Phase prémigratoire

à propos

La phase prémigratoire englobe l’ensemble des événements vécus par la personne avant son émigration. Cette section aborde les facteurs incitatifs et attractifs dans un contexte de migration forcée, et expose les conséquences potentielles des événements vécus en phrase prémigratoire.  

PRÉ
  • Période dans le pays d’origine ou avant le départ forcé
PRÉ
  • Période dans le pays d’origine ou avant le départ forcé
    • Renseignements sur le pays d'origine
PÉRI
  • Unicité des parcours
  • Installation en lieu sûr
  • Réactions possibles à la réinstallation
PÉRI
  • Unicité du parcours
    • Conditions dans le pays de transit
    • Savoirs expérientiels
    • Temps et migration
  • Installation en lieu sûr
  • Réactions possibles à la réinstallation
PÉRI
  • Unicité des parcours
  • Installation en lieu sûr
  • Réactions possibles à la réinstallation
PÉRI
  • Unicité des parcours
  • Installation en lieu sûr
  • Réactions possibles à la réinstallation
POST
  • Processus d’installation complexe
  • Processus d’adaptation
  • Transformations culturelles et identitaires
  • Enjeux de discrimination
POST
  • Processus d’installation complexe
    • Personnes réfugiées prises en charge par l’état (RPCE)
    • Personnes réfugiées parrainées (RP)
    • Personnes en demande d’asile
  • Processus d’adaptation
  • Transformations culturelles et identitaires
  • Enjeux de discrimination
POST
  • Processus d’installation complexe
  • Processus d’adaptation
    • Adaptation sociale
    • Adaptation linguistique
    • Adaptation économique et professionnelle
  • Transformations culturelles et identitaires
  • Enjeux de discrimination
POST
  • Processus d’installation complexe
  • Processus d’adaptation
  • Transformations culturelles et identitaires
  • Enjeux de discrimination
POST
  • Processus d’installation complexe
  • Processus d’adaptation
  • Transformations culturelles et identitaires
  • Enjeux de discrimination
La phase prémigratoire englobe les événements vécus par la personne lorsqu’elle résidait encore dans son pays d’origine avant de vivre le déplacement forcé. Elle se caractérise par le peu ou l’absence de préparation à la migration. Les renseignements sur le pays d’origine (RPO) sont des documents utilisés par la CISR pour accueillir ou rejeter une demande d’asile. L’information est fréquemment actualisée. Toutefois, le narratif de la personne accompagnée et son vécu singulier doivent être considérés en priorité. La phase périmigratoire correspond au moment de transit entre le pays que les personnes ont fui et l’arrivée dans le futur pays d’accueil. Durant cette phase, les personnes peuvent être déplacées dans leur propre pays, traverser un ou plusieurs pays, vivre la détention ou encore vivre en camp de réfugié‧e‧s. Chaque parcours migratoire est unique et doit faire l’objet d’une attention particulière. Les conditions vécues dans les pays de transit, les savoirs acquis sur la route et la temporalité de la migration peuvent varier. Les démarches pour la réinstallation en lieu sûr sont parfois amorcées dès la phase périmigratoire avec l’appui du HCR. Ce processus comprend différentes étapes. La réinstallation provoque des émotions complexes. Les événements vécus en phase prémigratoire et périmigratoire peuvent entraîner plusieurs conséquences pour la personne lors de la réinstallation. La phase postmigratoire correspond à l’arrivée des personnes réfugiées et en demande d’asile dans le pays d’accueil. Elles doivent alors s’installer et s’adapter, ce qui engage des démarches et processus complexes. Le processus d’installation diffère selon le statut de la personne. Cette section présente les démarches spécifiques que les personnes doivent réaliser en fonction de leur statut. Le processus d’adaptation à la société d’accueil est multidimensionnel que ce soit sur le plan social, linguistique ou économique et professionnel. En être conscient‧e aide à mieux comprendre et accompagner la personne réfugiée et en demande d’asile. Les transformations culturelles et identitaires causées par l’adaptation à la société d’accueil peuvent avoir des conséquences sur le bien-être et l’état de santé. Les personnes réfugiées et en demande d’asile développent différentes stratégies pour y faire face. Les personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent avoir vécu des discriminations directes ou indirectes à différents moments de leur parcours migratoire, ce qui peut exercer une influence sur la relation clinique.
TOS Parcours postmigratoire et liens multiples PHASE PRÉMIGRATOIRE - Période dans le pays d’origine ou avant le départ forcé PHASE PRÉMIGRATOIRE - Renseignements sur le pays d’origine PHASE PÉRIMIGRATOIRE PHASE PÉRIMIGRATOIRE -Installation en lieu sûr PHASE PÉRIMIGRATOIRE - Installation en lieu sûr PHASE PÉRIMIGRATOIRE - Réactions possibles à la réinstallation PHASE POSTMIGRATOIRE PHASE POSTMIGRATOIRE - Processus d’installation complexe PHASE POSTMIGRATOIRE - Processus d’adaptation Parcours postmigratoire -Transformations culturelles et identitaires

