S’appuyer sur la pratique avancée des infirmières de proximité pour améliorer les trajectoires de soins et de services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Étude pilote à Sherbrooke, Québec

S’appuyer sur la pratique avancée des infirmières de proximité pour améliorer les trajectoires de soins et de services de personnes réfugiées et demandant l’asile. Étude pilote à Sherbrooke, Québec

En réponse au manque de coordination, d’intégration et de continuité entre les différents acteurs intervenant auprès des personnes réfugiées, une intervention infirmière de proximité a été mise en place depuis 2019, à la suite d’une réflexion commune entre usagers, intervenants, cliniciens, décideurs et chercheurs. Cette intervention est basée sur la pratique infirmière avancée et son intégration dans un réseau intersectoriel dans deux quartiers de Sherbrooke. L’objectif était de proposer une intervention à la fois populationnelle et spécifique pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. L’infirmière clinicienne de proximité (ICP) répond aux besoins des usagers (dans la mesure optimale de son champ de pratique) et agit comme acteur pivot avec les autres acteurs, tels que la Clinique des réfugiés (infirmières praticiennes spécialisées [IPS] et médecins), les organismes communautaires, les hôpitaux.

Ce projet repose sur un devis d’évaluation développementale avec des méthodes mixtes. Les sources de données sont : 1) analyse documentaire, 2) observation participante des réunions, 3) entretiens avec des gestionnaires, des professionnels et des utilisateurs de l’intervention (n=16), 4) des masques de saisis (n=397) remplis par les ICP, IPS et médecins, compilant des informations sur les interventions réalisées et sur les usagers. Les objectifs de cette présentation sont 1) de présenter une évaluation des facteurs qui facilitent et entravent la mise en œuvre de l’intervention, basée sur le modèle CFIR de Damschroder (2022) ; 2) de montrer les résultats de cette initiative en termes de réponse aux besoins des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Trousse Horizons : ressources et outils en prévention du suicide en contexte de diversité culturelle et de migration

Dans le cadre de la Stratégie nationale de prévention du suicide 2022-2026 – Rallumer l’espoir du Gouvernement du Québec, un mandat ministériel a été attribué à l’IU SHERPA et au CERDA pour le développement d’une trousse destinée à soutenir l’intervention en prévention du suicide auprès des personnes migrantes et membres des communautés ethnoculturelles minoritaires et/ou racisées. Des constats issus d’une revue de la littérature portant sur le sujet ainsi que de consultations menées auprès d’intervenant·e·s impliqué·e·s dans la prévention du suicide seront partagés. Une version préliminaire de la trousse ainsi que les modalités de la phase pilote seront également présentées.

Expérience de soutien pendant la période périnatale de réfugiées et de demandeuses d’asile en contexte urbain

Le Québec a connu une forte croissance du nombre de personnes réfugiées et en demande d’asile au cours des dernières années. Entre mars et novembre 2022, 600 de personnes réfugiées et en demande d’asile enceintes ont obtenu de services de santé dans la région de Montréal. Cette étude de recherche qualitative cherche de mieux comprendre l’expérience de soutien ressenti, les facilitateurs et les barrières à des soins de haute qualité pendant la grossesse et l’accouchement à partir de perspectives multiples, y compris celles de diverses professionnel‧le‧s. qui les soignent dans un grand milieu urbain. Par la méthodologie de questionnaires et de groupes de discussion, nous avons creusé dans l’expérience de personnes réfugiées et en demande d’asile (18 –7), de professionnels de la santé (médecins, sages-femmes, travailleuses sociales, infirmier‧es) (38–7), et des accompagnantes à la naissance (doulas) (17–9). Quatre thèmes principaux sont ressortis: les parcours migratoires de personnes réfugiées et en demande d’asile, l’expérience d’accouchement, l’accès au système de santé au Québec, et le travail d’équipe et la collaboration interprofessionnelle. Nous allons partager la richesse des sous-thèmes qui sont ressortis, ainsi que plusieurs pistes de solutions identifiées. Nous allons partager notre outil pratique de recommandations qui aligne nos retombées avec des données d’une revue de littérature médicale ainsi que nos propres réflexions d’équipe des intervenants cliniques et chercheurs interprofessionnels.

