Accès aux services

À la croisée des chemins : Point de transition dans la trajectoire des intervenants et des demandeurs d’asile

L’accueil psychosocial et l’hébergement du PRAIDA sont des milieux d’intervention uniques et complexes. Ces équipes doivent composer avec de nombreux défis, tant individuels que systémiques : la barrière de la langue, le contexte interculturel, l’incertitude face à l’avenir, les conditions de vie précaires, la difficulté d’accès aux services ou encore la méconnaissance du fonctionnement des institutions. Ces défis, pour n’en nommer que quelques-uns, font partie de la réalité du processus d’inclusion des demandeurs d’asile. Ces complexités multiples demandent une adaptation continue, autant pour les demandeurs d’asile que pour les intervenants.

Le service aux demandeurs d’asile de la Capitale-Nationale. Une porte d’entrée vers des soins adaptés

Depuis septembre 2023, les Services aux demandeurs d’asile (SDA) sont officiellement mis en place et disponibles à la population de la région de la Capitale-Nationale.
Ces services de première ligne sont accessibles aux personnes et aux familles qui ont effectué une demande d’asile au Canada. Il vise à faciliter l’accès aux soins et services du Réseau de la Santé et des Services sociaux, adaptés à leurs besoins, et ce, dès leur arrivée sur le territoire de la Capitale-Nationale. Le Service aux demandeurs d’asile (SDA) assure un accès, une qualité de soins et des services culturellement adaptés par une équipe interprofessionnelle. Sa mission est celle d’accueillir, de stabiliser et d’orienter les personnes vers le réseau de la santé selon les besoins identifiés. De plus, il compte un soutien clinique en interculturel transversal assurée par une coordination professionnelle en interculturel (volet clinique) et une chargée de projet en interculturel qui assure le développement de l’offre de service. Nous allons aborder le mandat et le type d’interventions offertes à l’intérieur de ce nouveau service. Nous allons aussi aborder les enjeux et défis de l’implantation du SDA pour l’équipe et les usagers, tels que les enjeux d’accessibilité aux services et à l’interprétariat.

Rebondir dans sa terre d’accueil

Mis sur pied en 1999, le programme Bien dans mes baskets (Bdmb) utilise et transforme les sports d’équipe en de puissants outils d’interventions psychosociales. Depuis 2015, Bdmb est implanté au Centre Gédéon-Ouimet (CGO), un centre d’éducation aux adultes à vocation régionale situé dans le Centre-Sud de Montréal. En 2019, le projet CGO s’adapte aux réalités du milieu et cible désormais, par l’entremise de 3 sports d’équipe, la clientèle d’immigration récente participant au volet de francisation du centre.
L’implantation de cette pratique novatrice passant par le corps a permis la création d’un lien de confiance entre le professionnel, les jeunes et le personnel scolaire et a fait émerger un climat propice à l’intervention de première ligne. Nous constatons à nouveau que le contexte sportif, allié à de l’intervention psychosociale professionnelle de proximité, peut créer un laboratoire d’observation des comportements, des dynamiques interculturelles et devenir ainsi un lieu d’éducation et d’apprentissages prosociaux extraordinaire. Malgré les barrières linguistiques, culturelles et sanitaires, nous avons offert cette espace de soutien tant formel qu’informel qui a permis ce premier contact avec les services sociaux professionnels et le développement d’un milieu de vie favorisant la persévérance scolaire et sociale.
De cette expérience seront ainsi présentés les traits distinctifs de la philosophie du programme et de sa clientèle ainsi que la composition de ses actions. Nous terminerons par une présentation des données d’une recherche évaluative sur le projet, réalisée par l’équipe de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté.

Implantations et effets des nouveaux délais d’évaluation « 30-90 » sur la pratique et les services des équipes de santé des réfugié·e·s. Réflexions autour de la notion de « délai » et recommandations

Depuis 2012, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a mandaté 11 CISSS et CIUSSS à travers le Québec afin de prodiguer aux personnes réfugiées une évaluation de leur bien-être et de leur état de santé physique. Cette évaluation composée de deux visites était initialement réalisée dans un intervalle de 10 jours suivant l’arrivée pour la première et de 30 jours pour la deuxième. En 2021, ces délais ont été allongés par mesure ministérielle à « 30-90 », sur les recommandations du Centre d’expertise sur le bien-être et l’état de santé physique des réfugiés et des demandeurs d’asile (CERDA) en collaboration avec un comité consultatif interdisciplinaire interprovincial.
Entre 2021 et 2023, le CERDA a mené un projet de recherche auprès de huit CIUSSS/CISSS afin d’évaluer l’implantation et les effets de ces nouveaux délais. La méthodologie de type mixte portait sur les analyses statistiques des données Gestred et qualitatives d’entrevues (gestionnaires, professionnel·le·s, personnes réfugiées). Les résultats mettent en évidence une appréciation générale positive des nouveaux délais, au regard de leur adéquation avec les réalités du terrain et l’amélioration perçue de la qualité des services. Néanmoins, plusieurs constats font état du maintien de défis administratifs et logistiques concernant le respect du « 30-90 ».
À la lumière de ces observations, une réflexion est portée sur la notion de délai en matière de services d’évaluation et des pistes de recommandations sont présentées.

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