Accès aux services

Expérience de soutien pendant la période périnatale de réfugiées et de demandeuses d’asile en contexte urbain

Le Québec a connu une forte croissance du nombre de personnes réfugiées et en demande d’asile au cours des dernières années. Entre mars et novembre 2022, 600 de personnes réfugiées et en demande d’asile enceintes ont obtenu de services de santé dans la région de Montréal. Cette étude de recherche qualitative cherche de mieux comprendre l’expérience de soutien ressenti, les facilitateurs et les barrières à des soins de haute qualité pendant la grossesse et l’accouchement à partir de perspectives multiples, y compris celles de diverses professionnel‧le‧s. qui les soignent dans un grand milieu urbain. Par la méthodologie de questionnaires et de groupes de discussion, nous avons creusé dans l’expérience de personnes réfugiées et en demande d’asile (18 –7), de professionnels de la santé (médecins, sages-femmes, travailleuses sociales, infirmier‧es) (38–7), et des accompagnantes à la naissance (doulas) (17–9). Quatre thèmes principaux sont ressortis: les parcours migratoires de personnes réfugiées et en demande d’asile, l’expérience d’accouchement, l’accès au système de santé au Québec, et le travail d’équipe et la collaboration interprofessionnelle. Nous allons partager la richesse des sous-thèmes qui sont ressortis, ainsi que plusieurs pistes de solutions identifiées. Nous allons partager notre outil pratique de recommandations qui aligne nos retombées avec des données d’une revue de littérature médicale ainsi que nos propres réflexions d’équipe des intervenants cliniques et chercheurs interprofessionnels.

Interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez les populations migrantes forcées : Résultats préliminaires d’une revue systématique à méthodes mixtes

La littératie en santé numérique est considérée comme un déterminant de la santé qui peut influencer l’état de la santé et du bien-être, l’équité en santé et la réduction des inégalités sociales en matière de santé. C’est donc un atout pour les individus afin de favoriser leur santé. Cependant, la faible littératie en santé numérique peut s’avérer un problème pour certaines populations ayant un vécu de migration forcée. Ces dernières n’ont pas toujours la capacité et les compétences nécessaires pour accéder aux ressources numériques en santé et les utiliser de manière efficiente. À notre connaissance, il existe peu d’études sur les interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez cette population. L’objectif de cette étude est d’identifier des interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez les personnes ayant vécu un parcours de migration forcée au Québec et à l’étranger. Une revue systématique à méthodes mixtes a été utilisée pour mener l’étude conformément à la liste de contrôle PRISMA. La méthode de synthèse narrative a été utilisée pour présenter les résultats, à savoir une image complète des interventions en matière de littératie en santé numérique, leurs caractéristiques et les facteurs de succès de ces interventions. 

AlloCanada : le numérique au service des personnes réfugiées et en demande d’asile

