Promouvoir des changements ayant une réelle importance en amplifiant les voix de jeunes, enfants et familles demandeurs d’asile – trois perspectives ethnographiques

Promouvoir des changements ayant une réelle importance en amplifiant les voix de jeunes, enfants et familles demandeurs d’asile – trois perspectives ethnographiques

Bien que le Canada ait déployé des efforts pour freiner l’arrivée de demandeurs d’asile, le Québec continue d’enregistrer un nombre élevé d’arrivées, ayant des répercussions sur le logement, les services sociaux et les écoles. Avec un discours public polarisé portant sur le manque de ressources et la surcharge du système, peu d’attention est accordée aux voix des personnes demandant l’asile. Dans ce symposium, nous présenterons trois projets de recherche-action interconnectés qui cherchent à comprendre l’expérience de jeunes, d’enfants et familles demandant l’asile. La première présentation explore la création d’un groupe consultatif axé sur l’art pour les jeunes nouvellement arrivés, ainsi que la signification accordée à cet espace. La deuxième communication décrira les avantages et les limites des premiers soins psychologiques basés sur l’art offerts aux jeunes dans les sites d’hébergement temporaire fédéraux (hôtels) en s’appuyant sur des observations participatives et créations artistiques. La dernière présentation partagera des résultats préliminaires d’une étude financée par les IRSC, Safer Havens, qui examine les politiques et les pratiques liées aux hôtels en Ontario et au Québec. Dans l’ensemble, nos résultats préliminaires mettent l’accent sur les possibilités qu’offrent les espaces artistiques pour promouvoir un sentiment d’appartenance et de communauté au cœur de la réinstallation. Ces trois projets visent également à amplifier les voix de personnes demandant l’asile pour inciter les décideurs politiques à changer de regard en proposant une compréhension à la première personne des contextes de réinstallation pouvant susciter des changements de politiques et de pratiques favorisant la santé mentale, l’inclusion sociale et l’équité.

Miser sur la collaboration interprofessionnelle et intersectorielle pour améliorer les trajectoires de soins et de services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Retours d’expériences sur un projet pilote au Québec

Une intervention infirmière de proximité a été implantée depuis 2019 dans deux quartiers défavorisés de Sherbrooke, Québec, en réponse au manque de coordination, d’intégration et de continuité dans les trajectoires de soins et services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Issue d’un projet de recherche-action, cette initiative a été coconstruite pour répondre aux besoins des usagers ainsi qu’aux professionnels et intervenants. Cette intervention est basée sur la pratique infirmière avancée et son intégration dans un réseau intersectoriel. L’objectif est de fournir une intervention à la fois populationnelle et spécifique pour les personnes réfugiées et demandant l’asile. L’infirmière clinicienne de proximité agit en tant qu’acteur pivot, collaborant avec les intervenants de l’équipe psychosociale de proximité, les infirmières praticiennes spécialisées et médecins de la Clinique des réfugiés, les intervenants des organismes communautaires, les hôpitaux, les écoles, etc.
Ce symposium permettra aux acteurs impliqués (clinique, gestion, usager, recherche) de discuter du processus d’implantation du projet, de son fonctionnement quotidien et de ses effets sur les trajectoires de soins et services des usagers. C’est un bon exemple de projet complexe dont la multiplicité des acteurs et des groupes d’intérêt peut être une barrière. L’application d’une vision systémique dès le départ a permis d’éviter certains écueils, mais d’autres enjeux ont émergé, notamment dans la navigation en contexte pandémique, de roulement de personnel et de tentative de pérenniser ce projet. L’échange d’expériences vise à mieux comprendre ces enjeux, en tirer des apprentissages collectifs et penser la mise à l’échelle de cette intervention novatrice.
La première communication portera sur l’expérience d’une gestionnaire et d’une infirmière de proximité. La seconde portera sur l’expérience d’une personne réfugiée usagère des services de cette intervention de proximité. La dernière communication portera sur l’expérience d’un intervenant de l’équipe psychosociale de proximité. Une brève mise en contexte de l’origine du projet débutera le symposium. Une affiche portant sur les résultats qualitatifs et quantitatifs du projet sera exposée et présentée succinctement.

