Adultes travailleurs

État de connaissance et utilisation des lignes d’aide psychologique par les immigrants musulmans au Québec : étude qualitative

L’accès aux services d’aide psychologique est crucial pour le bien-être des immigrants, dont les réfugiés, qui sont souvent confrontés à des traumatismes et des défis d’immigration et d’adaptation. Cependant, l’utilisation de ces services peut varier en fonction de plusieurs facteurs. Pour explorer l’état de connaissance et l’utilisation des lignes d’aide psychologique et de prévention de suicide par les immigrants et les réfugiés musulmans résidants au Québec, nous avons mené une étude qualitative basée sur des entretiens semi-directifs auprès de 21 immigrants musulmans (parmi eux 8 étaient des réfugiés). Les entretiens ont mis en évidence plusieurs barrières à l’accès et à l’utilisation de ces services, particulièrement observées chez les participants nouveaux arrivants. La barrière linguistique, la stigmatisation de la santé mentale et la méconnaissance des services disponibles se révèlent comme des obstacles majeurs, limitant l’accès à ces services. Les participants, indépendamment de leur statut migratoire et de la durée de résidence au Québec, utilisent moins ces services, soulignant ainsi la persistance de défis communs tels que la stigmatisation liée à la santé mentale et la méfiance envers ces services. Ces résultats mettent en lumière la nécessité de mieux sensibiliser les immigrants et les réfugiés à la disponibilité des services et de voir à des stratégies afin d’améliorer l’acceptabilité de ces services. Il faut agir sur les barrières structurelles et culturelles qui limitent l’utilisation des services d’aide psychologique par cette population vulnérable. 

Accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes demandeuses d’asile : regard de la recherche sur les politiques et pratiques institutionnelles

Au Canada et au Québec, les politiques publiques et les pratiques institutionnelles dictent les conditions qui permettront aux personnes s’établissant sur le territoire l’accès aux services publics. Pour les personnes demandeuses d’asile (DA), une couverture médicale de santé est assurée par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Malgré cela, l’accès aux soins de santé et services sociaux est parsemé de multiples embûches pour les personnes DA.
Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche qualitative menée à Montréal en 2024 auprès de gestionnaires et de professionnels du RSSS, visant à documenter les politiques et les pratiques institutionnelles, qui influencent la trajectoire de soins, et éventuellement de vie, des personnes demandeuses d’asile. Cette communication permettra l’illustrer les principaux facteurs contribuant à l’adoption et au maintien des pratiques institutionnelles qui entravent ou facilitent l’accès aux soins pour les DA, ainsi que de proposer des pistes de solution.

Clinique d’enseignement novatrice de prise en charge des demandeurs d’asile en médecine familiale et perception des résidents en formation

La porte d’entrée au système de santé au Québec passe par la première ligne, mais il existe plusieurs barrières rendant l’accès aux soins difficile, particulièrement pour les demandeurs d’asile. L’accès aux services de santé peut être vu comme discriminant en vertu du statut légal des demandeurs d’asile et peu de médecins se sentent outillés pour répondre adéquatement à leurs besoins.

Afin de répondre aux besoins en soins de santé des demandeurs d’asile et d’atténuer les barrières à l’accès aux soins, l’équipe du GMF-U Bordeaux-Cartierville a mis en place un projet novateur, en partenariat avec des organismes de la région, dont le SIPPE et le GAP. Il s’agit d’une clinique interdisciplinaire, impliquant notamment médecins et travailleurs sociaux, qui a deux objectifs interreliés. Elle vise d’abord à assurer la prise en charge en médecine familiale de demandeurs d’asile et ayant des besoins de santé ou de services psychosociaux. La clinique a aussi un objectif pédagogique, soit d’enseigner aux résidents en médecine familiale les particularités des soins de première ligne offerts aux migrants. Les résidents en formation seront à terme davantage outillés à poursuivre la prise en charge de cette clientèle. Un projet de recherche est également en cours étudiant la perspective des résidents face à cette innovation pédagogique.

Les objectifs de la présentation sont :

  • Découvrir le projet novateur de clinique des migrants du GMF-U Bordeaux-Cartierville
  • Réfléchir à l’impact d’une telle clinique sur la santé des migrants
  • Comprendre le projet de recherche en cours sur la perception des résidents en médecine familiale sur leur participation à la clinique

Trajectoires de vies et d’interventions transnationales : soutenir les personnes en situation de refuge et de demande d’asile à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada

Les personnes réfugiées et en demande d’asile qui s’établissent au Québec font face à une complexité et une précarité grandissantes de leurs trajectoires, en partie à cause du resserrement des options de protection durables dans les pays comme le Canada ainsi qu’à l’augmentation de la violence sur les chemins de l’exil. Le soutien offert par les personnes intervenantes qui les accompagnent au Québec se doit donc de tenir compte de ce contexte et de ses impacts sur la vie des personnes concernées sur les plans locaux, nationaux et transnationaux.

