Depuis 2022, les demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s arrivent à Montréal par avion dans des proportions inédites. Durant l’attente de leur audience, qui dure en moyenne deux ans, iels occupent majoritairement les emplois non qualifiés d’industries structurellement basées sur le recours à une main-d’œuvre temporaire et précaire.
Cette zone grise entre travail migrant et politique humanitaire caractérise l’intégration subalterne du Mexique dans l’espace nord-américain ; elle a également un impact sur la santé mentale des demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s et sur leurs stratégies d’intégration. Ainsi, cette proposition de recherche vise à mieux comprendre comment la tension entre ouverture et fermeture de la politique migratoire canadienne influence les trajectoires d’accès à la résidence permanente des demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s.
Dans cette communication, je présenterai les résultats issus de 8 entrevues semi-dirigées menées auprès de demandeur·se·s d’asile mexicain·e·s arrivé·e·s par avion à Montréal en 2022/2023, dans le cadre d’un mémoire de maîtrise en sociologie. L’analyse thématique des données démontre que la politique migratoire canadienne influence les trajectoires des demandeur·euse·s en créant une double injonction à la conformité, entre vulnérabilité et utilitarisme économique : prouver la crédibilité de leur besoin de protection, tout en s’insérant dans le marché de l’emploi formel et francophone. Dans ce contexte, pour les participant·e·s, « faire les choses bien » est une stratégie individuelle permettant de retrouver de l’agentivité, de diminuer l’incertitude liée à leur statut temporaire, et de préserver ainsi leur santé mentale.
Comment les parents demandeurs d’asile perçoivent-ils/elles l’expérience de leurs enfants dans les écoles québécoises, et quelles sont les conséquences de ces vécus d’élèves sur la vie de leurs parents ? L’objectif de cet article est de mettre en évidence certains aspects de ces expériences auxquels les enfants ainsi que les parents demandeurs d’asile sont confrontés au Québec, en explorant les vécus éducatifs des enfants pendant leurs premières années d’installation. Nous examinons les défis rencontrés par les enfants et les parents demandeurs d’asile nouvellement arrivés, alors que leurs enfants luttent pour s’intégrer au système scolaire et à la société canadienne. Les données présentées dans l’étude ont été récoltées dans le cadre d’un projet plus grand portant sur le parcours migratoire et l’intégration des demandeurs et demandeuses d’asile au Québec. Une collecte de données complémentaire a été réalisée auprès d’une quinzaine de familles avec des enfants d’âge scolaire afin de documenter le parcours scolaire de ces derniers dans le système éducatif québécois. En rendant explicites les points de vue de ces élèves et de leurs parents, nous espérons fournir un point de départ, non seulement pour comprendre leurs expériences détaillées, mais également pour élaborer des stratégies, des ressources et des politiques éducatives susceptibles de répondre à l’avenir au mieux aux besoins de ces élèves et de leurs parents au Québec.
Des recherches récentes soulignent les bienfaits des pratiques centrées sur la nature et l’aventure (PCNA) pour la santé et le bien-être des individus, des groupes, et des communautés. Celles-ci suscitent un intérêt croissant chez les chercheur. e. s et les intervenant. e. s, notamment en travail social, où ces pratiques se répandent depuis les dernières années. Cette communication présentera une intervention réalisée à la Maison Bleue de Parc-Extension pendant la pandémie de COVID-19, visant à soutenir le bien-être et la santé des familles par le déploiement de PCNA. L’initiative, via des ateliers hebdomadaires auprès de mères demandeuses d’asile et réfugiées accompagnées de leurs enfants de 0 à 5 ans, a mobilisé l’activité physique au sein d’espaces verts urbains ainsi que l’horticulture et l’intégration de plantes chez soi. Cette démarche a donné lieu à un récit de pratique co-signé par Mireille Malaket et Anne-Marie Bellemare (2023), publié dans la Revue Intervention (no 157). S’appuyant sur les résultats de cet article, la présentation mettra en lumière les potentiels bienfaits en termes de santé et bien-être de cette approche pour les personnes réfugiées et demandeuses d’asile, les défis rencontrés dans sa mise en œuvre et les stratégies adoptées pour les surmonter. Elle représente une opportunité unique de partager ces résultats de la perspective d’une travailleuse sociale, d’une bénévole-intervenante et d’une mère participante. Explorant l’évolution du projet trois années plus tard, la discussion s’ouvrira sur les défis et les opportunités des PCNA auprès des personnes réfugiées et demandeuses d’asile, dans une visée d’amélioration continue des pratiques.
Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.
Depuis quelques années, le nombre de demandeurs d’asile en région ne cesse d’augmenter. Leur Trajectoire et leur statut sont fortement méconnus de la population en général, y compris des professionnels de la santé. Cette méconnaissance des particularités liées aux conditions des demandeurs d’asile constitue un frein à l’information et aux soins de santé générale.
En région, le défi est grand, car les organismes offrant les services et possédant cette expertise d’accompagner les demandeurs d’asile, ne sont pas à proximité.
Depuis quatre ans, nous accompagnons exclusivement les demandeurs d’asile. Ce fut tout un défi d’abord de comprendre ce statut migratoire, bien différent de celui de réfugié. Les membres de l’équipe SIPPE avons d’abord été bouleversés de constater les parcours migratoires et les conditions à leur arrivée. Nous avons toutes voulu apporter une réflexion à savoir comment nous pouvions les accompagner plus adéquatement selon leurs besoins, qui étaient différents des nôtres. Beaucoup de recherche, beaucoup d’apprentissages sur le terrain et le cumul d’expérience ont donné lieu à l’apparition de nouvelles façons d’accompagner, ainsi que de nouvelles pratiques. Des connaissances beaucoup plus élaborées de la demande d’asile nous ont permis la rédaction d’un document facilitant sur le travail auprès des DA, ainsi que la collaboration avec les organismes, écoles, et milieux scolaires, entre autres. Nous considérons ce partage important, compte tenu du nombre de demandeur·euse·s d’asile qui a explosé au cours des dernières années.
La porte d’entrée au système de santé au Québec passe par la première ligne, mais il existe plusieurs barrières rendant l’accès aux soins difficile, particulièrement pour les demandeurs d’asile. L’accès aux services de santé peut être vu comme discriminant en vertu du statut légal des demandeurs d’asile et peu de médecins se sentent outillés pour répondre adéquatement à leurs besoins.
Afin de répondre aux besoins en soins de santé des demandeurs d’asile et d’atténuer les barrières à l’accès aux soins, l’équipe du GMF-U Bordeaux-Cartierville a mis en place un projet novateur, en partenariat avec des organismes de la région, dont le SIPPE et le GAP. Il s’agit d’une clinique interdisciplinaire, impliquant notamment médecins et travailleurs sociaux, qui a deux objectifs interreliés. Elle vise d’abord à assurer la prise en charge en médecine familiale de demandeurs d’asile et ayant des besoins de santé ou de services psychosociaux. La clinique a aussi un objectif pédagogique, soit d’enseigner aux résidents en médecine familiale les particularités des soins de première ligne offerts aux migrants. Les résidents en formation seront à terme davantage outillés à poursuivre la prise en charge de cette clientèle. Un projet de recherche est également en cours étudiant la perspective des résidents face à cette innovation pédagogique.
Les objectifs de la présentation sont :
- Découvrir le projet novateur de clinique des migrants du GMF-U Bordeaux-Cartierville
- Réfléchir à l’impact d’une telle clinique sur la santé des migrants
- Comprendre le projet de recherche en cours sur la perception des résidents en médecine familiale sur leur participation à la clinique
Les personnes réfugiées et en demande d’asile qui s’établissent au Québec font face à une complexité et une précarité grandissantes de leurs trajectoires, en partie à cause du resserrement des options de protection durables dans les pays comme le Canada ainsi qu’à l’augmentation de la violence sur les chemins de l’exil. Le soutien offert par les personnes intervenantes qui les accompagnent au Québec se doit donc de tenir compte de ce contexte et de ses impacts sur la vie des personnes concernées sur les plans locaux, nationaux et transnationaux.
Construit dans une perspective multidisciplinaire (travail social, anthropologie) et intersectorielle (services publics et communautaires), cet atelier s’adresse aux praticien·ne·s, aux chercheur·e·s ainsi qu’à toute personne concernée ou intéressée à échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes.
Plus spécifiquement, il vise à :
- Informer et sensibiliser les personnes participantes aux pratiques d’intervention transnationale à partir d’exemples tirés de projets de recherche et de pratiques d’intervention ;
- Échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes ;
- Dégager collectivement des pistes d’intervention porteuses en matière d’accompagnement (psycho) social dans une perspective transnationale.
Il s’appuie sur les constats issus de deux recherches menées auprès de membres de familles réfugiées transnationales en processus de réunification vers le Québec (Richard, à paraitre) et de jeunes adultes d’immigration récente à Montréal. Toutes deux placent au centre le point de vue des personnes directement concernées en les mettant en dialogue avec celui des intervenant·e·s qui les soutiennent.