À la croisée des chemins : Point de transition dans la trajectoire des intervenants et des demandeurs d’asile

L’accueil psychosocial et l’hébergement du PRAIDA sont des milieux d’intervention uniques et complexes. Ces équipes doivent composer avec de nombreux défis, tant individuels que systémiques : la barrière de la langue, le contexte interculturel, l’incertitude face à l’avenir, les conditions de vie précaires, la difficulté d’accès aux services ou encore la méconnaissance du fonctionnement des institutions. Ces défis, pour n’en nommer que quelques-uns, font partie de la réalité du processus d’inclusion des demandeurs d’asile. Ces complexités multiples demandent une adaptation continue, autant pour les demandeurs d’asile que pour les intervenants.

Le service aux demandeurs d’asile de la Capitale-Nationale. Une porte d’entrée vers des soins adaptés

Depuis septembre 2023, les Services aux demandeurs d’asile (SDA) sont officiellement mis en place et disponibles à la population de la région de la Capitale-Nationale.
Ces services de première ligne sont accessibles aux personnes et aux familles qui ont effectué une demande d’asile au Canada. Il vise à faciliter l’accès aux soins et services du Réseau de la Santé et des Services sociaux, adaptés à leurs besoins, et ce, dès leur arrivée sur le territoire de la Capitale-Nationale. Le Service aux demandeurs d’asile (SDA) assure un accès, une qualité de soins et des services culturellement adaptés par une équipe interprofessionnelle. Sa mission est celle d’accueillir, de stabiliser et d’orienter les personnes vers le réseau de la santé selon les besoins identifiés. De plus, il compte un soutien clinique en interculturel transversal assurée par une coordination professionnelle en interculturel (volet clinique) et une chargée de projet en interculturel qui assure le développement de l’offre de service. Nous allons aborder le mandat et le type d’interventions offertes à l’intérieur de ce nouveau service. Nous allons aussi aborder les enjeux et défis de l’implantation du SDA pour l’équipe et les usagers, tels que les enjeux d’accessibilité aux services et à l’interprétariat.

Enjeux d’accompagnement de la jeunesse étrangère isolée : entre protection et immigration

Le phénomène des migrations juvéniles, bien que moins mis en avant dans le débat public et scientifique au Canada et au Québec qu’en Europe occidentale, soulève néanmoins des questions importantes quant aux interventions à envisager auprès des jeunes catégorisés comme « mineur·e·s non accompagné·e·s » (MNA). Bien que confrontés à des politiques migratoires différentes, tout comme les enjeux géographiques, démographiques et économiques, tant en France qu’au Québec, ces jeunes se confrontent à des défis similaires en matière de régularisation, d’accès aux services et de scolarisation lors du passage à la majorité. En effet, ces enjeux de rapport d’âge et de statut se retrouvent malgré des cadres d’intervention différents : en France, la prise en charge des MNA est encadrée par la protection de l’enfance, tandis qu’au Québec, elle relève du domaine de l’asile. Cette divergence dans les approches souligne l’importance d’une analyse comparative à venir pour identifier les effets des politiques d’immigration sur les parcours des jeunes étranger·s isolé·es. Cette communication vise à présenter une étude de cas française permettant de relever et d’appréhender des problématiques que rencontrent les MNA, tout en offrant une base de réflexion pour les pratiques. Elle démontre comment l’indésirabilité s’inscrit dans les trajectoires institutionnelles et non institutionnelles des jeunes étranger·ères, et contraint ces derniers à se tourner vers des protections de substitution de la société civile. Si en France, c’est principalement l’indésirabilité des migrants qui marque les parcours de ces jeunes, des enjeux de statut et de passage à la majorité sont également observés de part et d’autre de l’Atlantique.