Le Centre de réfugiés, en partenariat avec DevBloc, a soutenu la création et le développement d’AlloCanada, une plateforme numérique centralisant les services auxquels les nouveaux arrivants ont besoin d’accéder tout au long de leur parcours d’installation et d’intégration. Cette plateforme dresse la carte des services disponibles pour les nouveaux arrivants dans toutes les grandes villes du pays. Contrairement à d’autres ressources, cette application peut filtrer toutes les organisations susceptibles d’aider ses utilisateurs en fonction de leur statut migratoire et des types de services offerts, et construire leur propre parcours de réinstallation personnalisé.
AlloCanada est né en réponse à la pandémie de COVID-19. Les démarches d’immigration se sont complexifiées avec l’augmentation des demandes d’asile depuis la réouverture des frontières post-pandémie. L’introduction du portail IRCC/eApp et du programme OneTouch en sont des exemples. Depuis mars 2023, toute nouvelle demande d’asile doit être soumise en ligne sur le portail d’IRCC/ eApp. Auparavant, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) remplissait les formulaires papiers avec le demandeur au point d’entrée officiel, tout en effectuant le traitement intégral de la recevabilité de la demande. Le processus se fait désormais en deux temps : le demandeur reçoit l’accusé de réception de la demande d’asile au point d’entrée et la détermination de la recevabilité de la demande sera faite après la soumission du portail. Toutefois, pour les demandes traitées à travers le programme OneTouch, la détermination de la recevabilité est faite au point d’entrée officiel mais la personne doit tout de même remplir le portail. La variété de parcours rend donc chaque étape de la demande d’asile différente d’une personne à l’autre.
Face à cette complexité, la difficulté de s’y retrouver autant pour les bénéficiaires que pour les prestataires de services concernant les ressources et l’offre de services disponibles est devenue de plus en plus évidente. Suite à des consultations auprès des organismes communautaires et de la population desservie, nous avons identifié plusieurs enjeux dont la méconnaissance des ressources existantes, la difficulté d’accès aux ressources disponibles, la difficulté d’obtenir l’information à jour sur les services offerts et les différentes méthodes d’accès aux services, les difficultés d’adaptation aux différents processus de référencement entre organismes, entre autre.
AlloCanada propose une approche novatrice en exploitant les avantages du numérique pour centraliser, personnaliser et faciliter l’accès aux services, tout en intégrant des fonctionnalités telles que la cartographie, le filtrage personnalisé, le suivi continu et le multilinguisme. En centralisant l’ensemble des services nécessaires pour les nouveaux arrivants sur une seule plateforme numérique, les utilisateurs ont un accès facile à une variété de ressources, éliminant ainsi la complexité associée à la recherche d’informations dispersées. De plus, la cartographie des services disponibles dans les grandes villes canadiennes offre une vision géographique des ressources, facilitant la localisation des services près du lieu de résidence des nouveaux arrivants. AlloCanada facilite également le suivi d’un organisme à l’autre, permettant une continuité dans la prestation de services. Cette fonctionnalité contribue à surmonter les obstacles liés aux transitions entre les différentes étapes du parcours d’intégration, ainsi qu’à faciliter le référencement et la gestion des services offerts dans les organismes.
La communication vise le partage de cette nouvelle plateforme qui a pour objectif principal d’utiliser le numérique afin de faciliter les trajectoires des personnes réfugiées et en demande d’asile.

Accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes demandeuses d’asile : regard de la recherche sur les politiques et pratiques institutionnelles

Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.

Clinique d’enseignement novatrice de prise en charge des demandeurs d’asile en médecine familiale et perception des résidents en formation

La porte d’entrée au système de santé au Québec passe par la première ligne, mais il existe plusieurs barrières rendant l’accès aux soins difficile, particulièrement pour les demandeurs d’asile. L’accès aux services de santé peut être vu comme discriminant en vertu du statut légal des demandeurs d’asile et peu de médecins se sentent outillés pour répondre adéquatement à leurs besoins.

Afin de répondre aux besoins en soins de santé des demandeurs d’asile et d’atténuer les barrières à l’accès aux soins, l’équipe du GMF-U Bordeaux-Cartierville a mis en place un projet novateur, en partenariat avec des organismes de la région, dont le SIPPE et le GAP. Il s’agit d’une clinique interdisciplinaire, impliquant notamment médecins et travailleurs sociaux, qui a deux objectifs interreliés. Elle vise d’abord à assurer la prise en charge en médecine familiale de demandeurs d’asile et ayant des besoins de santé ou de services psychosociaux. La clinique a aussi un objectif pédagogique, soit d’enseigner aux résidents en médecine familiale les particularités des soins de première ligne offerts aux migrants. Les résidents en formation seront à terme davantage outillés à poursuivre la prise en charge de cette clientèle. Un projet de recherche est également en cours étudiant la perspective des résidents face à cette innovation pédagogique.