État de connaissance et utilisation des lignes d’aide psychologique par les immigrants musulmans au Québec : étude qualitative

L’accès aux services d’aide psychologique est crucial pour le bien-être des immigrants, dont les réfugiés, qui sont souvent confrontés à des traumatismes et des défis d’immigration et d’adaptation. Cependant, l’utilisation de ces services peut varier en fonction de plusieurs facteurs. Pour explorer l’état de connaissance et l’utilisation des lignes d’aide psychologique et de prévention de suicide par les immigrants et les réfugiés musulmans résidants au Québec, nous avons mené une étude qualitative basée sur des entretiens semi-directifs auprès de 21 immigrants musulmans (parmi eux 8 étaient des réfugiés). Les entretiens ont mis en évidence plusieurs barrières à l’accès et à l’utilisation de ces services, particulièrement observées chez les participants nouveaux arrivants. La barrière linguistique, la stigmatisation de la santé mentale et la méconnaissance des services disponibles se révèlent comme des obstacles majeurs, limitant l’accès à ces services. Les participants, indépendamment de leur statut migratoire et de la durée de résidence au Québec, utilisent moins ces services, soulignant ainsi la persistance de défis communs tels que la stigmatisation liée à la santé mentale et la méfiance envers ces services. Ces résultats mettent en lumière la nécessité de mieux sensibiliser les immigrants et les réfugiés à la disponibilité des services et de voir à des stratégies afin d’améliorer l’acceptabilité de ces services. Il faut agir sur les barrières structurelles et culturelles qui limitent l’utilisation des services d’aide psychologique par cette population vulnérable. 

Interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez les populations migrantes forcées : Résultats préliminaires d’une revue systématique à méthodes mixtes

La littératie en santé numérique est considérée comme un déterminant de la santé qui peut influencer l’état de la santé et du bien-être, l’équité en santé et la réduction des inégalités sociales en matière de santé. C’est donc un atout pour les individus afin de favoriser leur santé. Cependant, la faible littératie en santé numérique peut s’avérer un problème pour certaines populations ayant un vécu de migration forcée. Ces dernières n’ont pas toujours la capacité et les compétences nécessaires pour accéder aux ressources numériques en santé et les utiliser de manière efficiente. À notre connaissance, il existe peu d’études sur les interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez cette population. L’objectif de cette étude est d’identifier des interventions efficaces visant à améliorer la littératie en santé numérique chez les personnes ayant vécu un parcours de migration forcée au Québec et à l’étranger. Une revue systématique à méthodes mixtes a été utilisée pour mener l’étude conformément à la liste de contrôle PRISMA. La méthode de synthèse narrative a été utilisée pour présenter les résultats, à savoir une image complète des interventions en matière de littératie en santé numérique, leurs caractéristiques et les facteurs de succès de ces interventions. 

Facilitateurs et obstacles à l’inclusion des élèves réfugié·es et en demande d’asile au primaire : une analyse documentaire

Cette communication, tirée de nos recherches doctorales, explore les facilitateurs et les obstacles à l’inclusion des élèves réfugié·es et en demande d’asile en classe ordinaire du primaire. En fait, le Canada, signataire d’engagements internationaux en matière de protection des droits des personnes réfugiées et demandeuses d’asile (HCR, 2007), a vu 36 350 s’installer au Québec entre 2016 et 2021, dont près du quart étaient des enfants. Les écoles primaires en ont donc accueilli un nombre important à travers les années. Des études (p. ex., Fazel et al., 2016) ont documenté que ces élèves réfugié·es et en demande d’asile ont des besoins potentiellement particuliers et rencontrent des obstacles dans la société d’accueil. Dans une perspective inclusive, il incombe ainsi aux écoles de les soutenir afin de favoriser leurs apprentissages et leur adaptation (Magnan et al., 2021). Dans notre recherche documentaire, nous avons analysé 38 articles empiriques au Canada et à l’international. Ils ont été sélectionnés, car ils : 1) portaient sur les élèves immigrant·es, réfugié·es et en demande d’asile; 2) présentaient un contexte scolaire de niveau primaire en classe ordinaire; et 3) avaient été publiés depuis la dernière décennie. Nous mettons en lumière deux facilitateurs à l’inclusion : le soutien dans la socialisation et la collaboration école-famille-communauté. Nous discutons aussi de deux obstacles : la discrimination par les pairs et le manque de soutien. Enfin, nous soulignons le manque d’études sur l’inclusion des élèves réfugié·es et en demande d’asile au Québec et proposons des pistes pour l’approfondir dans notre thèse doctorale.

