Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.
La porte d’entrée au système de santé au Québec passe par la première ligne, mais il existe plusieurs barrières rendant l’accès aux soins difficile, particulièrement pour les demandeurs d’asile. L’accès aux services de santé peut être vu comme discriminant en vertu du statut légal des demandeurs d’asile et peu de médecins se sentent outillés pour répondre adéquatement à leurs besoins.
Afin de répondre aux besoins en soins de santé des demandeurs d’asile et d’atténuer les barrières à l’accès aux soins, l’équipe du GMF-U Bordeaux-Cartierville a mis en place un projet novateur, en partenariat avec des organismes de la région, dont le SIPPE et le GAP. Il s’agit d’une clinique interdisciplinaire, impliquant notamment médecins et travailleurs sociaux, qui a deux objectifs interreliés. Elle vise d’abord à assurer la prise en charge en médecine familiale de demandeurs d’asile et ayant des besoins de santé ou de services psychosociaux. La clinique a aussi un objectif pédagogique, soit d’enseigner aux résidents en médecine familiale les particularités des soins de première ligne offerts aux migrants. Les résidents en formation seront à terme davantage outillés à poursuivre la prise en charge de cette clientèle. Un projet de recherche est également en cours étudiant la perspective des résidents face à cette innovation pédagogique.
Les objectifs de la présentation sont :
- Découvrir le projet novateur de clinique des migrants du GMF-U Bordeaux-Cartierville
- Réfléchir à l’impact d’une telle clinique sur la santé des migrants
- Comprendre le projet de recherche en cours sur la perception des résidents en médecine familiale sur leur participation à la clinique
Les personnes réfugiées et en demande d’asile qui s’établissent au Québec font face à une complexité et une précarité grandissantes de leurs trajectoires, en partie à cause du resserrement des options de protection durables dans les pays comme le Canada ainsi qu’à l’augmentation de la violence sur les chemins de l’exil. Le soutien offert par les personnes intervenantes qui les accompagnent au Québec se doit donc de tenir compte de ce contexte et de ses impacts sur la vie des personnes concernées sur les plans locaux, nationaux et transnationaux.
Construit dans une perspective multidisciplinaire (travail social, anthropologie) et intersectorielle (services publics et communautaires), cet atelier s’adresse aux praticien·ne·s, aux chercheur·e·s ainsi qu’à toute personne concernée ou intéressée à échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes.
Plus spécifiquement, il vise à :
- Informer et sensibiliser les personnes participantes aux pratiques d’intervention transnationale à partir d’exemples tirés de projets de recherche et de pratiques d’intervention ;
- Échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes ;
- Dégager collectivement des pistes d’intervention porteuses en matière d’accompagnement (psycho) social dans une perspective transnationale.
Il s’appuie sur les constats issus de deux recherches menées auprès de membres de familles réfugiées transnationales en processus de réunification vers le Québec (Richard, à paraitre) et de jeunes adultes d’immigration récente à Montréal. Toutes deux placent au centre le point de vue des personnes directement concernées en les mettant en dialogue avec celui des intervenant·e·s qui les soutiennent.
Une brève contextualisation de l’intervention transnationale sera d’abord effectuée par les deux co-présentatrices à partir d’exemples de pratiques d’intervention se déployant à la fois à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada. Des exemples tirés de la pratique d’accompagnement de personnes réfugiées et en demande d’asile seront aussi exposés. Les participant·e·s à l’atelier seront ensuite invité·e·s à partager des situations concrètes tirées de leurs expériences vécues et/ou de leurs pratiques d’intervention dans le cadre d’échanges en sous-groupes thématiques « familles » et « jeunes » afin de s’entraider et de faire émerger des pistes d’intervention porteuses.
Des études montrent que les jeunes réfugié·e·s estiment que les services ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins en matière d’éducation, de soutien social et de santé. Ce contexte soulève la nécessité d’approches adaptées. Les enfants qui migrent sans leurs parents (mineurs non accompagnés, MNA) sont particulièrement vulnérables. À Montréal, les MNA reçoivent une prise en charge intersectorielle dont les points de référence sont des travailleurs sociaux du PRAIDA.
Notre recherche examine si et comment cette prise en charge intersectorielle permet d’améliorer les trajectoires de services pour les MNA. Des MNA participent directement au processus de recherche par la mise en place d’un Comité consultatif appelé JAM, « Jeunes ambitieux et motivés ». Notre recherche, toujours en cours, vise des entrevues approfondies avec des MNA (objectif n=20), des gestionnaires, des interprètes, des professionnels de l’éducation et de la santé et services sociaux, offrant des services aux MNA (objectif n=40). Le modèle de la réceptivité des services adaptés aux populations migrantes est utilisé comme cadre d’analyse.
