Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.
Une transition de vie majeure s’opère entre 18 et 25 ans. Pour les jeunes en situation de refuge, en plus du passage vers l’âge adulte, s’ajoutent la migration et le développement de nouveaux points de repère, tout en maintenant des ancrages et interconnexions dans d’autres contextes nationaux. Dans leurs cas, la complexité des statuts migratoires peut moduler leurs capacités de se projeter dans l’avenir ou simplement d’accéder à des services, particulièrement pour les demandeurs d’asile. En outre, des ressources sont déployées par des organismes publics et communautaires qui opèrent indépendamment et qui peuvent être adaptées ou pas à leurs réalités, et entraîner des défis d’accessibilité pour un·e jeune qui navigue « dans le système ». Les analyses sont issues d’une recherche récente appuyée par un comité de partenaires à la recherche (CSAI, Cari St-Laurent, Centre de Services scolaires Marguerite Bourgeois, CJE Bourassa-Sauvé et le Comité consultatif Personnes immigrantes) réalisée à Montréal auprès de 29 jeunes adultes, de différents statuts d’immigration, dont 3 ont eu un statut de demandeurs d’asile et 8 comme réfugiés. En complément, 15 intervenant·e·s, conseiller·ère·s, enseignant·e·s et porteurs de programmes ont été rencontrés. Les analyses mettront en lumière la complexité de leurs trajectoires et de leurs ressources de soutien (formelles ou informelles) qui se déploient diversement aux plans local et transnational. En conclusion, nous proposons des réflexions sur l’intérêt de la prise en compte des complexités de leurs trajectoires et des ressources déployées au-delà des frontières nationales.
La sécurisation culturelle représente un pilier fondamental dans la préservation et la promotion des identités culturelles au sein de nos sociétés. Son objectif est de garantir le respect et la préservation des diverses cultures, traditions et modes de vie, tout en favorisant la diversité et l’inclusion. En tant qu’outil clinique, elle offre une ouverture à l’histoire de vie et aux expériences vécues par le client, ce qui s’avère essentiel pour atténuer les situations de stress post-traumatique, de dépression et d’anxiété souvent liées à des expériences de racisme.
Dans notre présentation, nous chercherons à illustrer ce concept à travers des vignettes cliniques basées sur des expériences avec différents clients, démontrant que la présence d’un clinicien de couleur (POC) peut faciliter cette ouverture et permettre l’utilisation de cette approche en clinique transculturelle. La méthode consiste à introduire un dévoilement limité sur un thème apporté par le client et développé par le clinicien en utilisant des éléments de sa propre trajectoire, dans le but de faciliter la compréhension et l’élaboration par le client de ses propres expériences. Cette approche, souvent qualifiée d’« expérience émotionnelle corrective antiraciste », vise à contourner et à soutenir un nouveau sens pour le client vivant des situations de racisme et d’exclusion.
Dans les premières années suivant l’arrivée, il peut être complexe pour les personnes immigrantes de se repérer et de s’orienter dans la société d’accueil, particulièrement en ce qui a trait à l’accessibilité aux différents services. Les pratiques socioprofessionnelles d’accompagnement et de soutien, ainsi que les trajectoires de soins au sein du réseau de la santé et des services sociaux sont particulièrement concernées. L’invisibilité liée à certains statuts migratoires expose ces personnes à de multiples enjeux de précarité d’emploi. D’autre part, les trajectoires de soins ne répondent pas toujours à leurs besoins. En ce sens, ce symposium exposera trois communications découlant de projets de recherche interdisciplinaires et en partenariat réalisés par des membres de l’Équipe en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec (ÉDIQ). La première communication portera un regard sur la précarisation du parcours socioprofessionnel des demandeurs d’asile. La deuxième sur les difficultés vécues par les personnes immigrantes à statut précaire dans l’accès aux soins de santé et de services sociaux. La dernière vise à présenter les pratiques innovatrices en interculturel mises en place par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSSCN). Le regard sera porté sur les retombées liées aux compétences culturelles qui suivent la mise en place d’une équipe d’intervenants pivots en interculturel (IPI). Enfin, quelques pistes de solution seront évoquées en vue de proposer une meilleure réponse sociale face aux réalités des personnes immigrantes dans la région de Québec.
Le CALDA — Comité d’accueil local des personnes demandant l’asile, soutient des organismes d’Ahuntsic-Bordeaux-Cartierville depuis maintenant plus d’un an dans leur offre de services aux personnes demandant l’asile.
Cette concertation a dû s’organiser rapidement face au sentiment d’urgence à la fois pour répondre aux mieux aux besoins de cette population croissante sur les deux territoires, mais aussi pour avoir une vue d’ensemble des enjeux et favoriser l’entraide entre les organismes. Ceux-ci se sont mobilisés et ont opté pour la concertation, une manière de réfléchir ensemble sur les pistes de solutions communes ; le but étant de faciliter le travail des intervenants pour qu’ils puissent mieux accompagner les personnes en situation de demande d’asile.
Cette réponse apportée dans l’urgence est aujourd’hui dans une démarche de consolidation. En effet, l’historique des deux quartiers aussi bien que leurs particularités, ainsi que les défis actuels liés à l’accueil et l’accompagnement des personnes demandant l’asile imposent au CALDA de prendre des mesures assurant la pérennisation de ses initiatives. Ahuntsic-Cartierville compte parmi les arrondissements avec le plus fort taux de population immigrante dans la région de Montréal.
Cet appel à communication est donc une belle occasion pour notre concertation de partager ses acquis et de contribuer aux initiatives visant à améliorer les trajectoires de vie de ces personnes et des services qui leur sont destinés.