. E., Gagnon, A. J., Rousseau, C., … coauthors of the Canadian Collaboration for Immigrant and Refugee Health. (2011).Evidence-based clinical guidelines for immigrants and refugees. CMAJ: Canadian Medical Association Journal = Journal de l’Association Medicale Canadienne, 183(12), E824-925. https://doi.org/10.1503/cmaj.090313
Shrestha-Ranjit, J., Patterson, E., Manias, E., Payne, D., & Koziol-McLain, J. (2017). Effectiveness of Primary Health Care Services in Addressing Mental Health Needs of Minority Refugee Population in New Zealand. Issues in Mental Health Nursing, 38(4), Article 4. https://doi.org/10.1080/01612840.2017.1283375
van Loenen, T., van den Muijsenbergh, M., Hofmeester, M., Dowrick, C., van Ginneken, N., Mechili, E. A., Angelaki, A., Ajdukovic, D., Bakic, H., Pavlic, D. R., Zelko, E., Hoffmann, K., Jirovsky, E., Mayrhuber, E. S., Dückers, M., Mooren, T., Gouweloos-Trines, J., Kolozsvári, L., Rurik, I., & Lionis, C. (2018). Primary care for refugees and newly arrived migrants in Europe : A qualitative study on health needs, barriers and wishes. European Journal of Public Health, 28(1), 82‑87. https://doi.org/10.1093/eurpub/ckx210
Notes
- Le terme de « catégorie » réfère aux admissions permanentes au Canada. On distingue la catégorie de l’immigration économique, la catégorie du regroupement familial et la catégorie humanitaire. Ainsi, les personnes en demande d’asile ont un statut de résident·e temporaire au Canada, mais ne font pas partie de la catégorie humanitaire au sens de l’admission permanente : elles en feront partie si leur demande d’asile est accueillie par la CISR, leur octroyant le statut de personne protégée et leur donnant ainsi le droit de demander la résidence permanente au Canada. Voir : https://cerda.info/defs-stats-migration-forcee/#Definitions, consulté le 14 août 2024.
- Pour les personnes en demande d’asile, l’EMI a lieu après l’arrivée sur le territoire canadien.
- Ce terme est celui employé par le gouvernement canadien.
- En principe, les personnes réfugiées peuvent visiter leur pays d’origine uniquement lorsqu’elles obtiennent la citoyenneté canadienne. Il existe des exceptions pour des raisons légitimes. Chaque demande est examinée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (À l’extérieur du pays d’origine ou de résidence habituelle (REV-OVS-4-3) – Canada.ca).