Évaluation de l’état de santé physique
L’évaluation de l’état de santé physique est assurée par un membre du corps professionnel en soins infirmiers. Des activités spécifiques au champ disciplinaire peuvent être menées durant l’évaluation.
Les professionnel·le·s impliqué·e·s à cette étape sont :
- Les infirmièr·e·s clinicien·ne·s
- Les infirmièr·e·s praticien·ne·s spécialisé·e·s

Sources d’information disponibles
Le dossier d’Anitha
- Le NAT (Notice of Arrival Transmission)
- Les notes évolutives liées au dossier
- Le rapport de l’analyse des besoins effectué par les professionnel·le·s assigné·e·s à cette étape
À noter
Les sources d’information servent à vous préparer à une première rencontre avec la personne concernée, mais n’excluent pas pour autant la possibilité de communiquer directement avec la personne en amont de la rencontre.
Préparation à la rencontre
La préparation à la rencontre permet aux professionnel·le·s de se mettre dans une posture réflexive en réfléchissant sur les informations supplémentaires à aller chercher afin de réaliser l’évaluation de la santé physique. Ceci permet également de mieux connaître la personne accompagnée et comprendre les problématiques qu’elle vit.
Voici quelques éléments à considérer dans la préparation à la rencontre de l’évaluation de la santé physique d’Anitha et de ses enfants :
1. Lire le dossier d’Anitha avec les informations recueillies lors de la réception de la demande et de l’analyse des besoins
2. Lire les résultats liés aux dépistages des maladies infectieuses et chroniques effectués à l’étape de l’analyse des besoins
3. Lors de l’évaluation, penser à demander à Anitha les pays qu’elle a traversés afin de mieux cerner les risques d’exposition à certaines pathologies, et ainsi l’orienter vers les traitements appropriés
Exemple
- Routes migratoires périlleuses et violentes
- Conditions de vie précaires en camp de personnes réfugiées (insalubrité, pauvreté, malnutrition)
- Exposition à des facteurs venant fragiliser la santé (blessures, maladies, handicap, manque d’accès aux soins)
4. Anticiper les références vers les établissements du RSSS pour les évaluations médicales complémentaires
5. Préparer vos outils de travail.
Notions réactivées
Cours 2
Des ressources de renseignements sur les pays sont mis à votre disposition, mais il faut faire attention à ne pas faire de généralités. Il est prioritaire de se situer en fonction du narratif de la personne, étant donné que chaque vécu est singulier. Vous pouvez rencontrer deux personnes qui ont vécu des situations similaires, mais qui y réagiront différemment.
Cours 3
Avant la rencontre, il est important de se référer aux informations déjà disponibles au dossier afin d’éviter de faire répéter la personne et de lui faire potentiellement revivre des événements difficiles.
Cours 3 – Soutien à la collecte d’informations pour l’analyse des besoins et l’évaluation
La rencontre
Voici une mise en situation d’un processus d’évaluation de la santé physique. Les personnes impliquées dans cette situation sont :
- L’infirmièr·e clinicien·ne
- Anitha
- Thierry
Les autres enfants d’Anitha ne sont pas inclus dans cette mise en situation, mais leur état de santé physique doit aussi être évalué.
Exercice réflexif
Mise en situation : l’évaluation de la santé physique
Vous êtes la personne assignée au dossier d’Anitha et ses enfants pour l’évaluation de la santé physique. Elles et ils ont précédemment rencontré vos collègues à l’étape de l’analyse des besoins. Vous rencontrez, dans un premier temps, Anitha et son fils Thierry.
Lors de la rencontre, vous recueillez les informations suivantes :
Anitha et les enfants ont fui le Burundi, leur pays d’origine, pour se rendre au Kenya en traversant plusieurs pays
Vous observez le langage non verbal d’Anitha. Elle appuie sa main sur le bas de son dos, se positionne différemment sur sa chaise, se basculant de la gauche à la droite, et prend de grandes respirations quand elle vous parle.
Vous partagez vos observations avec Anitha qui vous répond avoir des douleurs au bas du dos qui l’empêchent de rester longtemps assise. Elle dit que les douleurs l’empêchent de dormir et ont un impact sur les tâches en cours (ex. difficulté à se concentrer ou besoin de prendre des pauses alors qu’elle fait du ménage).
À la suite de l’évaluation, vous explorez avec Anitha quelques options d’examen pour son fils Thierry. Elle semble tourner en rond, hésiter entre les options, même après avoir obtenu toute l’information nécessaire pour déterminer la voie à suivre. Elle vous regarde avec hésitation et vous dit qu’elle va vous revenir avec une réponse ultérieurement.
Comme vous ne comprenez pas pourquoi elle n’arrive pas à prendre cette décision, vous validez si elle a compris toutes les informations. Elle affirme que oui.
Ensuite, vous explorez un plan de traitement avec Anitha pour ses douleurs aux dos. Elle semble encore hésitante. Vous remettez en question l’expression de la douleur d’Anitha, vous demandant si cette douleur n’est pas exagérée.
Notions réactivées
Cours 2
Il importe de ne pas sous-estimer les plaintes des personnes réfugiées ou en demande d’asile à l’égard de leur santé physique, car leur prise en compte par les professionnel·le·s de santé se répercute sur l’état de bien-être de ces personnes, et a des impacts sur leur santé mentale. Le manque de reconnaissance de ces maux peut mener à des symptômes dépressifs. La façon qu’ont les personnes de percevoir leur vécu et leur maladie, ainsi que l’accès à des services de soutien psychologique ou physiques pour la douleur exercent une influence sur la façon dont elles mobiliseront des stratégies pour contrôler ce qu’elles vivent.
Cours 4
En réactivant les notions vues au cours 4 de la TOS liées aux orientations collectivistes et individualistes du concept de culture,
- On peut supposer que l’orientation culturelle d’Anitha est plus collectiviste.
- Ainsi, dans l’élaboration du plan, il est possible de considérer la proximité des liens familiaux et leur influence sur l’éducation et les soins des enfants.
- Envisagez d’inclure la famille élargie dans les discussions sur l’origine du problème exprimé, sur la conception de la notion de maladie et sur le traitement à prévoir.
- Aussi, il est possible qu’il soit nécessaire d’obtenir le consentement de la famille élargie avant de procéder à certaines interventions diagnostiques et thérapeutiques.
Pour aller plus loin
Surveillez les travaux de Daniel Côté, chercheur de l’IU SHERPA, concernant l’expression de la douleur. Vous pouvez vous référer à l’article Penser la douleur à la rencontre du culturel et du biologique: repères anthropologiques.