Rebondir dans sa terre d’accueil

Mis sur pied en 1999, le programme Bien dans mes baskets (Bdmb) utilise et transforme les sports d’équipe en de puissants outils d’interventions psychosociales. Depuis 2015, Bdmb est implanté au Centre Gédéon-Ouimet (CGO), un centre d’éducation aux adultes à vocation régionale situé dans le Centre-Sud de Montréal. En 2019, le projet CGO s’adapte aux réalités du milieu et cible désormais, par l’entremise de 3 sports d’équipe, la clientèle d’immigration récente participant au volet de francisation du centre.
L’implantation de cette pratique novatrice passant par le corps a permis la création d’un lien de confiance entre le professionnel, les jeunes et le personnel scolaire et a fait émerger un climat propice à l’intervention de première ligne. Nous constatons à nouveau que le contexte sportif, allié à de l’intervention psychosociale professionnelle de proximité, peut créer un laboratoire d’observation des comportements, des dynamiques interculturelles et devenir ainsi un lieu d’éducation et d’apprentissages prosociaux extraordinaire. Malgré les barrières linguistiques, culturelles et sanitaires, nous avons offert cette espace de soutien tant formel qu’informel qui a permis ce premier contact avec les services sociaux professionnels et le développement d’un milieu de vie favorisant la persévérance scolaire et sociale.
De cette expérience seront ainsi présentés les traits distinctifs de la philosophie du programme et de sa clientèle ainsi que la composition de ses actions. Nous terminerons par une présentation des données d’une recherche évaluative sur le projet, réalisée par l’équipe de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté.

Quand le clinicien est une personne de couleur, parallèles entre trajectoires de services et vies entre demandeurs d’asile et l’expérience du clinicien immigrant

La sécurisation culturelle représente un pilier fondamental dans la préservation et la promotion des identités culturelles au sein de nos sociétés. Son objectif est de garantir le respect et la préservation des diverses cultures, traditions et modes de vie, tout en favorisant la diversité et l’inclusion. En tant qu’outil clinique, elle offre une ouverture à l’histoire de vie et aux expériences vécues par le client, ce qui s’avère essentiel pour atténuer les situations de stress post-traumatique, de dépression et d’anxiété souvent liées à des expériences de racisme.

Dans notre présentation, nous chercherons à illustrer ce concept à travers des vignettes cliniques basées sur des expériences avec différents clients, démontrant que la présence d’un clinicien de couleur (POC) peut faciliter cette ouverture et permettre l’utilisation de cette approche en clinique transculturelle. La méthode consiste à introduire un dévoilement limité sur un thème apporté par le client et développé par le clinicien en utilisant des éléments de sa propre trajectoire, dans le but de faciliter la compréhension et l’élaboration par le client de ses propres expériences. Cette approche, souvent qualifiée d’« expérience émotionnelle corrective antiraciste », vise à contourner et à soutenir un nouveau sens pour le client vivant des situations de racisme et d’exclusion.

Les parcours socioprofessionnels et les trajectoires de soins des personnes issues de l’immigration dans la région de Québec

Dans les premières années suivant l’arrivée, il peut être complexe pour les personnes immigrantes de se repérer et de s’orienter dans la société d’accueil, particulièrement en ce qui a trait à l’accessibilité aux différents services. Les pratiques socioprofessionnelles d’accompagnement et de soutien, ainsi que les trajectoires de soins au sein du réseau de la santé et des services sociaux sont particulièrement concernées. L’invisibilité liée à certains statuts migratoires expose ces personnes à de multiples enjeux de précarité d’emploi. D’autre part, les trajectoires de soins ne répondent pas toujours à leurs besoins. En ce sens, ce symposium exposera trois communications découlant de projets de recherche interdisciplinaires et en partenariat réalisés par des membres de l’Équipe en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec (ÉDIQ). La première communication portera un regard sur la précarisation du parcours socioprofessionnel des demandeurs d’asile. La deuxième sur les difficultés vécues par les personnes immigrantes à statut précaire dans l’accès aux soins de santé et de services sociaux. La dernière vise à présenter les pratiques innovatrices en interculturel mises en place par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSSCN). Le regard sera porté sur les retombées liées aux compétences culturelles qui suivent la mise en place d’une équipe d’intervenants pivots en interculturel (IPI). Enfin, quelques pistes de solution seront évoquées en vue de proposer une meilleure réponse sociale face aux réalités des personnes immigrantes dans la région de Québec.