Les objectifs de la présentation sont :

  • Découvrir le projet novateur de clinique des migrants du GMF-U Bordeaux-Cartierville
  • Réfléchir à l’impact d’une telle clinique sur la santé des migrants
  • Comprendre le projet de recherche en cours sur la perception des résidents en médecine familiale sur leur participation à la clinique

Trajectoires de vies et d’interventions transnationales : soutenir les personnes en situation de refuge et de demande d’asile à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada

Les personnes réfugiées et en demande d’asile qui s’établissent au Québec font face à une complexité et une précarité grandissantes de leurs trajectoires, en partie à cause du resserrement des options de protection durables dans les pays comme le Canada ainsi qu’à l’augmentation de la violence sur les chemins de l’exil. Le soutien offert par les personnes intervenantes qui les accompagnent au Québec se doit donc de tenir compte de ce contexte et de ses impacts sur la vie des personnes concernées sur les plans locaux, nationaux et transnationaux.

Construit dans une perspective multidisciplinaire (travail social, anthropologie) et intersectorielle (services publics et communautaires), cet atelier s’adresse aux praticien·ne·s, aux chercheur·e·s ainsi qu’à toute personne concernée ou intéressée à échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes.

Plus spécifiquement, il vise à :

  • Informer et sensibiliser les personnes participantes aux pratiques d’intervention transnationale à partir d’exemples tirés de projets de recherche et de pratiques d’intervention ;
  • Échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes ;
  • Dégager collectivement des pistes d’intervention porteuses en matière d’accompagnement (psycho) social dans une perspective transnationale.

Il s’appuie sur les constats issus de deux recherches menées auprès de membres de familles réfugiées transnationales en processus de réunification vers le Québec (Richard, à paraitre) et de jeunes adultes d’immigration récente à Montréal. Toutes deux placent au centre le point de vue des personnes directement concernées en les mettant en dialogue avec celui des intervenant·e·s qui les soutiennent.

Une brève contextualisation de l’intervention transnationale sera d’abord effectuée par les deux co-présentatrices à partir d’exemples de pratiques d’intervention se déployant à la fois à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada. Des exemples tirés de la pratique d’accompagnement de personnes réfugiées et en demande d’asile seront aussi exposés. Les participant·e·s à l’atelier seront ensuite invité·e·s à partager des situations concrètes tirées de leurs expériences vécues et/ou de leurs pratiques d’intervention dans le cadre d’échanges en sous-groupes thématiques « familles » et « jeunes » afin de s’entraider et de faire émerger des pistes d’intervention porteuses.

Quelles leçons retenir de la prise en charge intersectorielle des mineurs non accompagnés à Montréal ? Une recherche qualitative participative

Des études montrent que les jeunes réfugié·e·s estiment que les services ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins en matière d’éducation, de soutien social et de santé. Ce contexte soulève la nécessité d’approches adaptées. Les enfants qui migrent sans leurs parents (mineurs non accompagnés, MNA) sont particulièrement vulnérables. À Montréal, les MNA reçoivent une prise en charge intersectorielle dont les points de référence sont des travailleurs sociaux du PRAIDA.

Notre recherche examine si et comment cette prise en charge intersectorielle permet d’améliorer les trajectoires de services pour les MNA. Des MNA participent directement au processus de recherche par la mise en place d’un Comité consultatif appelé JAM, « Jeunes ambitieux et motivés ». Notre recherche, toujours en cours, vise des entrevues approfondies avec des MNA (objectif n=20), des gestionnaires, des interprètes, des professionnels de l’éducation et de la santé et services sociaux, offrant des services aux MNA (objectif n=40). Le modèle de la réceptivité des services adaptés aux populations migrantes est utilisé comme cadre d’analyse.

Nous nous intéressons à différentes dimensions de la trajectoire de ces jeunes, notamment l’hébergement et l’accès aux différents services. Nous mettrons enfin la lumière sur le potentiel de cette prise en charge pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA.

Non seulement cette recherche permet d’approfondir des perspectives d’analyse peu ou pas étudiées jusqu’à présent, elle a aussi comme ambition de servir de point de départ au développement d’une communauté de pratiques pour les intervenants de première ligne sur les meilleures pratiques de services pour les MNA.
Plusieurs sous-études réalisées par des étudiants feront l’objet de diverses présentations :
Une première présentation proposera la description et l’appréciation du modèle de prise en charge intersectorielle à Montréal. Une deuxième présentation consistera en une analyse critique du potentiel de ce modèle pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA à Montréal. Enfin, la troisième présentation portera sur les impacts des modes d’hébergement sur le bien-être et l’intégration des MNA à Montréal.