Présentation spéciale

Paul Tom

Réalisateur et auteur

Puiser dans l’intime et le personnel pour raconter des histoires touchantes, c’est ce que Paul Tom fait avec sensibilité depuis 15 ans. Ses films donnent la parole à des gens que l’on n’entend pas, créent des espaces de dialogue et ouvrent les bras à l’autre.

Paul Tom est aussi monteur, concepteur de vidéos d’expositions muséales et formateur dans de projets de médiation culturelle. Né de parents cambodgiens dans un camp de réfugiés en Thaïlande, ses thèmes de prédilection sont la construction de l’identité, les relations familiales ainsi que tout ce qui touche au côté intime et fragile de l’être humain. Ses films, Bagages et Seuls, ont été sélectionnés dans une quarantaine de festivals en plus de remporter une dizaine de prix. Seuls est son premier livre.

Racines croisées

Le travail artistique et collaboratif de Paul Tom permet à des jeunes nouveaux arrivants de mettre en lumière leurs histoires intimes et réalités complexes. Lui-même enfant de réfugiés cambodgiens, il part de sa propre histoire pour tisser des liens avec les participant·e·s et les invite ensuite à se révéler par le biais du théâtre, du cinéma documentaire et de l’art numérique.

Avec l’enseignante en art dramatique Mélissa Lefebvre, sa comparse de création depuis 10 ans, il a vu des milieux se rassembler grâce à leurs projets interdisciplinaires, intergénérationnels et interculturels. Ces initiatives dépassent les barrières de la médiation culturelle pour devenir des oeuvres artistiques à part entière accessibles au public : pièces de théâtre, films documentaires, expositions photographiques, installation performative.

Cette présentation fera le survol de tous ces projets qui ouvrent au dialogue : Bagages, Racines croisées, Pouvoir, Seuls, Refuges.

Conférence d’ouverture | Jour 2

Anusha Kassan

Professeure agrégée
Université de la Colombie-Britannique

Dr. Kassan est professeure agrégée à l’université de la Colombie-Britannique. Elle occupe un poste à impact élevé en santé mentale avec les enfants et les adolescents. Ses intérêts universitaires sont influencés par sa propre identité biculturelle et comprennent actuellement deux axes majeurs : les expériences d’immigration dans différentes communautés ainsi que les compétences culturelles et la justice sociale dans la formation en psychologie. Un de ses projets de recherche principal sur l’immigration est centrée sur l’intégration scolaire des jeunes nouveaux arrivants.

Le rôle de la réflexivité dans l’accompagnement des jeunes nouveaux arrivants tout au long du processus d’intégration scolaire

Cette présentation portera sur le rôle que joue la réflectivité dans le cadre de l’accompagnement des élèves nouveaux arrivants dans un contexte scolaire et des contextes connexes. Elle mettra en évidence la nature critique de cette pratique et incitera les participantes et les participants à réfléchir à leurs propres perceptions du monde et environnements de travail. Des exemples s’appuyant sur dix ans de recherche (qualitative et basée sur les arts) sur l’intégration scolaire seront fournis.

Le phénomène de l’intégration scolaire porte sur les efforts d’adaptation que font les jeunes nouveaux arrivants dans tous les aspects de la vie étudiante, à l’intérieur comme à l’extérieur du contexte éducatif, et représente un nouveau point d’entrée pour mieux capturer leurs expériences. Un modèle émergent d’intégration scolaire sera présenté et mettra l’accent sur les contextes individuels, scolaires, familiaux, communautaires et interactionnels qui influencent le développement psychosocial des élèves nouveaux arrivants dans l’Ouest canadien.

Dans le même ordre d’idées, les implications sur les plans de la pratique, de la formation, de la recherche et des politiques seront discutées.

François Crépeau

François Crépeau

Professeur titulaire
Faculté de droit, Université McGill

François Crépeau est professeur à l’Université McGill. Il enseigne le droit international public, le droit international des droits de l’homme et le droit international des migrations. Ses recherches portent depuis plus de quarante ans sur le statut juridique et les droits des personnes migrantes. Il fut, entre autres, titulaire de la Chaire Hans & Tamar Oppenheimer en droit international public (2009-2023), Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme des migrants (2011-2017), membre du comité consultatif de l’International Migration Initiative des Open Society Foundations (2017-2021), membre du Comité scientifique de l’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union Européenne (2018-2023), et Président du Thematic Working Group: Migrant Rights and Integrations in Host Communities, KNOMAD – World Bank Group (2018-2023).