Construit dans une perspective multidisciplinaire (travail social, anthropologie) et intersectorielle (services publics et communautaires), cet atelier s’adresse aux praticien·ne·s, aux chercheur·e·s ainsi qu’à toute personne concernée ou intéressée à échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes.

Plus spécifiquement, il vise à :

  • Informer et sensibiliser les personnes participantes aux pratiques d’intervention transnationale à partir d’exemples tirés de projets de recherche et de pratiques d’intervention ;
  • Échanger autour des défis et des opportunités de la prise en compte des dimensions transnationales en intervention (psycho) sociale et communautaire auprès des personnes en situation de refuge, de demande d’asile et autres trajectoires migratoires complexes ;
  • Dégager collectivement des pistes d’intervention porteuses en matière d’accompagnement (psycho) social dans une perspective transnationale.

Il s’appuie sur les constats issus de deux recherches menées auprès de membres de familles réfugiées transnationales en processus de réunification vers le Québec (Richard, à paraitre) et de jeunes adultes d’immigration récente à Montréal. Toutes deux placent au centre le point de vue des personnes directement concernées en les mettant en dialogue avec celui des intervenant·e·s qui les soutiennent.

Une brève contextualisation de l’intervention transnationale sera d’abord effectuée par les deux co-présentatrices à partir d’exemples de pratiques d’intervention se déployant à la fois à l’échelle locale et au-delà des frontières du Québec et du Canada. Des exemples tirés de la pratique d’accompagnement de personnes réfugiées et en demande d’asile seront aussi exposés. Les participant·e·s à l’atelier seront ensuite invité·e·s à partager des situations concrètes tirées de leurs expériences vécues et/ou de leurs pratiques d’intervention dans le cadre d’échanges en sous-groupes thématiques « familles » et « jeunes » afin de s’entraider et de faire émerger des pistes d’intervention porteuses.

La représentation désignée : pour le droit à un processus décisionnel juste et éclairé des personnes demandeuses d’asile

Grâce à une entente avec la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) offre le service de la représentation désignée depuis plus d’une vingtaine d’années. La représentation désignée consiste à accompagner les personnes demandeuses d’asile les plus vulnérables dans le processus de leur demande d’asile. À partir d’un mandat émis par la CISR, un travailleur social du PRAIDA peut agir à titre de représentant désigné pour les mineurs non accompagnés et des demandeurs d’asile qui ne sont pas en mesure de comprendre la nature de la procédure dans le but de représenter leurs intérêts supérieurs.

Considérant les principes de justice naturelle, la représentation désignée permet la défense des intérêts supérieurs des demandeurs d’asile vulnérables en assurant l’équité au niveau de l’accès à la justice.

Pour ce faire, les représentants désignés doivent soutenir la personne dans la préparation de son dossier en lui trouvant un conseil, en vulgarisant l’information et en élaborant des arguments qui aideront le Tribunal à rendre des décisions équitables et éclairées.

L’objectif de cette présentation est de mettre en lumière ce service unique et fondamental, quoique méconnu, qui s’inscrit à la jonction des domaines du droit et du travail social. Le travailleur social du PRAIDA dans son rôle de représentant désigné joue un rôle de facilitateur en créant, en quelque sorte, une passerelle entre les cadres de référence ethno-socio-culturels de la personne représentée, son conseil et le système de demande d’asile du Canada.

Élaborer des outils destinés aux personnes réfugiées et en demande d’asile : réussites et défis de Carnets de route

Carnets de route est un projet destiné aux personnes réfugiées et en demande d’asile ainsi qu’aux intervenant·e·s et autres professionnel·le·s qui les accompagnent, fournissant des informations qui visent à faciliter le processus d’installation. Les outils seront disponibles à partir de mars 2024.

Nous proposons un atelier en trois parties :

La première partie présentera cinq cas fictifs, à partir desquels nous naviguerons dans les différents formats et profils de Carnets de route. Il s’agira d’une manière interactive et concrète pour le public de se familiariser avec l’outil.