Période dans le pays d’origine ou avant le départ forcé 

La migration humaine est un processus complexe. Selon le modèle d’analyse écosystémique développé par les démographes Turton (2003) et Williams et al. (2012), la migration dépend de facteurs dits incitatifs (push), qui poussent la personne à quitter son pays d’origine, et de facteurs dits attractifs (pull), qui sont propres au pays de destination. 

Ce modèle écosystémique est représenté dans le schéma ci-dessous.

Ce modèle précise qu’il existe aussi des facteurs attractifs en contexte de migration forcée, bien que la plupart des personnes déplacées de force ne choisissent pas leur pays de réinstallation. Ainsi, toute personne qui migre construit des imaginaires à propos de son pays de destination.

Durant les phases périmigratoire et postmigratoire, les personnes réfugiées et en demande d’asile peuvent ainsi vivre des désillusions face aux obstacles rencontrés dans le pays d’arrivée (incertitude quant au statut, discrimination, difficultés à trouver un emploi, etc.).  

Des analyses montrent que certaines politiques de durcissement des frontières, destinées à décourager la migration des personnes arrivant de manière irrégulière, n’ont pas l’effet escompté. Lorsqu’un pays adopte des politiques d’immigration durcies, l’imaginaire ainsi créé est celui du ou de la « migrant·e héroïque », qui a réussi à surmonter les obstacles. Ainsi, ces politiques dissuasives ne résorbent pas la migration forcée, mais alimentent les réseaux d’exploitation et d’extorsion des personnes déplacées de force. 

Plusieurs facteurs peuvent influencer la migration d’une personne. En phrase prémigratoire, elle peut être exposée à des événements négatifs, voire traumatiques, qui menacent sa sécurité et celle de ses proches. Ces événements peuvent entraîner chez elle des conséquences plus ou moins graves en fonction de son âge, du degré de gravité, de la durée et de la fréquence de l’exposition au traumatisme. On qualifie ces événements de stresseurs primaires.

Exemple

  • Une exposition à la violence qui entraîne de la peur, de l’anxiété, des insécurités, de l’incompréhension, ou encore un sentiment d’impuissance
  • Des opportunités économiques limitées, voire la pauvreté extrême ou la famine
  • Des pertes humaines ou des séparations familiales.

En phrase prémigratoire, les personnes réfugiées et en demande d’asile risquent donc de subir des séparations et des pertes multiples. Ces pertes peuvent être humaines (ex. : un décès), matérielles (ex. : la destruction de la maison) ou symboliques (ex. : l’effritement du sentiment d’appartenance, des repères ou de la cohésion sociale).

La phase prémigratoire fait donc partie de l’histoire de la personne et elle contribue à expliquer ce qui a pu déclencher la démarche d’exil pour celle-ci. Pour certaines personnes, les stresseurs vécus pourront se perpétuer lors de la phase périmigratoire. 