Nous nous intéressons à différentes dimensions de la trajectoire de ces jeunes, notamment l’hébergement et l’accès aux différents services. Nous mettrons enfin la lumière sur le potentiel de cette prise en charge pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA.
Non seulement cette recherche permet d’approfondir des perspectives d’analyse peu ou pas étudiées jusqu’à présent, elle a aussi comme ambition de servir de point de départ au développement d’une communauté de pratiques pour les intervenants de première ligne sur les meilleures pratiques de services pour les MNA.
Plusieurs sous-études réalisées par des étudiants feront l’objet de diverses présentations :
Une première présentation proposera la description et l’appréciation du modèle de prise en charge intersectorielle à Montréal. Une deuxième présentation consistera en une analyse critique du potentiel de ce modèle pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA à Montréal. Enfin, la troisième présentation portera sur les impacts des modes d’hébergement sur le bien-être et l’intégration des MNA à Montréal.
Les transitions peuvent être multiples et simultanées pendant la grossesse en contexte de migration (transition socioculturelle, développement de la parentalité, etc.). Un niveau de stress plus élevé voire une dépression périnatale et postpartum font partie des réalités vécues par les femmes migrantes.
Avec l’expertise de l’organisme communautaire Alima, Centre de nutrition sociale périnatale, un groupe d’entraide a ainsi été conçu dans le but de renforcer le pouvoir d’agir des femmes demandeuses d’asile enceintes et ayant récemment accouché (moins de 6 mois). Le projet de maîtrise en travail social se compose de sessions informatives centrées autour de thèmes choisis avec les femmes (étapes de demande d’asile, accueil d’un enfant à Montréal ou procédures légales après l’accouchement). De plus, des ateliers et discussions de groupe permettront à celles-ci de partager leurs expériences, leurs conseils et leurs inquiétudes.
Ce projet démontre notamment l’importance d’une collaboration entre le milieu universitaire (Université du Québec à Montréal) et communautaire (Alima) pour avoir un contact privilégié avec cette clientèle et ainsi mieux connaître leurs enjeux migratoires et périnataux prioritaires. Enfin, les constats ressortissants pourront contribuer au développement des pratiques en travail social avec les femmes demandeuses d’asile enceintes ou ayant récemment accouché.
Grâce à une entente avec la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) offre le service de la représentation désignée depuis plus d’une vingtaine d’années. La représentation désignée consiste à accompagner les personnes demandeuses d’asile les plus vulnérables dans le processus de leur demande d’asile. À partir d’un mandat émis par la CISR, un travailleur social du PRAIDA peut agir à titre de représentant désigné pour les mineurs non accompagnés et des demandeurs d’asile qui ne sont pas en mesure de comprendre la nature de la procédure dans le but de représenter leurs intérêts supérieurs.
Considérant les principes de justice naturelle, la représentation désignée permet la défense des intérêts supérieurs des demandeurs d’asile vulnérables en assurant l’équité au niveau de l’accès à la justice.
Pour ce faire, les représentants désignés doivent soutenir la personne dans la préparation de son dossier en lui trouvant un conseil, en vulgarisant l’information et en élaborant des arguments qui aideront le Tribunal à rendre des décisions équitables et éclairées.
L’objectif de cette présentation est de mettre en lumière ce service unique et fondamental, quoique méconnu, qui s’inscrit à la jonction des domaines du droit et du travail social. Le travailleur social du PRAIDA dans son rôle de représentant désigné joue un rôle de facilitateur en créant, en quelque sorte, une passerelle entre les cadres de référence ethno-socio-culturels de la personne représentée, son conseil et le système de demande d’asile du Canada.
Carnets de route est un projet destiné aux personnes réfugiées et en demande d’asile ainsi qu’aux intervenant·e·s et autres professionnel·le·s qui les accompagnent, fournissant des informations qui visent à faciliter le processus d’installation. Les outils seront disponibles à partir de mars 2024.
Nous proposons un atelier en trois parties :
La première partie présentera cinq cas fictifs, à partir desquels nous naviguerons dans les différents formats et profils de Carnets de route. Il s’agira d’une manière interactive et concrète pour le public de se familiariser avec l’outil.
