Spécificités reliées à certains groupes

À propos

Les personnes réfugiées et en demande d’asile ne sont pas un groupe homogène. Plusieurs groupes de personnes présentent des spécificités dont il faut tenir compte lors de l’intervention.

Les groupes présentés plus bas ont été établis selon l’âge des personnes (enfants, adolescent·e·s, personnes âgées). S’y ajoutent les personnes en situation de handicap et celles issues des communautés 2ELGBTQIA+. 

Parentalités et familles

La parentalité entraîne une série de changements émotionnels, sociaux et physiques, nécessitant une adaptation au rôle de parent. Dans le contexte de migration forcée s’ajoutent des enjeux auxquels le parent doit faire face: la perte du soutien social et familial, l’adaptation à une nouvelle société, des expériences de discrimination, le changement de statut socioéconomique ou encore un accès limité aux services de santé et services sociaux.

Vers le cours 4

Le Cours 4 de la TOS approfondit l’intervention interculturelle avec les familles et les enfants réfugié·e·s et en demande d’asile.

Enfance, jeunesse et adolescence  

Les enfants présentent des vulnérabilités au niveau de leur développement, de leur identité ainsi que de leur intégration et fréquentation scolaire. D’autres vulnérabilités reliées aux transitions influencées par l’âge sont à prendre en compte. Enfin, en raison de leur parcours migratoire et des enjeux liés à l’absence de parent ou personne tutrice, les personnes mineures non accompagnées doivent être considérées comme un groupe avec des besoins spécifiques différents de ceux des enfants qui arrivent avec leurs familles.

Icône Sensible

Le PRAIDA a un mandat spécifique d’accompagnement dédié aux personnes mineures non accompagnées.

Puisque les personnes adolescentes vivent d’importantes transformations internes en plus des changements externes associés à leur parcours migratoire, elles présentent des vulnérabilités. Ce duo de changements importants est exigeant pour ce groupe d’âge et peut contribuer à ce que les adolescent∙e·s soient plus vulnérables.

À partir de 14 ans, il est possible  pour un∙e adolescent∙e de consentir seul∙e aux soins de santé sans avoir besoin du consentement d’un de ses parents ou personne tutrice, si ces soins sont requis par son état de santé. Les parents ou personnes tutrices ne seront pas avisé∙e·s si l’adolescent∙e a eu accès à des soins.

  • Il existe une exception concernant les soins qui requièrent de demeurer dans un établissement de santé ou de services sociaux pendant plus de 12 heures : les parents ou personnes tutrices seront alors avisé∙e·s.
  • Pour des soins non requis par son état de santé (ex. : une chirurgie esthétique), le consentement d’un parent ou personne tutrice sera nécessaire.

Personnes âgées

Les personnes âgées présentent des vulnérabilités au niveau de la santé mentale compte tenu des nombreuses pertes vécues durant le parcours migratoire, comparativement aux opportunités disponibles qu’elles trouveront dans le pays d’accueil. Puisque ces personnes arrivent au Canada à un âge plus ou moins avancé, les barrières de langue peuvent persister et mener à un isolement social et à un accès restreint aux services de santé. Les personnes âgées représentant un très faible pourcentage des personnes réfugiées qui sont réinstallées au Canada, cette population est peu considérée par la littérature scientifique et grise. Par conséquent, les données sur leur état de santé mentale et physique sont limitées. 

POUR ALLER PLUS LOIN

Personnes en situation de handicap 

La loi canadienne sur l’accessibilité (2019) définit le handicap de la manière suivante :

« [Une] déficience notamment physique, intellectuelle, cognitive, mentale ou sensorielle, trouble d’apprentissage ou de la communication ou limitation fonctionnelle, de nature permanente, temporaire ou épisodique, manifeste ou non et dont l’interaction avec un obstacle nuit à la participation pleine et égale d’une personne dans la société ».

Les handicaps peuvent être permanents ou temporaires. Ils peuvent aussi être épisodiques, c’est-à-dire qu’ils fluctuent avec le temps. Certains handicaps sont visibles, tandis que d’autres sont invisibles ou cachés. De nombreux handicaps présentent des symptômes qui varient considérablement en intensité.

Les handicaps peuvent être congénitaux, ce qui signifie que les personnes sont nées ainsi ; certaines personnes peuvent aussi développer des handicaps en raison de maladies ou de blessures. La plupart des personnes auront un handicap à un moment ou l’autre de leur vie.

Certaines difficultés ou incapacités, telles que les atteintes visuelles, peuvent être stigmatisées dans le pays d’origine des personnes réfugiées et en demande d’asile. Cet aspect est à considérer au début de la démarche clinique ainsi que dans le processus de référencement, en fonction des croyances et expériences antérieures de la personne.

POUR ALLER PLUS LOIN

L’UNHCR propose un guide (en anglais) afin d’accompagner les personnes en situation de handicap dans leur processus d’installation.

Personnes issues des communautés 2ELBGTQAI+  

Certaines personnes issues des communautés 2ELGBTQIA+ peuvent avoir à mener des démarches difficiles, par exemple pour « prouver » leur orientation sexuelle en contexte de l’audience à la CISR en fonction de normes et valeurs occidentales.  Les personnes trans migrantes sont confrontées à des niveaux accrus de discrimination et de violence, ce qui peut créer des obstacles significatifs pour l’accès à un statut légal ou à des soins de santé d’affirmation de genre.

Pistes d’action

Le guide d’AGIR (Action LGBTQIA+ avec les ImmigrantEs et Réfugiés) propose des pistes d’actions concrètes pour créer des espaces d’accueil sécuritaire. Parmi les pistes, on retrouve entre autres :

  • Utiliser les pronoms, le prénom et le genre que les personnes ont choisis, que ce soit dans les rencontres individuelles ou les prises de contact.
  • Afficher des lignes directrices exprimant le respect des personnes 2SLGBTQIA+ de manière visible par les personnes dans différentes langues
  • Sensibiliser ses collègues et son institution pour améliorer la prise en charge des personnes.

Références de la section

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Merry, L., Pelaez, S., & Edwards, N. C. (2017). Refugees, asylum-seekers and undocumented migrants and the experience of parenthood: a synthesis of the qualitative literature. Globalization and Health, 13(1), 75. https://doi.org/10.1186/s12992-017-0299-4

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