Itinérance et demande d’asile : perspectives intersectorielles et transformations des pratiques

Les trajectoires de vie des personnes en demande d’asile sont complexes, et ces individus ne sont pas à l’abri de difficultés en matière de logement, d’autant plus qu’ils font face à une vulnérabilité liée à leur statut et à des défis d’accès aux services. Une série de trois présentations permettra d’explorer le phénomène de l’itinérance, les spécificités des programmes d’accueil au Québec, notamment le PRAIDA, ainsi que la perspective communautaire à travers l’étude de cas de la Maison du Père.
La première présentation fournira un portrait général du phénomène de l’itinérance. Elle illustrera la complexité de ce phénomène à partir des données d’un projet de recherche qualitative qui documente cinq profils de passage à l’itinérance chez les hommes.
La deuxième présentation mettra en lumière la situation des demandeurs d’asile au Québec, marquée par des volumes records ces dernières années. Elle abordera les enjeux actuels, tels que la crise du logement et les délais dans l’émission de certains documents, qui exercent une pression accrue sur le système d’accueil et accentuent le risque de précarité et d’itinérance pour certaines personnes en demande d’asile. La présentation terminera avec l’importance de renforcer la collaboration intersectorielle et d’adopter des approches novatrices pour optimiser la prise en charge et le soutien offerts à ces populations vulnérables.
La troisième présentation mettra en avant le rôle des organismes communautaires dans les trajectoires des personnes en situation d’itinérance en présentant la réalité d’un organisme communautaire de Montréal, la Maison du Père. Ensuite, une réflexion sociologique sur les pratiques d’accompagnement institutionnelles des personnes en situation d’itinérance vivant un processus de demande d’asile sera proposée.
Cette série de présentations vise à faire le point sur la complexité des besoins et des processus engagés à l’intersection de l’itinérance et de la demande d’asile, tout en explorant comment les pratiques peuvent se transformer pour mieux répondre aux besoins de cette population.

Au cœur de l’enfance : un modèle d’accompagnement à 360 degrés des familles et des enfants réfugiés, en demande d’asile ou à statut migratoire précaire, de la grossesse à la fin de l’adolescence

Au cœur de l’enfance a développé un modèle d’accompagnement des familles sur toute la trajectoire de la parentalité, avec une expertise particulière pour l’accompagnement des enfants et des familles réfugiées, en demandes d’asile, ou migrantes à statut précaire, sans RAMQ ou PFSI). L’accompagnement amorcé dès les premiers moments de la vie, pendant la période périnatale, par une équipe spécialisée (sage-femme, IPS, pédiatre, accompagnantes à la naissance, intervenantes en périnatalité) se poursuit donc pendant la petite enfance, et au besoin jusqu’à la fin de l’adolescence.

Dans un souci de suivi de trajectoire à long terme et dans une approche intégrée, Au cœur de l’enfance combine plusieurs volets de services sous un même toit (centre de la petite enfance, périnatalité sociale, pédiatrie sociale, maison des familles). La présence d’une équipe interdisciplinaire à l’expertise large (médecine, travail social, éducation et éducation spécialisée, droit, orthophonie, musicothérapie) permet de moduler les suivis selon les besoins des familles et leur parcours de vie et d’offrir un accompagnement à 360 degrés ancré sur le lien de confiance. Au cœur de l’enfance est avant tout un milieu de vie et joue le rôle d’un point d’ancrage dans la vie des familles afin de favoriser la santé, le développement et le bien-être des enfants.

Notre présentation vise à présenter les avantages d’un tel modèle de services de proximité pour l’accompagnement de familles réfugiées ou à statut migratoire précaire : force et continuité du lien de confiance facilitant l’accès aux services pour des familles souvent méfiantes du réseau public, création d’une communauté d’accueil, complémentarité, etc.

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