La deuxième partie se concentrera sur les processus de collaboration qui ont été mis en place au sein du projet. Une personne elle-même réfugiée ou en demande d’asile partagera son implication au sein de Carnets de route, ainsi qu’une ou deux autres personnes du terrain provenant d’autres secteurs, par exemple du PRAIDA. Nous détaillerons également notre collaboration avec le comité des intervenant·e·s et chercheuse·eur·s, ainsi qu’avec des expert·e·s du terrain.
La troisième partie de l’atelier sera axée sur ces défis posés par l’élaboration d’outils tels que Carnets de route :
- La mise à jour de contenus complexes dans un contexte de désinformation et de changements rapides ;
- La complémentarité entre les différents outils existants ;
- L’arrimage entre l’information officielle et la réalité pratique ;
- L’utilisation de ces outils dans la trajectoire de soins.
Les participant·e·s seront appelé·e·s à se prononcer sur ces questions dans une modalité interactive. L’activité terminera avec un retour en grand groupe sur les solutions proposées.
Une transition de vie majeure s’opère entre 18 et 25 ans. Pour les jeunes en situation de refuge, en plus du passage vers l’âge adulte, s’ajoutent la migration et le développement de nouveaux points de repère, tout en maintenant des ancrages et interconnexions dans d’autres contextes nationaux. Dans leurs cas, la complexité des statuts migratoires peut moduler leurs capacités de se projeter dans l’avenir ou simplement d’accéder à des services, particulièrement pour les demandeurs d’asile. En outre, des ressources sont déployées par des organismes publics et communautaires qui opèrent indépendamment et qui peuvent être adaptées ou pas à leurs réalités, et entraîner des défis d’accessibilité pour un·e jeune qui navigue « dans le système ». Les analyses sont issues d’une recherche récente appuyée par un comité de partenaires à la recherche (CSAI, Cari St-Laurent, Centre de Services scolaires Marguerite Bourgeois, CJE Bourassa-Sauvé et le Comité consultatif Personnes immigrantes) réalisée à Montréal auprès de 29 jeunes adultes, de différents statuts d’immigration, dont 3 ont eu un statut de demandeurs d’asile et 8 comme réfugiés. En complément, 15 intervenant·e·s, conseiller·ère·s, enseignant·e·s et porteurs de programmes ont été rencontrés. Les analyses mettront en lumière la complexité de leurs trajectoires et de leurs ressources de soutien (formelles ou informelles) qui se déploient diversement aux plans local et transnational. En conclusion, nous proposons des réflexions sur l’intérêt de la prise en compte des complexités de leurs trajectoires et des ressources déployées au-delà des frontières nationales.
Une intervention infirmière de proximité a été implantée depuis 2019 dans deux quartiers défavorisés de Sherbrooke, Québec, en réponse au manque de coordination, d’intégration et de continuité dans les trajectoires de soins et services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Issue d’un projet de recherche-action, cette initiative a été coconstruite pour répondre aux besoins des usagers ainsi qu’aux professionnels et intervenants. Cette intervention est basée sur la pratique infirmière avancée et son intégration dans un réseau intersectoriel. L’objectif est de fournir une intervention à la fois populationnelle et spécifique pour les personnes réfugiées et demandant l’asile. L’infirmière clinicienne de proximité agit en tant qu’acteur pivot, collaborant avec les intervenants de l’équipe psychosociale de proximité, les infirmières praticiennes spécialisées et médecins de la Clinique des réfugiés, les intervenants des organismes communautaires, les hôpitaux, les écoles, etc.
Ce symposium permettra aux acteurs impliqués (clinique, gestion, usager, recherche) de discuter du processus d’implantation du projet, de son fonctionnement quotidien et de ses effets sur les trajectoires de soins et services des usagers. C’est un bon exemple de projet complexe dont la multiplicité des acteurs et des groupes d’intérêt peut être une barrière. L’application d’une vision systémique dès le départ a permis d’éviter certains écueils, mais d’autres enjeux ont émergé, notamment dans la navigation en contexte pandémique, de roulement de personnel et de tentative de pérenniser ce projet. L’échange d’expériences vise à mieux comprendre ces enjeux, en tirer des apprentissages collectifs et penser la mise à l’échelle de cette intervention novatrice.
La première communication portera sur l’expérience d’une gestionnaire et d’une infirmière de proximité. La seconde portera sur l’expérience d’une personne réfugiée usagère des services de cette intervention de proximité. La dernière communication portera sur l’expérience d’un intervenant de l’équipe psychosociale de proximité. Une brève mise en contexte de l’origine du projet débutera le symposium. Une affiche portant sur les résultats qualitatifs et quantitatifs du projet sera exposée et présentée succinctement.