La deuxième partie se concentrera sur les processus de collaboration qui ont été mis en place au sein du projet. Une personne elle-même réfugiée ou en demande d’asile partagera son implication au sein de Carnets de route, ainsi qu’une ou deux autres personnes du terrain provenant d’autres secteurs, par exemple du PRAIDA. Nous détaillerons également notre collaboration avec le comité des intervenant·e·s et chercheuse·eur·s, ainsi qu’avec des expert·e·s du terrain.

La troisième partie de l’atelier sera axée sur ces défis posés par l’élaboration d’outils tels que Carnets de route :

  • La mise à jour de contenus complexes dans un contexte de désinformation et de changements rapides ;
  • La complémentarité entre les différents outils existants ;
  • L’arrimage entre l’information officielle et la réalité pratique ;
  • L’utilisation de ces outils dans la trajectoire de soins.

Les participant·e·s seront appelé·e·s à se prononcer sur ces questions dans une modalité interactive. L’activité terminera avec un retour en grand groupe sur les solutions proposées.

À la croisée des chemins : Point de transition dans la trajectoire des intervenants et des demandeurs d’asile

L’accueil psychosocial et l’hébergement du PRAIDA sont des milieux d’intervention uniques et complexes. Ces équipes doivent composer avec de nombreux défis, tant individuels que systémiques : la barrière de la langue, le contexte interculturel, l’incertitude face à l’avenir, les conditions de vie précaires, la difficulté d’accès aux services ou encore la méconnaissance du fonctionnement des institutions. Ces défis, pour n’en nommer que quelques-uns, font partie de la réalité du processus d’inclusion des demandeurs d’asile. Ces complexités multiples demandent une adaptation continue, autant pour les demandeurs d’asile que pour les intervenants.

Les parcours socioprofessionnels et les trajectoires de soins des personnes issues de l’immigration dans la région de Québec

Dans les premières années suivant l’arrivée, il peut être complexe pour les personnes immigrantes de se repérer et de s’orienter dans la société d’accueil, particulièrement en ce qui a trait à l’accessibilité aux différents services. Les pratiques socioprofessionnelles d’accompagnement et de soutien, ainsi que les trajectoires de soins au sein du réseau de la santé et des services sociaux sont particulièrement concernées. L’invisibilité liée à certains statuts migratoires expose ces personnes à de multiples enjeux de précarité d’emploi. D’autre part, les trajectoires de soins ne répondent pas toujours à leurs besoins. En ce sens, ce symposium exposera trois communications découlant de projets de recherche interdisciplinaires et en partenariat réalisés par des membres de l’Équipe en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec (ÉDIQ). La première communication portera un regard sur la précarisation du parcours socioprofessionnel des demandeurs d’asile. La deuxième sur les difficultés vécues par les personnes immigrantes à statut précaire dans l’accès aux soins de santé et de services sociaux. La dernière vise à présenter les pratiques innovatrices en interculturel mises en place par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSSCN). Le regard sera porté sur les retombées liées aux compétences culturelles qui suivent la mise en place d’une équipe d’intervenants pivots en interculturel (IPI). Enfin, quelques pistes de solution seront évoquées en vue de proposer une meilleure réponse sociale face aux réalités des personnes immigrantes dans la région de Québec.

La concertation pour aborder les vulnérabilités des personnes demandant l’asile : cas d’Ahuntsic-Cartierville

Le CALDA — Comité d’accueil local des personnes demandant l’asile, soutient des organismes d’Ahuntsic-Bordeaux-Cartierville depuis maintenant plus d’un an dans leur offre de services aux personnes demandant l’asile.

Cette concertation a dû s’organiser rapidement face au sentiment d’urgence à la fois pour répondre aux mieux aux besoins de cette population croissante sur les deux territoires, mais aussi pour avoir une vue d’ensemble des enjeux et favoriser l’entraide entre les organismes. Ceux-ci se sont mobilisés et ont opté pour la concertation, une manière de réfléchir ensemble sur les pistes de solutions communes ; le but étant de faciliter le travail des intervenants pour qu’ils puissent mieux accompagner les personnes en situation de demande d’asile.

Cette réponse apportée dans l’urgence est aujourd’hui dans une démarche de consolidation. En effet, l’historique des deux quartiers aussi bien que leurs particularités, ainsi que les défis actuels liés à l’accueil et l’accompagnement des personnes demandant l’asile imposent au CALDA de prendre des mesures assurant la pérennisation de ses initiatives. Ahuntsic-Cartierville compte parmi les arrondissements avec le plus fort taux de population immigrante dans la région de Montréal.

Cet appel à communication est donc une belle occasion pour notre concertation de partager ses acquis et de contribuer aux initiatives visant à améliorer les trajectoires de vie de ces personnes et des services qui leur sont destinés.

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