Implantations et effets des nouveaux délais d’évaluation « 30-90 » sur la pratique et les services des équipes de santé des réfugié·e·s. Réflexions autour de la notion de « délai » et recommandations

Depuis 2012, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a mandaté 11 CISSS et CIUSSS à travers le Québec afin de prodiguer aux personnes réfugiées une évaluation de leur bien-être et de leur état de santé physique. Cette évaluation composée de deux visites était initialement réalisée dans un intervalle de 10 jours suivant l’arrivée pour la première et de 30 jours pour la deuxième. En 2021, ces délais ont été allongés par mesure ministérielle à « 30-90 », sur les recommandations du Centre d’expertise sur le bien-être et l’état de santé physique des réfugiés et des demandeurs d’asile (CERDA) en collaboration avec un comité consultatif interdisciplinaire interprovincial.
Entre 2021 et 2023, le CERDA a mené un projet de recherche auprès de huit CIUSSS/CISSS afin d’évaluer l’implantation et les effets de ces nouveaux délais. La méthodologie de type mixte portait sur les analyses statistiques des données Gestred et qualitatives d’entrevues (gestionnaires, professionnel·le·s, personnes réfugiées). Les résultats mettent en évidence une appréciation générale positive des nouveaux délais, au regard de leur adéquation avec les réalités du terrain et l’amélioration perçue de la qualité des services. Néanmoins, plusieurs constats font état du maintien de défis administratifs et logistiques concernant le respect du « 30-90 ».
À la lumière de ces observations, une réflexion est portée sur la notion de délai en matière de services d’évaluation et des pistes de recommandations sont présentées.

Les effets du programme Espace Parents sur l’adaptation du rôle parental des personnes réfugiées

Les défis rencontrés par les personnes réfugiées à leur arrivée dans leur société d’accueil sont bien documentés (barrière linguistique, emploi, logement, accès à des soins de santé, etc.). Pour les parents réfugiés, ces défis s’ajoutent à celui d’exercer ce rôle dans nouveau contexte culturel. Cette transition peut occasionner un stress pour le parent et augmenter le risque de conflit intrafamilial.
Afin de prévenir ce risque, un partenariat entre les milieux communautaires, académiques et institutionnels ont mis sur pied en 2016 le programme Espace Parents (EP). EP est une série de neuf ateliers offerts en petits groupes visant à accompagner les parents nouveaux arrivants dans leur transition. Différents thèmes sont abordés comme les impacts de l’immigration sur la famille, la réponse parentale aux besoins de l’enfant, les réseaux de soutien et l’accompagnement des enfants dans une double culture.
Les évaluations antérieures d’EP ont montré que le programme était implanté fidèlement et que les participants avaient apprécié leur expérience. Cependant, les effets d’EP sur l’adaptation des parents nouveaux arrivants et la façon dont le programme s’insère dans leur trajectoire d’intégration demeurent à ce jour méconnus.
Cette communication consistera dans un premier temps à présenter le programme EP. Dans un deuxième temps, une étude de cas d’un parent réfugié ayant participé à EP sera présentée sous forme de récit de vie afin de montrer les effets du programme sur leur trajectoire d’intégration. Comme conclusion, cette présentation propose d’ouvrir la discussion et d’échanger sur des façons qu’EP pourrait mieux rejoindre les parents réfugiés.

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