Participation et engagement : professionnel

« Faire les choses bien. » Trajectoires migratoires des demandeur‧se·s d’asile mexicain‧e·s à Montréal (2022-2023)

Depuis 2022, les demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s arrivent à Montréal par avion dans des proportions inédites. Durant l’attente de leur audience, qui dure en moyenne deux ans, iels occupent majoritairement les emplois non qualifiés d’industries structurellement basées sur le recours à une main-d’œuvre temporaire et précaire.

Cette zone grise entre travail migrant et politique humanitaire caractérise l’intégration subalterne du Mexique dans l’espace nord-américain ; elle a également un impact sur la santé mentale des demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s et sur leurs stratégies d’intégration. Ainsi, cette proposition de recherche vise à mieux comprendre comment la tension entre ouverture et fermeture de la politique migratoire canadienne influence les trajectoires d’accès à la résidence permanente des demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s.

Dans cette communication, je présenterai les résultats issus de 8 entrevues semi-dirigées menées auprès de demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s arrivé·e·s par avion à Montréal en 2022/2023, dans le cadre d’un mémoire de maîtrise en sociologie. L’analyse thématique des données démontre que la politique migratoire canadienne influence les trajectoires des demandeur·euse·s en créant une double injonction à la conformité, entre vulnérabilité et utilitarisme économique : prouver la crédibilité de leur besoin de protection, tout en s’insérant dans le marché de l’emploi formel et francophone. Dans ce contexte, pour les participant·e·s, « faire les choses bien » est une stratégie individuelle permettant de retrouver de l’agentivité, de diminuer l’incertitude liée à leur statut temporaire, et de préserver ainsi leur santé mentale.

Accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes demandeuses d’asile : regard de la recherche sur les politiques et pratiques institutionnelles

Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.

Élaborer des outils destinés aux personnes réfugiées et en demande d’asile : réussites et défis de Carnets de route

Carnets de route est un projet destiné aux personnes réfugiées et en demande d’asile ainsi qu’aux intervenant·e·s et autres professionnel·le·s qui les accompagnent, fournissant des informations qui visent à faciliter le processus d’installation. Les outils seront disponibles à partir de mars 2024.

Nous proposons un atelier en trois parties :

La première partie présentera cinq cas fictifs, à partir desquels nous naviguerons dans les différents formats et profils de Carnets de route. Il s’agira d’une manière interactive et concrète pour le public de se familiariser avec l’outil.

La deuxième partie se concentrera sur les processus de collaboration qui ont été mis en place au sein du projet. Une personne elle-même réfugiée ou en demande d’asile partagera son implication au sein de Carnets de route, ainsi qu’une ou deux autres personnes du terrain provenant d’autres secteurs, par exemple du PRAIDA. Nous détaillerons également notre collaboration avec le comité des intervenant·e·s et chercheuse·eur·s, ainsi qu’avec des expert·e·s du terrain.

La troisième partie de l’atelier sera axée sur ces défis posés par l’élaboration d’outils tels que Carnets de route :

  • La mise à jour de contenus complexes dans un contexte de désinformation et de changements rapides ;
  • La complémentarité entre les différents outils existants ;
  • L’arrimage entre l’information officielle et la réalité pratique ;
  • L’utilisation de ces outils dans la trajectoire de soins.

Les participant·e·s seront appelé·e·s à se prononcer sur ces questions dans une modalité interactive. L’activité terminera avec un retour en grand groupe sur les solutions proposées.

Trajectoires socioprofessionnelles de jeunes adultes réfugié·e·s et demandeurs d’asile à Montréal : des ressources de soutien du local au transnational

Une transition de vie majeure s’opère entre 18 et 25 ans. Pour les jeunes en situation de refuge, en plus du passage vers l’âge adulte, s’ajoutent la migration et le développement de nouveaux points de repère, tout en maintenant des ancrages et interconnexions dans d’autres contextes nationaux. Dans leurs cas, la complexité des statuts migratoires peut moduler leurs capacités de se projeter dans l’avenir ou simplement d’accéder à des services, particulièrement pour les demandeurs d’asile. En outre, des ressources sont déployées par des organismes publics et communautaires qui opèrent indépendamment et qui peuvent être adaptées ou pas à leurs réalités, et entraîner des défis d’accessibilité pour un·e jeune qui navigue « dans le système ». Les analyses sont issues d’une recherche récente appuyée par un comité de partenaires à la recherche (CSAI, Cari St-Laurent, Centre de Services scolaires Marguerite Bourgeois, CJE Bourassa-Sauvé et le Comité consultatif Personnes immigrantes) réalisée à Montréal auprès de 29 jeunes adultes, de différents statuts d’immigration, dont 3 ont eu un statut de demandeurs d’asile et 8 comme réfugiés. En complément, 15 intervenant·e·s, conseiller·ère·s, enseignant·e·s et porteurs de programmes ont été rencontrés. Les analyses mettront en lumière la complexité de leurs trajectoires et de leurs ressources de soutien (formelles ou informelles) qui se déploient diversement aux plans local et transnational. En conclusion, nous proposons des réflexions sur l’intérêt de la prise en compte des complexités de leurs trajectoires et des ressources déployées au-delà des frontières nationales.

À la croisée des chemins : Point de transition dans la trajectoire des intervenants et des demandeurs d’asile

L’accueil psychosocial et l’hébergement du PRAIDA sont des milieux d’intervention uniques et complexes. Ces équipes doivent composer avec de nombreux défis, tant individuels que systémiques : la barrière de la langue, le contexte interculturel, l’incertitude face à l’avenir, les conditions de vie précaires, la difficulté d’accès aux services ou encore la méconnaissance du fonctionnement des institutions. Ces défis, pour n’en nommer que quelques-uns, font partie de la réalité du processus d’inclusion des demandeurs d’asile. Ces complexités multiples demandent une adaptation continue, autant pour les demandeurs d’asile que pour les intervenants.

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