Une brève contextualisation de l’intervention transnationale sera d’abord effectuée par les deux co-présentatrices à partir d’exemples de pratiques d’intervention se déployant à la fois à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada. Des exemples tirés de la pratique d’accompagnement de personnes réfugiées et en demande d’asile seront aussi exposés. Les participant·e·s à l’atelier seront ensuite invité·e·s à partager des situations concrètes tirées de leurs expériences vécues et/ou de leurs pratiques d’intervention dans le cadre d’échanges en sous-groupes thématiques « familles » et « jeunes » afin de s’entraider et de faire émerger des pistes d’intervention porteuses.
Des études montrent que les jeunes réfugié·e·s estiment que les services ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins en matière d’éducation, de soutien social et de santé. Ce contexte soulève la nécessité d’approches adaptées. Les enfants qui migrent sans leurs parents (mineurs non accompagnés, MNA) sont particulièrement vulnérables. À Montréal, les MNA reçoivent une prise en charge intersectorielle dont les points de référence sont des travailleurs sociaux du PRAIDA.
Notre recherche examine si et comment cette prise en charge intersectorielle permet d’améliorer les trajectoires de services pour les MNA. Des MNA participent directement au processus de recherche par la mise en place d’un Comité consultatif appelé JAM, « Jeunes ambitieux et motivés ». Notre recherche, toujours en cours, vise des entrevues approfondies avec des MNA (objectif n=20), des gestionnaires, des interprètes, des professionnels de l’éducation et de la santé et services sociaux, offrant des services aux MNA (objectif n=40). Le modèle de la réceptivité des services adaptés aux populations migrantes est utilisé comme cadre d’analyse.
Nous nous intéressons à différentes dimensions de la trajectoire de ces jeunes, notamment l’hébergement et l’accès aux différents services. Nous mettrons enfin la lumière sur le potentiel de cette prise en charge pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA.
Non seulement cette recherche permet d’approfondir des perspectives d’analyse peu ou pas étudiées jusqu’à présent, elle a aussi comme ambition de servir de point de départ au développement d’une communauté de pratiques pour les intervenants de première ligne sur les meilleures pratiques de services pour les MNA.
Plusieurs sous-études réalisées par des étudiants feront l’objet de diverses présentations :
Une première présentation proposera la description et l’appréciation du modèle de prise en charge intersectorielle à Montréal. Une deuxième présentation consistera en une analyse critique du potentiel de ce modèle pour renforcer le pouvoir d’agir des MNA à Montréal. Enfin, la troisième présentation portera sur les impacts des modes d’hébergement sur le bien-être et l’intégration des MNA à Montréal.
La Maison Bleue est un organisme à but non lucratif dont la mission est de réduire les inégalités sociales en intervenant auprès des femmes enceintes en situation de vulnérabilité et leurs familles. Grâce à ses quatre sites d’intervention, La Maison Bleue aide, en une année, plus de 2 000 personnes (mères, enfants et pères) dont 40 % sont demandeurs d’asile. En raison de leur parcours et de leur situation migratoire précaire ainsi que des grands changements de vie associés à la période périnatale, ces personnes sont aux prises avec des problèmes d’anxiété, des difficultés d’adaptation au contexte québécois, vivent de l’isolement et des difficultés d’accès aux services ; cela nécessite donc d’intervenir autrement auprès de ces personnes et de renforcer la création de liens entre elles et un réseau d’entraide. Cette présentation met l’accent sur quatre interventions avec les familles du site de Parc-Extension de La Maison Bleue, où près de 55 % de la clientèle est demandeuse d’asile. Ces quatre interventions, soit un groupe axé sur l’anxiété, deux pratiques centrées sur la nature et l’aventure en milieu urbain et un groupe parents-enfants 0-12 mois visaient à améliorer le bien-être des mères et des pères par la prise de pouvoir sur leur vie, l’échange et la création de liens sociaux, mais surtout de se sentir accompagnés et soutenus dans ces transitions de vie et l’accès aux services.
L’atelier présentera brièvement l’organisation et le portrait de sa clientèle ainsi que les barrières à l’accès aux soins incitant à « intervenir autrement » auprès des demandeurs d’asile. Ensuite, nous présenterons les assises scientifiques des interventions proposées, un bref descriptif de leur mise en œuvre ainsi que les conclusions et résultantes auprès des familles.