Symposium

Quelles leçons retenir de la prise en charge intersectorielle des mineurs non accompagnés à Montréal ? Une recherche qualitative participative

Des études montrent que les jeunes réfugié·e·s estiment que les services ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins en matière d’éducation, de soutien social et de santé. Ce contexte soulève la nécessité d’approches adaptées. Les enfants qui migrent sans leurs parents (mineurs non accompagnés, MNA) sont particulièrement vulnérables. À Montréal, les MNA reçoivent une prise en charge intersectorielle dont les points de référence sont des travailleurs sociaux du PRAIDA.

Notre recherche examine si et comment cette prise en charge intersectorielle permet d’améliorer les trajectoires de services pour les MNA. Des MNA participent directement au processus de recherche par la mise en place d’un Comité consultatif appelé JAM, « Jeunes ambitieux et motivés ». Notre recherche, toujours en cours, vise des entrevues approfondies avec des MNA (objectif n=20), des gestionnaires, des interprètes, des professionnels de l’éducation et de la santé et services sociaux, offrant des services aux MNA (objectif n=40). Le modèle de la réceptivité des services adaptés aux populations migrantes est utilisé comme cadre d’analyse.

Nous nous intéressons à différentes dimensions de la trajectoire de ces jeunes, notamment l’hébergement et l’accès aux différents services. Nous mettrons enfin la lumière sur le potentiel de cette prise en charge pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA.

Non seulement cette recherche permet d’approfondir des perspectives d’analyse peu ou pas étudiées jusqu’à présent, elle a aussi comme ambition de servir de point de départ au développement d’une communauté de pratiques pour les intervenants de première ligne sur les meilleures pratiques de services pour les MNA.
Plusieurs sous-études réalisées par des étudiants feront l’objet de diverses présentations :
Une première présentation proposera la description et l’appréciation du modèle de prise en charge intersectorielle à Montréal. Une deuxième présentation consistera en une analyse critique du potentiel de ce modèle pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA à Montréal. Enfin, la troisième présentation portera sur les impacts des modes d’hébergement sur le bien-être et l’intégration des MNA à Montréal.

Promouvoir des changements ayant une réelle importance en amplifiant les voix de jeunes, enfants et familles demandeurs d’asile – trois perspectives ethnographiques

Bien que le Canada ait déployé des efforts pour freiner l’arrivée de demandeurs d’asile, le Québec continue d’enregistrer un nombre élevé d’arrivées, ayant des répercussions sur le logement, les services sociaux et les écoles. Avec un discours public polarisé portant sur le manque de ressources et la surcharge du système, peu d’attention est accordée aux voix des personnes demandant l’asile. Dans ce symposium, nous présenterons trois projets de recherche-action interconnectés qui cherchent à comprendre l’expérience de jeunes, d’enfants et familles demandant l’asile. La première présentation explore la création d’un groupe consultatif axé sur l’art pour les jeunes nouvellement arrivés, ainsi que la signification accordée à cet espace. La deuxième communication décrira les avantages et les limites des premiers soins psychologiques basés sur l’art offerts aux jeunes dans les sites d’hébergement temporaire fédéraux (hôtels) en s’appuyant sur des observations participatives et créations artistiques. La dernière présentation partagera des résultats préliminaires d’une étude financée par les IRSC, Safer Havens, qui examine les politiques et les pratiques liées aux hôtels en Ontario et au Québec. Dans l’ensemble, nos résultats préliminaires mettent l’accent sur les possibilités qu’offrent les espaces artistiques pour promouvoir un sentiment d’appartenance et de communauté au cœur de la réinstallation. Ces trois projets visent également à amplifier les voix de personnes demandant l’asile pour inciter les décideurs politiques à changer de regard en proposant une compréhension à la première personne des contextes de réinstallation pouvant susciter des changements de politiques et de pratiques favorisant la santé mentale, l’inclusion sociale et l’équité.

S’appuyer sur la pratique avancée des infirmières de proximité pour améliorer les trajectoires de soins et de services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Étude pilote à Sherbrooke, Québec

En réponse au manque de coordination, d’intégration et de continuité entre les différents acteurs intervenant auprès des personnes réfugiées, une intervention infirmière de proximité a été mise en place depuis 2019, à la suite d’une réflexion commune entre usagers, intervenants, cliniciens, décideurs et chercheurs. Cette intervention est basée sur la pratique infirmière avancée et son intégration dans un réseau intersectoriel dans deux quartiers de Sherbrooke. L’objectif était de proposer une intervention à la fois populationnelle et spécifique pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. L’infirmière clinicienne de proximité (ICP) répond aux besoins des usagers (dans la mesure optimale de son champ de pratique) et agit comme acteur pivot avec les autres acteurs, tels que la Clinique des réfugiés (infirmières praticiennes spécialisées [IPS] et médecins), les organismes communautaires, les hôpitaux.
Ce projet repose sur un devis d’évaluation développementale avec des méthodes mixtes. Les sources de données sont : 1) analyse documentaire, 2) observation participante des réunions, 3) entretiens avec des gestionnaires, des professionnels et des utilisateurs de l’intervention (n=16), 4) des masques de saisis (n=397) remplis par les ICP, IPS et médecins, compilant des informations sur les interventions réalisées et sur les usagers.Les objectifs de cette présentation sont 1) de présenter une évaluation des facteurs qui facilitent et entravent la mise en œuvre de l’intervention, basée sur le modèle CFIR de Damschroder (2022) ; 2) de montrer les résultats de cette initiative en termes de réponse aux besoins des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Les parcours socioprofessionnels et les trajectoires de soins des personnes issues de l’immigration dans la région de Québec

Dans les premières années suivant l’arrivée, il peut être complexe pour les personnes immigrantes de se repérer et de s’orienter dans la société d’accueil, particulièrement en ce qui a trait à l’accessibilité aux différents services. Les pratiques socioprofessionnelles d’accompagnement et de soutien, ainsi que les trajectoires de soins au sein du réseau de la santé et des services sociaux sont particulièrement concernées. L’invisibilité liée à certains statuts migratoires expose ces personnes à de multiples enjeux de précarité d’emploi. D’autre part, les trajectoires de soins ne répondent pas toujours à leurs besoins. En ce sens, ce symposium exposera trois communications découlant de projets de recherche interdisciplinaires et en partenariat réalisés par des membres de l’Équipe en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec (ÉDIQ). La première communication portera un regard sur la précarisation du parcours socioprofessionnel des demandeurs d’asile. La deuxième sur les difficultés vécues par les personnes immigrantes à statut précaire dans l’accès aux soins de santé et de services sociaux. La dernière vise à présenter les pratiques innovatrices en interculturel mises en place par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSSCN). Le regard sera porté sur les retombées liées aux compétences culturelles qui suivent la mise en place d’une équipe d’intervenants pivots en interculturel (IPI). Enfin, quelques pistes de solution seront évoquées en vue de proposer une meilleure réponse sociale face aux réalités des personnes immigrantes dans la région de Québec.

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