En résumé : vécus possibles en phase prémigratoire et conséquences potentielles

VÉCUS POSSIBLES CONSÉQUENCES POTENTIELLES
  • Conflits armés
  • Emprisonnements arbitraires
  • Destruction de la maison ou des biens matériels
  • Violences sexuelles
  • Persécution (ex. : en raison de l’orientation sexuelle)
  • Torture
  • Catastrophes naturelles (ex. : séisme, ouragan, sécheresse, famine)
  • Pauvreté extrême ou famine causant le déplacement forcé
  • Séparations familiales
  • Perte de ressources
  • Santé physique et mentale fragilisées
  • Sentiment d’insécurité accru
  • Incertitude par rapport au futur
  • Déscolarisation temporaire (enfants)
  • Incompréhension (enfants)

À retenir

Il est essentiel de cerner les facteurs pouvant influencer les réactions et les ressentis propres à chaque personne :

  • La nature et la gravité des événements vécus
  • L’expérience antérieure d’événements stressants
  • Le soutien de l’entourage
  • La santé physique  et mentale
  • Les antécédents personnels et familiaux de troubles de santé mentale
  • La langue, la religion et les traditions
  • L’âge (les enfants n’ont pas nécessairement les mêmes réactions que les adultes).

Renseignements sur le pays d’origine 

La CISR a mis en ligne des renseignements sur le pays d’origine des personnes réfugiées et en demande d’asile. On entend par « pays d’origine » le pays à l’égard duquel une personne demande la protection. Comme les conditions dans les pays changent souvent, la CISR produit régulièrement des mises à jour des renseignements sur les pays d’origine.  

La CISR propose deux types de documentation :

D’autres ressources peuvent être consultées pour se renseigner sur le pays d’origine. En voici une liste non exhaustive :

  • Amnesty International
  • Organisation internationale pour les migrations (OIM)
  • Organisation des Nations Unies (ONU)
  • Agence des Nations Unies pour les Réfugiés au Canada (UNHCR).

Même si ces ressources offrent des informations sur le pays d’origine, il faut cependant faire attention aux généralités. Étant donné que chaque vécu est singulier, le narratif de la personne accompagnée reste prioritaire. Vous pouvez rencontrer deux personnes qui ont vécu des situations similaires, mais qui y réagiront différemment.

Quiz : phase prémigratoire

Références de la section

Castelli, F. (2018). Drivers of migration : Why do people move? Journal of Travel Medicine, 25(1), tay040. https://doi.org/10.1093/jtm/tay040

Gagnon, M. M., Wolofsky, T., Azri, M., Mc Sween-Cadieux, E., & Jaimes, A. (2022). Intervenir auprès des personnes réfugiées: Une pratique sensible aux traumatismes. Guide de sensibilisation (p. 80). Centre d’expertise sur le bien-être et l’état de santé physique des réfugiés et des demandeurs d’asile (CERDA). CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Hagen‐Zanker, J. (2008). Why Do People Migrate? A Review of the Theoretical Literature. https://doi.org/10.2139/ssrn.1105657

Nakache, D., Pellerin, H., & Veronis, L. (2015). Migrants’ Myths and Imaginaries. Understanding their role in Migration movements and Policies (Policy Brief). Université d’Ottawa. https://ruor.uottawa.ca/items/19c1a945-6f7f-4467-af4c-b1891319dad6

Rousseau, C., & Frounfelker, R. L. (2019). Mental health needs and services for migrants : An overview for primary care providers. Journal of Travel Medicine, 26(2), tay150. https://doi.org/10.1093/jtm/tay150

Trosseille, N., Gagnon, Mélanie. M., & Pontbriand, A. (2019). Intervenir auprès de demandeurs d’asile. Guide à l’intention des intervenants (CIUSSS Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal).

Turton, D. (2003). Conceptualising forced migration. RSC Working Paper Series, 12https://www.rsc.ox.ac.uk/publications/conceptualising-forced-migration

Williams, N. E., Ghimire, D. J., Axinn, W. G., Jennings, E. A., & Pradhan, M. S. (2012). A micro-level event-centered approach to investigating armed conflict and population responses. Demography, 49(4), 1521‑1546. https://doi.org/10.1007/s13524-012-0134-8