« Faciliter » la mobilité humaine
Vers une mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations?

Résumé à venir.

Conférence d’ouverture | Jour 1

Joey Hanna

Chef de bureau
Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)

Joey Hanna est membre du Barreau du Québec et occupe actuellement le poste de chef de bureau du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, à Montréal. Avant de rejoindre le HCR en 2021, Me Hanna exerçait la profession d’avocat à l’aide juridique de Montréal où il représentait des populations vulnérables, notamment des personnes réfugiées et demandeuses d’asile, devant les tribunaux en droit civil, social et familial. En parallèle, Me Hanna partageait son expertise en tant que chargé de cours à l’UQAM et professeur à l’École du Barreau du Québec. Il a enseigné le droit de la famille, le droit des personnes, la procédure civile, ainsi que les aspects pratiques et théoriques de la rédaction, de la négociation et de la consultation juridique.

L’état du déplacement forcé dans le monde

Cette conférence permettra de situer le mandat de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, tant au Québec qu’à l’échelle mondiale. Elle abordera également des informations essentielles sur les crises humanitaires actuelles à travers le monde.

Garine Papazian-Zohrabian

Professeure titulaire
Université de Montréal (UdeM)

Garine Papazian- Zohrabian est professeure titulaire au Département de Psychopédagogie et d’Andragogie de l’Université de Montréal. Elle est Directrice scientifique de l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur les familles réfugiées et demandeuses d’asile (FRQSC). Elle est chercheure régulière du SHERPA (Recherche, Immigration et Société) et psychologue, psychothérapeute, membre de l’Ordre des psychologues du Québec.

Garine Papazian-Zohrabian est née et a fait ses études au Liban. Elle a travaillé avec Médecins Sans Frontières en Arménie où elle a effectué sa recherche pour l’obtention de son Doctorat en psychologie clinique. Sa recherche portait sur les deuils et les traumatismes psychiques de guerre des enfants du Haut-Karabagh. Rentrée au Liban en 1996, elle y a travaillé en tant que psychologue clinicienne. Après 2 ans, elle a entamé une carrière universitaire (enseignement et recherche) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Elle y a aussi dirigé l’Institut libanais d’éducateurs de 2002 à 2010. Elle est installée au Québec depuis juin 2010.

Son expérience clinique, ses recherches, son enseignement et ses publications portent sur le développement de l’enfant, son adaptation et ses apprentissages, les processus migratoires et leur influence sur la santé mentale des jeunes, les  processus normaux et pathologiques des deuils, les traumatismes et leur transmission, leur influence sur l’adaptation de l’enfant et ses apprentissages ainsi que la construction et l’expression identitaire.

Ses principaux projets de recherche financés par le CRSH portent sur le parcours pré, péri et post migratoire des élèves immigrants, réfugiés et demandeurs d’asile, la promotion du bien-être psychologique des élèves en milieu scolaire et visent le développement de nouvelles pratiques ainsi que la production de nouveaux outils pour les milieux éducatifs.

La relation d’aide:  une rencontre interculturelle à la croisée des mémoires collectives et des trajectoires de vie

L’accueil des personnes et des familles réfugiées et en demande d’asile suppose la rencontre avec une population exilée, ayant souvent eu une trajectoire de vie marquée par des conditions d’adversité mais aussi par des expériences de survie et d’adaptation. Soutenir ces familles dans leur expérience post-migratoire et leur donner accès à des services, qu’ils soient communautaires, éducatifs, sociaux ou de santé, amènent les acteurs des divers milieux de pratiques à développer avec elles une relation d’aide. Cette relation est porteuse des cultures et des histoires collectives, familiales et individuelles de tous les protagonistes, tant des personnes nouvellement arrivées dans le pays hôte que les praticiens de la société d’accueil. La conférence porte sur l’influence des mémoires collectives et des trajectoires de vie sur les relations transférentielles caractérisant la relation d’aide en général et celle liant une personne immigrante, réfugiés ou en demande d’asile et l’intervenant de la société d’accueil en particulier.

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